vendredi 13 janvier 2023

« J’aimerais que tout cela ne soit qu’un rêve » : Mohammad Boroughani dans le couloir de la mort

– J’aimerais que tout ce qui se passe soit un rêve, cela m’a épuisé. C’est ce que Mohammad Boroughani, 19 ans, a dit à ses compagnons de cellule avant d’être transféré à la prison d’Evine. Né le 20 mars 2004, Mohammad Boroughani est un habitant de Pakdasht à Karaj. Le pouvoir judiciaire iranien l’a condamné à mort après son arrestation lors des rassemblements d’octobre 2022. Son père, Hussein Boroughani, déclare : « Je suis ouvrier. Mon fils travaille pour une entreprise de sous-traitance depuis deux ans. Il savait comment réparer des chaussures depuis des années « .

La peine de mort a été prononcée à l’encontre de Mohammad Boroughani alors qu’il n’a pas eu le droit de choisir un avocat. Son procès s’est déroulé en toute hâte, en deux ou trois audiences. C’est lors de son tout premier procès qu’il a été condamné à la peine de mort. Cette condamnation a ensuite été approuvée par la Cour suprême le mois suivant.

Accusations au tribunal

Lors de la première audience, le samedi 29 octobre 2022, il a été accusé de Moharebeh (guerre contre Dieu). Le juge Salavati présidait la branche 15 du tribunal de Téhéran. Le tribunal a déclaré Mohammad Boroughani coupable d’avoir utilisé une arme blanche contre les forces de l’État. Il est également accusé d’avoir affronté les forces de sécurité et d’avoir mis le feu au bâtiment du gouvernorat de Pakdasht.

Le lundi 2 janvier 2023, les médias sociaux ont indiqué que la condamnation à mort de Mohammad Boroughani avait été annulée. La peine de mort avait été changée en « un an d’emprisonnement et 74 coups de fouet ». Le même jour, le pouvoir judiciaire iranien a annoncé que la condamnation à mort de Mohammad Boroughani avait été confirmée par la Cour suprême le 5 décembre 2022.

Le 16 novembre 2022, le tribunal révolutionnaire a prononcé une peine de mort préliminaire pour quatre manifestants détenus. L’annonce du tribunal prévoyait la mort de Mohammad Boroughani, accusé d’avoir utilisé une arme blanche et d’avoir mené une attaque armée. Il a déclaré que Mohammad Boroughani avait intentionnellement poignardé un agent de sécurité dans le but de le tuer. Il a été accusé d’avoir provoqué l’insécurité des citoyens et de les avoir terrorisés. Il a également été condamné à mort pour avoir mis le feu à l’hôtel de ville de Pakdasht et détruit ses biens.

Comme d’autres condamnés à mort, Mohammad Boroughani n’avait pas commis de crime de Moharebeh. Il a été privé d’avocat et ses déclarations au tribunal ont été faites à la suite de graves tortures. De nombreux doutes planent sur cette affaire, et il semble que la condamnation à mort de manifestants détenus vise à susciter la peur.

Mohammad Boroughani est détenu dans le quartier 10 du hall 31 de la prison de Rajaï Chahr, près de Karaj. Il est détenu sans séparation des crimes et côtoie de dangereux criminels accusés de meurtre, de viol et d’attaques à l’acide.

Mohammad Boroughani, coupable d’avoir dirigé une manifestation

Le centre médiatique judiciaire iranien a affirmé qu' »il y avait une conversation Instagram sur le téléphone portable de Mohammad Boroughani dans laquelle il disait à un ami de participer aux rassemblements. Son ami lui répond qu’il n’a qu’un seul Qama (poignard) ».

La justice affirme que les images obtenues à partir de son téléphone portable montrent que Mohammad Boroughani était un leader de la protestation.

La justice l’a décrit comme un « leader de protestation » pour avoir « incité les habitants à participer aux émeutes. En leur demandant de fabriquer des grenades à main comme pour le Chaharshanbe Suri (festival du feu,) et en se présentant au bâtiment du gouverneur. Dans une Story Instagram, il annonce le lieu et l’heure fixée pour le rassemblement. Après s’être rejoints et avoir attaqué les officiers, ils se sont filmés. »

Seyed Sadegh Keshani, un avocat judiciaire, a écrit en quoi la condamnation à mort de Mohammad Boroughani est injuste. Il a déclaré : « Apparemment, les principaux documents qui ont conduit à la condamnation à mort proviennent du propre téléphone de l’accusé. En particulier la vidéo qu’il prend lui-même lorsqu’il attaque l’individu. Ce fait montre que le défendeur n’est pas professionnel et qu’il est une personne normale. Le film ne montre pas que le coup de couteau était destiné à « tuer ». Par conséquent, il n’y a aucune base pour condamner Moharebeh. »

Dans la vidéo utilisée comme preuve contre Mohammad Boroughani, on voit un officier s’enfuir. Sa tête est légèrement blessée, et on lui a pris sa matraque. Les jeunes crient « Ne vous montrez pas ici !

Mohammad Boroughani a été accusé de port de poignard, mais même la justice affirme qu’il n’a pas été utilisé. Le film montre que l’officier est en pleine santé. Il n’avait que de légères égratignures et était en fuite. L’accusation portait simplement sur le port d’une arme blanche.

Selon un autre clip posté sur Instagram, le prévenu a invité ses amis à un rassemblement sur la place Shobe (branche). Celle-ci se trouve à plus d’un kilomètre du bureau du gouverneur de Pakdasht. Cela prouve que le prévenu n’était pas impliqué dans le crime de Moharebeh.

Le dimanche 8 janvier 2023, Mohammad Boroughani a été transféré en isolement dans la prison de Gohardasht, conformément à la procédure iranienne d’exécution de la peine de mort.

Immédiatement après la diffusion de la nouvelle sur Internet, aux premières heures du lundi 9 janvier 2023, des personnes se sont rassemblées devant la prison de Gohardasht. Ils ont scandé des slogans antigouvernementaux demandant l’abolition des condamnations à mort de Mohammad Boroughani et Mohammad Ghobadlou.

Le pouvoir judiciaire iranien a été contraint de renoncer à l’exécution de ces deux personnes après une forte affluence devant la prison de Rajaï Chahr. Cependant, en réaction aux personnes rassemblées, le pouvoir judiciaire iranien a affirmé qu’il n’avait aucune intention d’exécution.

Le 11 janvier 2023, la cour suprême iranienne a annoncé un moratoire sur la peine de mort prononcée à l’encontre de Mohammad Boroughani, déclarant que le cas de ce manifestant de 19 ans ferait l’objet d’une nouvelle enquête.

L’Observatoire iranien des droits humains avait alerté les entités de défense des droits de l’homme de ce grand danger, notant que les autorités iraniennes utilisent la peine de mort comme un outil de « répression politique afin de créer la peur parmi le peuple et de mettre fin au soulèvement populaire. »

Source : Iran HRM/ CSDHI 

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