Voici le témoignage poignant d’un ancien prisonnier politique iranien et d’un gardien de prison. Ce prisonnier a passé 12 longues années dans les geôles d’Evin, de Gohardacht et de la prison centrale de Tabriz au cours des tumultueuses années 2010. Il s’agit d’un acte d’accusation accablant pour le régime qui détient le triste record du plus grand nombre d’exécutions autorisées par l’État dans le monde, dépassé uniquement par la Chine, un pays qui compte une population de 1,4 milliard d’habitants.
Les registres officiels, tels que rapportés par l’Iran Human Rights Monitor, dressent un tableau sombre des exécutions sanctionnées par la dictature théocratique, soit 524 citoyens depuis 2023. Fait troublant, Amnesty International fait la lumière sur l’exécution d’au moins 40 femmes en Iran au cours de l’année 2023. Toutefois, il est essentiel de reconnaître que ces chiffres sont probablement insuffisants, car le régime dissimule ses activités meurtrières, refusant de dévoiler l’étendue réelle de ses actions.
Tout au long de sa sombre histoire, le régime des mollahs a utilisé les exécutions publiques comme un outil pour maîtriser une population excédée. Aux prises avec des soulèvements nationaux et provinciaux depuis les années 1990, il a systématiquement brandi la peine de mort comme un moyen de dissuasion menaçant, envoyant au public le message glaçant que la transgression de la loi, qui est essentiellement le mécanisme de préservation du régime, entraîne des conséquences désastreuses et irréversibles.
Dans un contexte de mauvaise gestion économique, de discrimination grave et de répression systémique, une épidémie tragique frappe des millions d’Iraniens, en particulier les jeunes : le fléau des stupéfiants. La toxicomanie ne rend pas seulement les vies passives, elle élimine aussi toute menace potentielle pour le régime, ce qui fait du régime des mollahs un contributeur important à l’afflux de drogue dans la société.
L’Iran est une voie de transit essentielle pour les drogues en provenance d’Afghanistan et du Pakistan. Exploitant cette situation, le régime emploie le Corps des gardiens de la révolution islamique (pasdaran) et ses milices supplétives pour acheminer les stupéfiants, engrangeant des bénéfices pour compenser son économie assiégée et lourdement sanctionnée. Il est choquant de constater que les drogues sont devenues plus accessibles que les produits de première nécessité pour d’innombrables personnes en Iran.
Alors que les estimations du nombre de toxicomanes dans le pays varient entre 3 et 6 millions, le régime reste très discret sur les statistiques officielles concernant les taux de toxicomanie récents. La crise est indéniablement grave, l’opium et ses dérivés, comme l’héroïne et la morphine, étant omniprésents en Iran.
Les pasdaran exploitent systématiquement les aéroports et les ports pour faire passer des tonnes de stupéfiants dans le monde entier. Paradoxalement, alors que le régime orchestre ce commerce infâme, des gens ordinaires, souvent issus des zones rurales, sont parfois pris en flagrant délit de contrebande de drogue et condamnés à l’exécution. Le régime, qui arrête des milliers de personnes accusées de trafic de stupéfiants, choisit de manière sélective le moment où il appliquera la peine de mort en fonction des circonstances politiques qui prévalent dans le pays.
Dans le sillage du soulèvement national de 2022 qui a balayé l’Iran, le régime a momentanément suspendu ses exécutions incessantes, une routine macabre qui a saisi la nation. Cependant, lorsque les manifestations ont perdu de leur élan initial, le régime n’a pas perdu de temps pour relancer la sinistre machine des exécutions sanctionnées par l’État afin de réprimer la société explosive.
Une évaluation complète réalisée par la Résistance iranienne révèle une chronologie qui fait froid dans le dos. La dernière vague d’exécutions signalée a eu lieu les 6 et 7 septembre, dix jours seulement avant la mort tragique de Mahsa Amini, catalyseur des manifestations généralisées. Par la suite, le régime a pendu Rashed Baluch et Ishaq Askani, tous deux prisonniers politiques baloutches, le 8 novembre 2022, dans la prison centrale de Zahedan. Ce schéma horrible s’est maintenu, une marche implacable de la mort se déroulant semaine après semaine.
Dans ce contexte sombre, des milliers de prisonniers politiques et de manifestants, arrêtés pendant le soulèvement, ont connu un sort sinistre. Ayoub Rigi a trouvé la mort le 24 décembre 2022, et Habib Chaab, enlevé en Turquie en novembre 2020, a été exécuté le 20 février 2023. Hassan Abyat, emprisonné et torturé depuis 11 ans, a été exécuté le même jour, alors que les manifestations se poursuivaient dans tout le pays.
Le 18 mars 2023, le Parti démocratique du Kurdistan iranien a signalé l’exécution d’un prisonnier politique kurde d’Oshnavieh par des sbires du régime dans la prison centrale d’Ourmia. Le secrétariat du CNRI a publié un communiqué révélant un total de 73 exécutions enregistrées entre le 20 février et le 17 mars 2023, soulignant l’ampleur de cet assaut impitoyable.
Des révélations publiques ont mis en lumière le sort de certains manifestants qui risquaient d’être exécutés. Mohsen Shekari (8 décembre 2022), Majidreza Rahnavard (12 décembre 2023), Seyyed Mohammad Hosseini et Mohammad Mehdi Karami (7 janvier 2022), ainsi que Saleh Mirhashmi, Majid Kazemi et Saeed Yaqoubi (19 mai 2023), ont tous été victimes de la vendetta impitoyable du régime.
Les organisations de défense des Droits de l’Homme, notamment Amnesty International, ont minutieusement dressé des listes exhaustives de manifestants et de prisonniers politiques iraniens qui attendent leur triste sort dans le couloir de la mort. L’insatiable soif de sang du régime s’avère également être sa vulnérabilité. Les campagnes internationales, associées aux désignations et aux sanctions à l’encontre des responsables du régime, ont semé le doute au sein des échelons décisionnels du régime.
Si le monde veut aller au-delà des paroles et des prières creuses et préserver les valeurs fondamentales de liberté, d’expression, de croyance et de pensée, il doit adopter une position résolue. Les relations diplomatiques et économiques avec l’Iran doivent être subordonnées à l’abolition inconditionnelle de la peine de mort par le régime.
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