mardi 19 juillet 2022

Avec la condamnation de Hamid Noury, il est temps de demander des comptes à l’ensemble du régime génocidaire iranien

 Le jeudi 14 juillet, un tribunal suédois a condamné Hamid Noury à la prison à vie pour son rôle dans le massacre, en 1988, de plus de 30 000 prisonniers politiques, pour la plupart membres de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI).

Noury était fonctionnaire de la prison de Gohardacht à Karaj, à l’ouest de Téhéran. Au cours de son procès, des survivants du massacre de 1988 ont raconté des récits poignants de ce qu’ils ont vu dans les cachots du régime, en particulier pendant ces jours sombres de 1988.

La condamnation de Noury a réjoui des dizaines de milliers d’Iraniens, qui souffrent depuis quarante ans de la crise de l’impunité en Iran, qui a permis aux responsables du régime de poursuivre leurs violations des Droits de l’Homme et d’être récompensés au lieu d’être tenus pour responsables.

Mais la condamnation de Noury est, en effet, une nouvelle amère pour le régime et ses responsables. Nasser Kanani, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, a protesté contre la condamnation de Noury. « M. Noury a passé 30 mois à l’isolement et est privé d’une attention médicale appropriée. En conséquence, il n’a même pas pu lire la décision du tribunal », a affirmé de manière flagrante Kanani le 14 juillet, cité par le quotidien officiel Hamshahrionline.

Ce n’est pas la première fois que les autorités du détenteur du record mondial de pendaisons par habitant se plaignent de la violation des « Droits de l’Homme » de Noury !

Kanani a évité de parler du massacre de 1988 et de la façon dont une fatwa du Guide Suprême du régime de l’époque a permis aux « commissions de la mort » de sceller le sort de dizaines de milliers de personnes en quelques minutes après des années d’emprisonnement et de torture, et alors qu’elles étaient privées d’avocat.

Pourtant, Noury a bénéficié d’un procès équitable, n’a pas été torturé et a passé des heures au tribunal à ressasser les allégations du régime contre l’opposition et à défendre des criminels comme Khomeini et l’actuel président du régime, Ebrahim Raïssi, qui était membre de la commission de la mort de Téhéran en 1988.

Ce dernier point a été souligné par M. Kenneth Lewis, qui a représenté des dizaines de membres et de partisans de l’OMPI pendant le procès de Noury, lors d’un rassemblement organisé par les partisans de la Résistance iranienne à Stockholm samedi.

« Contrairement à Noury, qui a eu deux avocats pendant les 92 jours de procès, les victimes n’ont pas eu d’avocats, et leurs procès n’ont duré que quelques minutes avant qu’ils ne soient envoyés à la mort », a déclaré M. Lewis.

Par ailleurs, le régime des mollahs parle de Droits de l’Homme, alors que depuis que Raïssi est devenu son président, le nombre d’exécutions a augmenté de façon spectaculaire.

Entre le 6 et le 13 juillet, Téhéran a pendu 25 prisonniers. Selon des sources indépendantes, telles que Iran Human Rights Monitor (Iran HRM), au moins 193 prisonniers ont été exécutés en Iran depuis le début de l’année 2022 jusqu’en juin.

Le nombre croissant de pendaisons en Iran est suivi d’autres traitements cruels, tels que la coupe de mains et l’amputation de membres, les arrestations arbitraires, les coups de fouet publics et l’agression de femmes dans la rue sous prétexte de promouvoir la vertu et de prévenir le vice.

Ce qui encourage les responsables du régime à parler ouvertement des Droits de l’Homme et à menacer les puissances occidentales, c’est la faiblesse de l’approche de ces dernières à l’égard du régime, ce qui crée la crise de l’impunité en Iran.

Lorsque Raïssi est devenu le président du régime en juin 2022, Amnesty International l’a décrit comme un « sinistre rappel que l’impunité règne en maître en Iran. »

Dans une lettre publiée en septembre 2020, sept experts de l’ONU ont souligné que l’inaction des organes de l’ONU concernant le massacre de 1988 a « eu un effet dévastateur sur les survivants et les familles » et « enhardi » les autorités iraniennes à « dissimuler le sort des victimes et à maintenir une stratégie de déviation et de déni. »

L’arrestation, le procès et la condamnation de Noury, qui ont eu lieu dans le cadre de la « compétence universelle« , peuvent créer un précédent et permettre à d’autres pays occidentaux de demander des comptes aux responsables iraniens impliqués dans des massacres.

Comme Amnesty International l’a souligné le 15 juillet, la décision de justice rendue jeudi « envoie un message sans équivoque, et attendu depuis longtemps, aux autorités iraniennes : les responsables de crimes contre l’humanité en Iran n’échapperont pas à la justice« .

« Cette décision critique doit servir de signal d’alarme à la communauté internationale pour qu’elle s’attaque à la crise de l’impunité qui prévaut en Iran« , a ajouté Amnesty.

En outre, le Rapporteur spécial sur la situation des Droits de l’Homme en Iran, Javaid Rehman, a exhorté les autres États « à mener des enquêtes et des poursuites similaires sur les graves violations des Droits de l’Homme en Iran en utilisant les principes de la compétence universelle. » Michelle Bachelet, Haut-commissaire des Nations unies aux Droits de l’Homme, a exhorté les autres pays à « utiliser la compétence universelle pour combler le fossé en matière de responsabilité pour les crimes graves et garantir la vérité et la justice. »

La balle est maintenant dans le camp des puissances occidentales. Le temps est venu pour les Occidentaux de respecter pleinement les valeurs des Droits de l’Homme qu’ils chérissent et de demander des comptes au régime génocidaire de l’Iran.

Comme l’a souligné jeudi Mme Maryam Radjavi, chef de l’opposition iranienne, la condamnation de Noury est un « premier pas sur le chemin de la pleine justice » et « qu’il est plus que jamais impératif de poursuivre [le Guide Suprême du régime, Ali] Khamenei et Raïssi.« 

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