mardi 22 octobre 2019

"Je ferai de mon corps une arme", écrit une militante iranienne


Atefeh Rangriz prisonnière droits femmes iranCSDHI - La militante emprisonnée des droits des femmes, Atefeh Rangriz, est en grève de la faim à la prison de Qarchak, au sud de Téhéran, depuis le 16 octobre 2019, et menace d'utiliser son corps comme une arme.

Elle proteste contre le blocage de sa libération par le ministère du Renseignement, a déclaré une source connaissant bien son dossier au Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI).
Dans sa lettre ouverte publiée par les médias persans le 16 octobre, Atefeh Rangriz a déclaré qu'elle utiliserait son corps pour protester contre son incarcération bien qu'elle ait payé sa caution.
« Je transformerai mon corps en une arme contre toutes ces injustices et je lancerai une grève de la faim pour protester contre le refus illégal des autorités d’appliquer cinq ordonnances de mise en liberté sous caution et d’appliquer des peines injustes », a-t-elle déclaré dans sa lettre traduite par le CDHI.
« Je suis bien consciente que ma vie ne mérite pas d'être protégée par ceux qui la traitent comme une plaisanterie », a-t-elle ajouté. « Je vais supporter cette souffrance pour briser le mur du silence qui représente la mort silencieuse de la société civile et de nos appels à la justice. »
« Je conclurai avec les paroles qui ont résonné tout au long de notre histoire opprimée : la liberté ou la mort », a écrit Rangriz.
Une source qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité a déclaré au CDHI que le ministère du Renseignement bloquait la libération de Rangriz pour envoyer un message à d’autres militants :
« Atefeh et la militante des droits des travailleurs, Neda Naji, ont été arrêtées dans la station de métro Baharestan après le rassemblement de la Fête du Travail, à Téhéran le 1er mai 2019. Plus tard, Atefeh a été libérée sous caution et tout était prêt, mais ils ne l’ont pas libérée. Au lieu de cela, elle a été transférée dans la section 209 de la prison d’Evine, à la demande du ministère du renseignement, et on lui a annoncé qu’elle allait être libérée dans trois ou quatre jours, puis elle a été ramenée à la prison de Gharchak. »
La source a ajouté : « Atefeh et Neda sont des militantes des droits des femmes. Leur présence au rassemblement organisé à l'occasion de la fête du travail en solidarité avec les travailleurs a dérangé le ministère du renseignement. Les autres détenus ont tous été libérés le même jour, mais ils ont gardé Neda, Atefeh et Marzieh Amiri, militante et journaliste pour les droits des femmes. C’est comme s’ils voulaient les punir afin d’intimider d’autres militants. »
Atefeh Rangriz, 31 ans, est une étudiante diplômée en sociologie. Elle attend une décision concernant son appel contre une peine de 11,5 années de prison prononcée à son encontre en août 2019 par la 28e chambre du tribunal révolutionnaire présidé par le juge Mohammad Moghisseh, sur des accusations de « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale » et « trouble à l'ordre public. »
Elle a également été condamnée à être fouettée 74 fois, mais on ignore si la flagellation, décrite comme une torture par les Nations Unies, aura lieu.
« Neda Naji et d'autres prisonnières politiques ont été transférées de Qarchak à Evine, à l'exception de Rangriz et Sepideh Qoliyan », a déclaré la source au CDHI. « Il semble qu'ils s’amusent avec elle. Le procureur et le responsable judiciaire à Gharchak continuent de dire qu'ils ont approuvé son transfert, mais nous ne savons pas pourquoi ils ne le font pas. »
Atefeh Rangriz, dans sa lettre ouverte, notait qu'à l'origine, on lui avait ordonné de verser 30 millions de tomans (environ 6 300 €) à titre de caution,et qu’elle devait être libérée jusqu'à l'issue de son appel.
Par la suite, le tribunal a augmenté sa caution à 50 millions de tomans (environ 10.400 €), puis à 70 millions de tomans (14.900 €). Même après que sa famille ait versé le montant, elle n'a toujours pas été libérée sous caution.
« Ma famille a cherché de l'argent par tous les moyens possibles et a finalement rassemblé la somme de la lourde caution, mais une fois encore, dans le cadre d’une action totalement illégale, le dépôt de la caution a été refusé », a-t-elle écrit.
Selon une source du CDHI, la mère de Rangriz aurait fait plusieurs voyages à la prison de Gharchak pour proposer des actes immobiliers afin de payer la caution, mais elle a été refusée à plusieurs reprises.
Source : Le Centre pour les droits de l’homme en Iran

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