jeudi 17 octobre 2019

Les étudiants d'Iran se mobilisent pour revendiquer leurs droits


manifestatuns étudiants universités iran Les étudiants iraniens ont organisé cinq manifestations dans diverses universités, dont celle de Téhéran, pour protester contre les poursuites engagées contre des militants étudiants et contre les frais de scolarité élevés.

Université de Téhéran
Des étudiants de l'université de Téhéran ont défilé, mercredi 16 octobre, sur le campus, brandissant des photos de militants étudiants détenus et chantant pour leur libération.
Les étudiants iraniens se sont moqués de Rohani en brandissant une pancarte indiquant « Le goût de la justice douce, c’est 100 ans de prison pour les étudiants ».
Ils ont également brandi des pancartes pour protester contre les frais de scolarité élevés et demandé la fin des poursuites judiciaires contre les militants étudiants.
Dans des vidéos diffusées sur les médias sociaux, des étudiants de l’université de Téhéran, qui étaient pour la plupart des filles, scandaient « Les étudiants et les travailleurs sont solidaires ». Ils ont également réclamé la libération des travailleurs et des enseignants détenus.
Université des sciences et de la technologie de Téhéran
Les étudiants de l’Université des sciences et de la technologie de Téhéran se sont également réunis mercredi 16 octobre pour protester contre l’empoisonnement alimentaire des étudiants par la cafétéria de l’université.
Selon l’agence de presse officielle ISNA, plus de 200 étudiants ont été empoisonnés.
Les étudiants ont refusé de déjeuner et ils ont rangé leurs assiettes par terre en signe de protestation. Ils ont demandé des excuses au directeur de l'université.
Mercredi soir, certains des étudiants empoisonnés ont été emmenés à l'hôpital.
Université internationale Khomeiny
Selon le Conseil des étudiants iraniens, un groupe d’étudiants de l’Université internationale de Khomeiny, dans la province de Qazvin, dans le nord-ouest du pays, s’est réuni hier pour protester contre la ségrégation sexuelle à la cafétéria de l’université. Des informations indiquent que les étudiants iraniens soulignent que les universités ne sont pas des bases militaires et ont promis de ne pas rester silencieux.
Université de technologie Quchan
Le 14 octobre, des étudiants de l'Université de technologie de Qouchan, près de la ville de Mashhad, dans le nord-est du pays, se sont rassemblés pour protester contre les frais de scolarité élevés et autres politiques de l'université.
Selon ISNA, les étudiants se sont rassemblés devant l’Organisation centrale de l’université.
Selon des informations, le directeur de l'université s’est adressé aux étudiants iraniens, leur promettant d’examiner leurs demandes.
Université de technologie Amir Kabir de Téhéran
Le 13 octobre, un grand nombre d’étudiants de l’Université de technologie Amir Kabir de Téhéran se sont rassemblés pour protester contre les frais de scolarité élevés.
Les étudiants se sont adressés aux responsables de l'université et ont scandé des slogans contre les frais de scolarité élevés et les excuses avancées par l'université pour faire payer les étudiants.
Histoire du mouvement étudiant iranien
Le mouvement étudiant a toujours joué un rôle important dans l’arène politique iranienne.
En 1941, avec l'abdication de Reza Shah et l'occupation de l'Iran par les forces alliées, l'université de Téhéran devint un élément clé dans les campagnes contre l'autoritarisme et l'ingérence étrangère.
Le mouvement étudiant a poursuivi son militantisme jusqu’à ce que trois étudiants soient abattus par les troupes du chah le 7 décembre 1953, lors d’une manifestation anti-chah à l’université de Téhéran, en signe de protestation contre la visite à l’époque du vice-président américain Richard Nixon .
À la mémoire des trois étudiants assassinés ce jour-là, le 16 Azar (7 décembre) est connu depuis sous le nom de Journée des Etudiants.
La célébration annuelle de la journée étudiante a été réprimée sous le chah.
