Les démolitions récentes à Mashhad ont commencé au début du mois d’octobre de cette année et se sont poursuivies depuis.
Alors que la politique de destruction des lieux de sépulture des prisonniers politiques exécutés dans les cimetières de Behesht-e Reza et de Tapeh Salam Mashhad est à l’ordre du jour des institutions de sécurité depuis 2015, elle s’est intensifiée ces derniers jours.
Des mesures similaires ont été prises dans d’autres villes, notamment Ahwaz, Tabriz et Babol. À Ahwaz, des fosses communes contenant les restes de 44 prisonniers politiques, qui étaient enterrés dans une zone aride à trois kilomètres à l’est du cimetière de Behesht-e Abad dans la ville, ont été détruites, et de nouvelles constructions ont été érigées pour effacer les preuves des crimes.
Lors de l’excavation d’un terrain à la fin de la phase 2 de Padad Shahr et du boulevard Bank Dar, plusieurs corps ont été découverts dans une fosse commune recouverte de ciment. Les forces de sécurité ont fini par dissimuler ces tombes et le projet d’élargissement de la rue a été interrompu pour cacher leur existence.
Par le passé, plus de 75 tombes de personnes exécutées en 1988 et au cours des années 1980 ont été détruites dans le cimetière de Wadi Rahmat à Tabriz. Les forces du ministère des renseignements du régime ont versé du béton et du ciment, d’une épaisseur de plus de 10 cm, pour aplanir la zone et effacer les traces de leur massacre.
À Babol, les tombes de nombreux prisonniers politiques exécutés dans les années 1980, et plus particulièrement en 1988, ont été détruites par des agents du ministère des renseignements et des gardiens de la révolution. Des immeubles d’habitation à plusieurs étages appelés Kotsar ont été construits sur une partie de ces tombes, et toutes ces unités résidentielles ont été remises à des agents des gardiens de la révolution et de la police du régime.
Ces dernières années, le cimetière de Khavaran à Téhéran est devenu le lieu de sépulture des bahaïs décédés sous la contrainte des forces du ministère du renseignement. La modification du tracé du cimetière de Khavaran par la création de nouvelles tombes est une tactique courante du régime pour dissimuler les preuves des crimes qu’il a commis au cours des quarante dernières années.
Contexte historique de la répression des prisonniers politiques
Au cours des années 1980, l’Iran a connu une période d’intenses bouleversements politiques et de conflits idéologiques à la suite de la révolution islamique de 1979. Le nouveau régime, sous la direction de l’ayatollah Ruhollah Khomeini, a cherché à consolider son pouvoir et à éliminer les menaces perçues contre son autorité. Dans ce contexte tumultueux, des milliers de personnes ont été prises pour cibles pour des raisons politiques et exécutées par la suite.
L’été 1988 apparaît comme l’un des chapitres les plus sombres de cette période de l’histoire iranienne. Il a marqué une vague concentrée d’exécutions politiques, caractérisée par une campagne brutale et systématique contre les dissidents et les opposants au régime.
Les principales cibles de ces exécutions étaient les membres et les sympathisants de l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI), qui représentaient plus de 90 % des victimes. De nombreuses victimes ont été exécutées simplement pour leurs croyances ou leurs affiliations politiques.
Les exécutions de l’été 1988 ont été effectuées avec la fatwa explicite (décret religieux) et l’approbation de Ruhollah Khomeini, le premier guide suprême du régime. Khomeini avait nommé un comité spécial pour superviser ces exécutions massives. Ebrahim Raïssi, qui deviendra plus tard le président du régime, était l’un des membres de ce « comité de la mort ».
Au moins 30 000 prisonniers politiques ont été exécutés au cours de ce massacre. Nombre de ces exécutions ont eu lieu en secret et les corps ont souvent été enterrés dans des fosses communes anonymes, ce qui a empêché les familles de connaître le sort de leurs proches.
Les événements de l’été 1988 ont été largement condamnés par les organisations de défense des droits de l’homme et les communautés internationales comme une violation flagrante des droits de l’homme et un crime contre l’humanité. La destruction des sites funéraires et les efforts pour effacer les preuves historiques de ces événements sont considérés comme des tentatives supplémentaires pour étouffer la vérité et échapper à l’obligation de rendre des comptes pour ces crimes. L’héritage de cette période continue de jeter une longue ombre sur la politique et la société iraniennes, de nombreuses familles étant toujours en quête de justice et de réponses sur le sort de leurs proches.
Source : INU/ CSDHI
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