Le bilan du régime iranien en matière de droits humains a poursuivi sa spirale descendante en 2023, selon un rapport cinglant d’Amnesty International. Le rapport, intitulé « La situation des droits humains dans le monde : April 2024″, fait état d’une répression systématique de la dissidence, d’une généralisation de la torture et d’un recours de plus en plus fréquent à la peine de mort.
Ce rapport fait suite aux manifestations de 2022, un mouvement national déclenché par la mort de Mahsa Amini, une jeune femme arrêtée pour avoir enfreint la loi iranienne sur le port obligatoire du voile. Le rapport dresse un tableau sombre de la réponse du régime iranien à ces manifestations, en mettant en évidence une série de mesures répressives visant à faire taire les dissidents.
Répression des libertés
Amnesty International a constaté que les autorités du régime iranien s’efforçaient systématiquement de supprimer les droits humains fondamentaux. Les libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique ont été sévèrement réprimées. Le rapport décrit le recours à la censure, le brouillage des chaînes de télévision par satellite et le blocage continu des plateformes de médias sociaux. Une coupure d’Internet a également été mise en place pour perturber la communication lors des manifestations prévues.
Les forces de sécurité ont eu recours à des tactiques brutales pour réprimer la contestation. Les manifestations ont été accueillies par une force illégale, des arrestations massives et des violences. Des milliers de personnes, dont des manifestants, des journalistes, des défenseurs des droits de l’homme et même des passants, ont été interrogées, détenues arbitrairement et poursuivies en justice pour avoir exercé pacifiquement leurs droits.
Abus systématiques
Le rapport fait état de violations systématiques des droits de l’homme par les autorités du régime iranien. Les disparitions forcées, la torture et d’autres formes de mauvais traitements sont des pratiques largement répandues. Les détenus ont été battus, fouettés, soumis à des chocs électriques, à des simulacres d’exécution et privés des produits de première nécessité. Des « aveux » entachés de torture auraient été extorqués et utilisés comme preuves dans des procès inéquitables.
Les femmes et les jeunes filles ont été confrontées à une réalité particulièrement dure. Les autorités du régime ont intensifié l’application des lois sur le port obligatoire du voile, mettant en œuvre des mesures qui violent les droits sociaux, économiques et culturels. Elles ont notamment envoyé des SMS d’avertissement menaçants aux femmes, immobilisé les véhicules conduits par des femmes ne se couvrant pas correctement la tête et refusé les services de base aux personnes jugées non conformes. Le rapport fait également état de la mort tragique d’Armita Garawand, 16 ans, tombée dans le coma à la suite d’une confrontation présumée avec un responsable de l’application des lois sur le voile.
Les minorités ethniques et religieuses ont également fait les frais de la discrimination. Des groupes comme les Arabes Ahwazi, les Kurdes et les Baloutches n’ont qu’un accès limité à l’éducation, à l’emploi et à la participation politique. Le rapport souligne les assassinats illégaux de coursiers kurdes non armés et de porteurs de carburant baloutches par les forces de sécurité. Les minorités religieuses comme les bahá’ís et les chrétiens ont fait l’objet de détentions arbitraires, de poursuites injustes et de restrictions à la pratique de leur foi.
Augmentation du nombre d’exécutions et impunité
Le rapport révèle une augmentation inquiétante du nombre d’exécutions en 2023. Le nombre d’exécutions recensées par Amnesty International a atteint le chiffre stupéfiant de 853, le plus élevé depuis huit ans. Près de la moitié d’entre elles étaient liées à des infractions à la législation sur les stupéfiants, ce qui soulève des inquiétudes quant à l’application de la peine de mort pour des crimes non violents. Des exécutions ont également été recensées pour des infractions formulées en termes vagues et comme moyen de faire taire les dissidents politiques.
Amnesty International souligne l’absence de procédure régulière dans ces exécutions. Les procès ont été décrits comme manifestement inéquitables, reposant souvent sur des aveux extorqués sous la torture et dépourvus de garanties juridiques fondamentales. Le rapport critique le système judiciaire du régime iranien pour son manque d’indépendance et son rôle dans la perpétuation de l’impunité pour les violations des droits de l’homme.
Le rapport condamne également l’absence persistante d’obligation de rendre des comptes pour les atrocités commises dans le passé, en particulier les massacres de prisons de 1988, au cours desquels des milliers de dissidents politiques ont été exécutés de manière extrajudiciaire. Les personnes soupçonnées d’avoir participé à ces crimes occupent toujours des postes de haut niveau au sein du gouvernement iranien. Les efforts déployés par les familles pour obtenir la vérité et la justice se sont heurtés à des mesures de harcèlement et d’intimidation.
Principaux points à retenir
Liberté d’expression, d’association et de réunion
Les autorités ont censuré les médias, bloqué les plateformes de médias sociaux et perturbé l’accès à Internet pendant les manifestations.
Les forces de sécurité ont fait un usage illégal de la force contre les manifestants, faisant des blessés et procédant à des arrestations massives.
Détention arbitraire et procès inéquitables
Des milliers de personnes ont été détenues arbitrairement et les procès ont été marqués par des violations des droits de la défense et l’admission d’aveux entachés de torture.
Disparitions forcées et torture
Des détenus ont été victimes de disparitions forcées, de torture et de mauvais traitements dans des centres de détention contrôlés par les forces de sécurité.
Discrimination à l’égard des femmes et des filles
Les femmes ont été confrontées à une intensification des mesures de répression pour avoir défié le port obligatoire du voile, y compris des mesures punitives telles que des peines d’emprisonnement et des amendes.
Des attaques chimiques visant des écolières ont été signalées.
Discrimination à l’encontre des minorités ethniques et religieuses
Les minorités ethniques et religieuses sont victimes de discrimination dans les domaines de l’éducation, de l’emploi et de la participation politique.
La discrimination à l’encontre des bahá’ís et des chrétiens a conduit à des détentions arbitraires et à la fermeture d’entreprises.
Peine de mort et impunité
Les exécutions ont augmenté, y compris pour des délits non violents et des actes protégés par les droits de l’homme.
L’impunité a prévalu pour les exécutions illégales et les actes de torture, aucun fonctionnaire n’ayant eu à répondre de ses actes.
Droits des réfugiés et des migrants
Les ressortissants afghans ont été victimes de discrimination et de crimes de haine, et des centaines de milliers d’entre eux auraient été rapatriés.
Crise environnementale
La crise environnementale en Iran, y compris la pollution et la perte de ressources naturelles, a été critiquée pour le manque d’action du gouvernement.
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