Après la révolution de 1979 qui permis aux mollahs d’accéder au pouvoir, le pouvoir a utilisé la Journée étudiante comme une expression de la désapprobation de la nation à l’égard de la politique américaine.
Mais cela s'est rapidement transformé en menace contre le gouvernement.
Le gouvernement de Khatami
C’est pendant la présidence de Mohammad Khatami que se sont déroulées les manifestations étudiantes iraniennes de juillet 1999, qui étaient à l’époque les manifestations publiques les plus répandues et les plus violentes qui se soient déroulées en Iran depuis les premières années de la révolution iranienne.
Les manifestations étudiantes de 1999 sont considérées comme le premier soulèvement massif de la génération née sous la République islamique d’Iran. La protestation est née de l’attaque violente du gouvernement contre le dortoir étudiant de l’Université de Téhéran, appelé « Koye Daneshgah », le 9 juillet, au cours de laquelle un grand nombre d’étudiants ont été grièvement blessés et plusieurs ont été tués.
Au cours des cinq jours qui ont suivi l'attaque, environ 50 000 étudiants ont manifesté à Téhéran, en plus de plusieurs milliers dans d'autres universités iraniennes, contre les conservateurs et les réformistes, ainsi que contre le Guide suprême Khamenei.
Scènes d’affrontements entre étudiants et les forces de sécurité lors du soulèvement d’étudiants de 1999.
Le président Mohammad Khatami, qui avait été élu deux ans auparavant sous une bannière dite réformiste, est réputé pour avoir mis fin au soulèvement qui réclamait le remplacement de la République islamique dans son ensemble par un système soutenant les idéaux de la démocratie laïque.
Au lendemain des manifestations, plus de 70 étudiants ont disparu. En plus des 1 200 détenus, le sort et la situation de cinq étudiants sont restés inconnus.
La période d’Ahmadinejad
Mahmoud Ahmadinejad est arrivé au pouvoir en 2005. Suivant une ligne dure religieuse, le maire peu connu de Téhéran a réprimé le mouvement étudiant qui était à l'avant-garde de la lutte pour la liberté et la démocratie.
En 2006, le gouvernement d’Ahmadinejad a appliqué un quota de 50 % pour les étudiants et de 50 % pour les femmes à l’examen d’entrée à l’université pour la médecine, la dentisterie et la pharmacie. Ce plan était censé mettre un terme à la présence croissante d'étudiantes dans les universités.
De nombreux étudiants étaient aussi « étoilés » pour leurs activités politiques et interdits de poursuivre leurs études, ce qui a déclenché l'incendie du soulèvement imminent de 2009 lorsque des millions de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre ce qu'elles considéraient comme une élection présidentielle frauduleuse qui a porté Ahmadinejad au pouvoir pour encore quatre ans. Des millions de personnes se sont rassemblées place Azadi à Téhéran lors du soulèvement de 2009 en Iran.
Une fois encore, les étudiants ont joué un rôle de premier plan dans le soulèvement de 2009, en particulier dans la capitale. De nombreux étudiants ont été tués lors de manifestations dans les rues, tandis que beaucoup d'autres ont été arrêtés et tués sous la torture en prison, notamment dans le tristement célèbre centre de détention de Kahrizak.
Le mandat de Rohani et la « fin du jeu »
Après le soulèvement de 2009, les étudiants sont entrés dans une nouvelle phase d'animosité avec l'ensemble du système. Les étudiants manifestent maintenant en solidarité avec les grèves ouvrières et celles des enseignants, des infirmières, des chauffeurs routiers, des marchands de bazar et des agriculteurs frappés par la pauvreté.
Au cours des manifestations qui ont secoué l'Iran en janvier, les étudiants ont été les premiers à tracer une ligne de démarcation entre le peuple et le régime en scandant : « Réformistes, conservateurs, le jeu est terminé ».
Le chant est devenu le slogan de ce que beaucoup considèrent comme le but ultime du régime, car il indique que le peuple a abandonné tout le système de la République islamique d’Iran après près de 40 ans de pauvreté et de répression.
Source : Iran News Wire

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