vendredi 17 décembre 2021

479 ans de prison et 907 coups de fouet pour les défenseurs des droits humains en Iran

 CSDHI – En 2021, les autorités de la République islamique ont poursuivi la répression des défenseurs des droits humains (DDH) avec une plus grande intensité. IHR fournit un bref compte rendu de plus de 100 défenseurs des droits humains en Iran. Si cette liste peut sembler longue, elle ne représente qu’une petite part des défenseurs des droits humains qui ont subi des violations de leurs droits. Ces défenseurs ont lutté par des moyens pacifiques pour obtenir les droits humains les plus fondamentaux pour eux-mêmes et pour le peuple iranien. En réponse, ils ont été condamnés à un total de 479 ans d’emprisonnement et 907 coups de fouet.

En publiant cet article, Iran Human Rights attire l’attention de la communauté internationale sur la situation des défenseurs des droits humains en Iran.

Le directeur d’IHR, Mahmood Amiry-Moghaddam, a déclaré : « Le monde ne doit pas être le témoin silencieux du prix élevé que les défenseurs des droits de l’homme iraniens paient pour leurs droits fondamentaux. La communauté internationale doit non seulement défendre les défenseurs des droits humains contre les atrocités, mais aussi soutenir leur cause qui consiste à rechercher une vie digne pour tous les Iraniens. »

Lire le rapport complet (pdf)

Les arrestations arbitraires et la privation du droit à un avocat, à une procédure régulière et à un procès équitable, les peines d’emprisonnement et les châtiments dégradants comme la flagellation s’accompagnent d’un isolement prolongé, du refus de soins médicaux, de châtiments familiaux et d’autres formes de torture physique et psychologique, ainsi que d’un exil carcéral qui fait que les familles des défenseurs ont le moins possible accès à eux. De lourdes amendes et des cautions élevées, l’interdiction d’exercer leur profession ou la perte de leur emploi, l’exil post-sentenciel et de nouvelles accusations fabriquées de toutes pièces, sont utilisés comme moyen de pression supplémentaire sur les défenseurs des droits humains.

Le nombre de défenseurs des droits humains inclus dans le rapport 2021 est le double de celui de l’année dernière. Cela s’explique en partie par le mouvement pour la justice et la responsabilité qui a débuté dans les années 1980. Ce mouvement s’est rapidement développé après la répression sanglante des manifestations nationales de novembre 2019 et l’abattage du vol PS752 par les pasdarans (IRGC). Les autorités ont fait des tentatives rigoureuses pour faire taire les familles par le biais d’approches plus douces consistant à offrir la diya (prix du sang) et le statut de martyr pour les victimes, jusqu’aux menaces et à l’intimidation. Toutefois, aucune n’a réussi. Maryam Akbari-Monfared, mère de trois enfants, a passé 12 ans derrière les barreaux sans un seul jour de permission. En effet, elle cherchait à obtenir justice pour ses quatre frères et sœurs tués dans les années 1980. Gohar Eshghi, 75 ans, une mère qui porte le deuil en noir depuis que son fils, le blogueur Sattar Beheshti, a été tué sous la torture par la cyberpolice en 2012, a fait l’objet de menaces et de harcèlement en représailles pour avoir demandé justice au fil des ans. Quelques jours avant la publication de cet article, elle a été attaquée par des inconnus qui seraient des membres des forces de sécurité. Manouchehr Bakhtiyari purge une peine de trois ans et demi pour avoir demandé justice pour son fils de 27 ans, Pouya Bakhtiari, qui a reçu une balle dans la tête lors des manifestations nationales de novembre 2019.

Les défenseurs des droits humains dont le profil est dressé dans cet article sont des avocats, des journalistes, des enseignants, des militants des droits des femmes, des travailleurs et des droits civils, des écologistes, des minorités et des lanceurs d’alerte. Derrière les barreaux pour des délits financiers, Shahin Naseri est devenu un témoin franc de la torture en détention du manifestant et lutteur, Navid Afkari. Pleinement conscient des conséquences de ses actes, il a refusé de se taire jusqu’à ce qu’il soit transféré en isolement le jour de l’anniversaire de l’exécution de Navid. Son corps sans vie a été transféré à l’infirmerie quelques jours plus tard. Déjà derrière les barreaux pour avoir dénoncé la corruption du gouvernement, le compagnon de cellule de Shahin, Farhad Salmanpour, a pris le relais. Il est devenu le témoin juste de sa mort. Le 1er décembre, on a appris que Farhad se trouvait à l’infirmerie de la prison après avoir été poignardé. Dans ce cycle d’injustice, la vie de Farhad est en danger.

Le mouvement pour la justice comprend aussi maintenant les avocats de la défense qui purgent leur peine derrière les barreaux avec leurs clients et ceux qui ont demandé justice pour la mauvaise gestion de la pandémie de COVID-19 par le gouvernement.

Si ce rapport est une représentation partielle de tous les défenseurs des droits humains en Iran, il est aussi une fenêtre sur la répression systématique des droits humains et sur ceux qui cherchent à y parvenir. Nous espérons que ce rapport apportera un nouvel éclairage sur la détérioration de l’état des droits de l’homme en Iran, qu’il offrira des informations précises aux chercheurs et aux journalistes. Nous espérons que cela aidera les défenseurs des droits de l’homme et les citoyens concernés du monde entier à éduquer et à informer sur le courage des Iraniens ordinaires, qui cherchent à améliorer la vie des autres, à leurs propres risques.

À travers cette publication, Iran Human Rights appelle la communauté internationale et tous les États ayant des relations diplomatiques avec l’Iran à exiger la libération immédiate de tous les défenseurs des droits humains emprisonnés. Nous appelons également la société civile et les membres du public du monde entier à lire leurs histoires, à apprendre leurs noms et à se joindre à nous non seulement pour demander leur liberté et celle de tous les défenseurs des droits humains, mais aussi pour amplifier leurs voix afin de réclamer les droits fondamentaux de tous les Iraniens.

Source : IHR

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