Les origines de l’affaire
Cette affaire trouve son origine dans les manifestations de septembre 2022, qui ont éclaté à la suite de l’annonce de la mort de Mahsa Amini, détenue par la soi-disant patrouille de moralité du régime iranien, spécialisée dans la répression des femmes du pays.
Au cours de cet événement, un membre du Bassidj, Arman Alivardi, a été tué dans le quartier d’Ekbatan à Téhéran. Dans un premier temps, le régime a engagé des poursuites contre 14 accusés. Mais l’affaire s’est finalement poursuivie avec huit personnes. Cependant, « Dadban », un site de conseil juridique, a exprimé ses inquiétudes quant à ce qu’il a qualifié de « failles fondamentales et nombreuses » dans l’affaire, faisant écho à la demande formulée par les avocats des accusés.
Allégations et dénégations
Milad Armun, accusé de première instance dans cette affaire, a nié avec véhémence l’accusation de bagarre et a affirmé qu’il n’avait jamais possédé d’arme, qu’elle soit chaude ou froide, lors des événements en question. Dans une vidéo largement diffusée dans les médias du régime, Armun a fait face au chef de la police de la province de Téhéran, Hossein Rahimi, et a réfuté l’accusation d’avoir tenu un couteau et d’avoir frappé la victime.
L’affaire dévoilée
Selon les informations, les accusés dans cette affaire ont subi de graves tortures pendant leur détention, ce qui aurait conduit à des aveux forcés contre eux-mêmes et d’autres accusés. En conséquence, l’affaire a été scindée en deux parties. La première partie a été renvoyée devant la branche 15 du tribunal révolutionnaire de Téhéran, sous la direction du juge Abolqasem Salavati, connu pour prononcer des peines sévères, y compris l’exécution, à l’encontre de manifestants. Le nom de Salavati figure sur la liste des sanctions américaines en raison de son rôle dans les violations des droits de l’homme.
En août, les accusés dans l’affaire « Shahrak-e Ekbatan » ont été transférés de la prison de Rajaï Chahr à Karaj à la prison de Qezal Hesar à Karaj. Ce transfert a suscité de nouvelles inquiétudes quant à leur sort.
Arman Aliverdi : une figure contestée
Arman Aliverdi, le personnage central de cette affaire, était membre de l’unité de sécurité Basij Imam Reza et étudiant au séminaire de l’ayatollah Mojtahedi. Il résidait dans le quartier de Shahran à Téhéran.
Le 26 octobre 2022, il s’est rendu dans la ville d’Ekbatan pour réprimer les manifestations. Selon le récit officiel, il a été blessé pendant les manifestations de rue et a succombé à ses blessures le 28 octobre 2022.
Le nom d’Arman Aliverdi a rapidement été associé au guide suprême du régime, Ali Khamenei, et les représentants du gouvernement ont pris diverses mesures pour soutenir son héritage, notamment en renommant des rues et des places en son honneur.
Immédiatement après la mort d’Arman Aliverdi, il a fallu moins d’une semaine pour que Khamenei se penche sur la situation. Lors d’une réunion avec un groupe d’étudiants bassidjis, il a émis une directive visant à punir les personnes qui, selon lui, avaient participé à ce qu’il considérait comme un « crime ». Environ trois mois plus tard, Khamenei a fait une visite très médiatisée sur la tombe du membre du Bassidj, et cet événement a été largement couvert par les médias gouvernementaux, avec des vidéos et des photographies montrant sa présence.
En juin 2023, lors de la commémoration du 34e anniversaire de la mort de Rouhollah Khomeini, Ali Khamenei a profité de l’occasion pour féliciter les forces du Bassidj pour leur rôle dans la répression des voix dissidentes. Dans son discours, M. Khamenei a fait spécifiquement référence à Arman Aliverdi, louant le dévouement inébranlable des bassidjis.
Il a déclaré : « Dans une situation où l’ennemi a dégainé son épée, un étudiant révolutionnaire d’une certaine université peut entendre un blasphème et refuser de battre en retraite. Même lorsqu’un étudiant bassidji est martyrisé dans les conditions les plus pénibles, il reste déterminé, refusant de prononcer ce que l’ennemi cherche à obtenir. »
L’ombre de la coercition
Les informations documentées des organisations de défense des droits de l’homme, dont Dadban, mettent en lumière les graves tortures qui auraient été infligées aux accusés pendant leur détention et qui les auraient conduits à des aveux forcés. Ces aveux, considérés par beaucoup comme le résultat de la coercition, ont soulevé des doutes quant à l’équité et à la justice de la procédure judiciaire.
Une quête de justice
Au fur et à mesure que l’affaire évolue, les utilisateurs des médias sociaux et les manifestants s’élèvent contre ce qu’ils considèrent comme un procès injuste. Ils affirment que le régime semble déterminé à venger la mort d’Arman Aliverdi en poursuivant les jeunes protestataires de la colonie d’Ekbatan, ce qui pourrait conduire à des peines sévères, y compris l’exécution.
Dans un cas précédent, l’Iran a exécuté Mohammad Mehdi Karmi et Seyed Mohammad Hosseini le 17 janvier 2023, tous deux faussement accusés d’être impliqués dans le meurtre d’un Bassidji nommé Ruhollah Ajamian.
Conclusion
L’affaire de la « ville d’Ekbatan » en Iran est embourbée dans la controverse, avec des allégations d’aveux forcés et des préoccupations concernant l’absence de procédure régulière. Alors que l’affaire continue de se dérouler, elle reste un rappel brutal des défis et des préoccupations entourant le système juridique du pays, en particulier dans les cas liés aux manifestations publiques et à la sécurité nationale.
Source : INU/CSDHI
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