Un article publié dans le quotidien "The Globe and Mail" le mardi 30 août 2016 soulève des inquiétudes sur le sort du docteur Homa Hoodfar. Plus tôt en juin. Amnesty International a exhorté le régime iranien à libérer une professeure d'université basée à Montréal qui était emprisonnée pendant presque une semaine à l'époque.
Alex Neve, secrétaire général d'Amnesty International Canada, a décrit Homa Hoodfar comme une prisonnière d'opinion.
« L'arrestation de l’universitaire accomplie et respectée, Dr. Homa Hoodfar, est la dernière tentative des autorités iraniennes de cibler des particuliers, parmi lesquels des universitaires, pour l'exercice pacifique de leurs droits à la liberté d'expression et d'association, » a déclaré Neve dans un communiqué jeudi.
« Il est profondément préoccupant qu’une personne dont la recherche porte sur le traitement de l'inégalité des femmes se retrouve arbitrairement arrêtée et détenue, probablement en isolement cellulaire, sans accès à un avocat et à sa famille. »
Voici le contenu de l’article :
Après trois mois de détention solitaire, la santé de la professeure universitaire irano-canadienne, Homa Hoodfar, s’est dégradée à un point où elle peut à peine marcher ou parler, selon ses proches.
Dans un communiqué publié mardi, la famille de la professeure Hoodfar a déclaré que l’anthropologue de 65 ans de l'Université Concordia a dû être hospitalisée comme son état a empiré depuis qu'elle a été détenue après le 6 Juin à la prison d'Evin, à Téhéran.
La nièce de la professeure Hoodfar, Amanda Ghahremani, a déclaré que la famille avait accepté durant ces dernières semaines de faire profil bas à la demande des autorités judiciaires iraniennes, qui voulaient « permettre au processus judiciaire de suivre son cours. »
Toutefois, elle a dit dans la déclaration familiale, « étant donné les nouvelles alarmantes de l’hospitalisation d’Homa et de la dégradation de sa santé, nous n’avons d’autres choix que de faire connaître largement ces travestissements de justice, car il est devenu clair que les autorités ne priorisent pas sa santé et n’ont pas l'intention de respecter les droits d’Homa à une procédure régulière en vertu de la loi iranienne. »
La famille a également soulevé des inquiétudes au sujet des accusations nébuleuses auxquelles fait face la Professeure Hoodfar en Iran – le procureur de la république de Téhéran l'a accusée de « débordement en matière de féminisme et de sécurité » - et la façon dont son avocat a été bloqué et ne peut accéder à son dossier ou à une demande de libération sous caution.
Les médias iraniens ont rapporté qu'elle a été accusée de fomenter une « douce révolution » féministe contre la République islamique.
La professeure Hoodfar a eu une légère attaque l'année dernière et est atteinte de myasthénie grave (MG), une maladie neuromusculaire rare qui affaiblit ses muscles volontaires.
« La professeur Hoodfar a été hospitalisée en raison de la dégradation rapide de sa santé », d’après le communiqué du mardi.
« Elle était très désorientée, très affaiblie, et pouvait à peine marcher ou parler. »
Le cas de la professeure Hoodfar est une priorité pour le ministère et pour le ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, selon John Babcock, un porte-parole de Global Affairs Canada.
Toutefois, il a souligné que le Canada n'a pas de représentation diplomatique en Iran.
« Nous travaillons avec les pays d'influence et cherchons le meilleur plan d'action pour appuyer l'affaire et assurer son retour auprès de sa famille, ses amis et de ses collègues. Les défis posés par l'absence d'une présence diplomatique ne peuvent pas être sous-estimés, » a déclaré M. Babcock dans une déclaration envoyée par courriel.
Anthropologue ayant enseigné à l'Université Concordia à Montréal, la professeure Hoodfar a la citoyenneté canadienne, irlandaise et iranienne.
Sa famille a déclaré qu'elle a voyagé vers l’Iran le 11 février pour visiter des parents, mais aussi pour effectuer des recherches sur l'histoire de la participation des femmes aux élections en Iran.
Amnesty International a déclaré que la professeure Homa est une prisonnière d'opinion et a appelé le gouvernement iranien à la libérer immédiatement.
« Cette information aujourd'hui est certainement une indication que les efforts canadiens en son nom doivent s’intensifier », a déclaré Alex Neve, secrétaire général de la section canadienne d'Amnesty.
La prison d'Evin, où la professeur Hoodfar est détenue, est l'endroit où l’irano-canadienne Zahra Kazemi est morte en 2003; une mort survenue alors qu’elle était en détention.
Le Canada a fermé son ambassade de Téhéran en 2012.
Les préoccupations en ce qui concerne la professeure Hoodfar sont venues au milieu des rapports de l'arrestation d'un autre irano-canadien, un homme qui a été lié à l'équipe de l'Iran qui a négocié sur la levée des sanctions économiques.
L'agence de presse officielle IRNA a rapporté dimanche que l'homme a été brièvement détenu sur des soupçons qu'il était un « élément infiltré » mais a depuis été libéré sous caution.
Les médias iraniens ont identifié l'homme comme étant Abdolrasoul Dorri Esfahani, un membre de l'Institut des comptables agréés de l'Ontario au Canada et ayant une double nationalité irano-canadienne.
M. Esfahani aurait travaillé en tant que membre d'une équipe parallèle sur la levée des sanctions économiques sous l'un des principaux négociateurs de l'accord nucléaire historique de l'an dernier entre l'Iran et les puissances mondiales. Il a également été conseiller à la tête de la Banque centrale d'Iran.
Source : The Global and Mail
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