mardi 14 mai 2019

Iran : Bref aperçu du bilan de deux mois d'Ebrahim Raissi


Ebrahim Raisi iran Depuis la nomination de Ebrahim Raissi en tant que nouveau chef du pouvoir judiciaire iranien, la situation des droits humains s’est rapidement détériorée dans le pays.
Exécutions
Au moins 44 personnes ont été exécutées depuis qu'il est le président de la Cour suprême d'Iran.

L’un des derniers crimes de Raissi a été la flagellation et l’exécution secrète de deux mineurs âgés de 17 ans.
Annoncées pour la première fois par Amnesty International, les exécutions ont été qualifiées de « déplorables » par la Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, Michelle Bachelet.
Plusieurs personnes ont également été exécutées pour des crimes non violents.
Les autorités ont pendu secrètement quatre prisonniers, condamnés à mort pour des infractions liées à la drogue à la prison centrale d'Arak à la fin du mois dernier.
Les quatre prisonniers exécutés le 29 avril étaient Seyed Hamidreza Hosseinkhani, 37 ans, Majid Kazemi, 42 ans, Mohammad Hemmati, 26 ans, et Mohammad Davoudabadi, 26 ans.
C'était juste un jour après l’exécution, dans la prison centrale de Kerman, de l'étudiant universitaire Mohammad Bameri, âgé de 24 ans, impliqué dans le trafic de drogue pour se payer ses études.
Le 27 avril, Kamal Shahbakhsh a été pendu dans la même prison sous une inculpation liée à la drogue. Deux prisonniers balouches, Dorhan Heydari et Mirhan Shah Ghasemi, ont été exécutés dans la prison centrale de Chiraz, pour meurtre et inculpation.
Arrestations de défenseurs des droits
L'ampleur des arrestations, des peines d'emprisonnement et des peines prononcées à l'encontre de militants et leur traitement cruel mettent en lumière les efforts extrêmes que le régime iranien a déployés pour réprimer la dissidence pacifique.
Plusieurs militants des droits des travailleurs, y compris des enseignants, ont été arrêtés lors de rassemblements à Téhéran le 1 er mai (Journée internationale du Travail) et le 2 mai (Journée des enseignants en Iran). Plusieurs d'entre eux sont en détention sans pouvoir consulter un avocat.
L'augmentation du salaire minimum est l'une des principales revendications des militants syndicaux lors des manifestations, qui se sont étendues à plusieurs autres villes iraniennes.
Dans un autre cas, le directeur général du département du renseignement de la province de l’Azerbaïdjan occidental a annoncé que des dizaines de personnes avaient été « arrêtées » pour avoir communiqué avec l’organisation iranienne des Moudjahidine du peuple (OMPI / MEK).
Dans des commentaires repris par l'agence de presse officielle, Fars, affiliée aux pasdarans, le responsable du régime a déclaré que 60 personnes avaient été arrêtées pour avoir communiqué avec l'OMPI, tandis que 50 autres avaient été identifiées et mises en garde verbalement.
Mahmoud Alavi, le ministre du renseignement du régime, a également annoncé que « au cours de la dernière année, 116 équipes liées à l'OMPI / MEK ont été arrêtées ».
En outre, le ministère du renseignement iranien et les pasdarans ont arrêté des dizaines de secouristes bénévoles après avoir travaillé dans des zones iraniennes touchées par les inondations.
Après que le pays ait été submergé par les inondations dans plusieurs provinces en mars 2019, les autorités ont averti les citoyens qu'ils pourraient être poursuivis en justice pour leurs messages sur internet au sujet de la catastrophe.
En avril, des agents de l'organisation du renseignement des pasdarans ont arrêté au moins 11 volontaires arabo-iraniens alors qu'ils tentaient d'aider les habitants du village de Gurieh, ravagé par les inondations, dans la province du Khouzistan, au sud-ouest de l'Iran.
En avril également, les forces de sécurité de la ville de Malashiyeh, dans la province du Khouzistan, ont effectué une descente dans la zone où un groupe de secouristes volontaires indépendants étaient postés, les arrêtant et les transférant dans un lieu inconnu.
La répression contre les femmes
Le régime a intensifié sa répression contre les femmes.
Les militantes et les prisonnières politiques ne sont pas des exceptions.
Le régime a également convoqué des centaines de conductrices à Téhéran pour les avertir de porter correctement le voile obligatoire à l'intérieur de leurs voitures.
Le 18 avril 2019, Amnesty International a publié une déclaration appelant le régime iranien à cesser de harceler, arrêter et emprisonner les défenseurs des droits des femmes qui manifestaient pacifiquement contre les lois iraniennes dégradantes et discriminatoires.
Amnesty International a également rappelé dans sa déclaration : « La pénalisation des femmes et des filles qui ne portent pas le voile est une forme extrême de discrimination fondée sur le sexe et un traitement cruel, inhumain et dégradant qui portent gravement atteinte à la dignité des femmes. Au lieu de persécuter et d’emprisonner les femmes qui luttent contre cette injustice scandaleuse, les autorités iraniennes devraient libérer immédiatement et sans condition tous les défenseurs des droits des femmes arrêtés pour leur activisme pacifique ».
Nomination de députés "intransigeants"
Ebrahim Raissi a limogé le 29 avril le procureur de Téhéran, Jafari Dolatabadi, inclus dans la liste des sanctions du Trésor américain et de l'Union Européenne, le remplaçant par Ali Alghassi-Mehr, ancien juge en chef de la province de Fars depuis septembre 2014 et procureur de Chiraz avant cela, pendant trois ans . Alghassi est un partisan des exécutions publiques.
Après que le département d'État américain eut classé l’IRGC (les pasdarans) en tant qu'entité terroriste étrangère, M. Alghassi-Mehr a annoncé qu'il « était également membre de l’IRGC ».
Tout au long de sa carrière, Alghasi-Mehr a adopté une approche extrêmement dure de la justice pénale, notamment en préconisant les exécutions publiques et les amputations comme moyen de punition.
Il a lancé des mandats d’arrêt à l’encontre des chauffeurs routiers lors d’une grève à l’échelle nationale, il a imposé l’exécution de neuf prisonniers pardonnés par la famille de la victime, défendu les attaques, tués et blessés de manifestants à Kazeroun, entre autres crimes.
Qui est Ebrahim Raissi ?
Au début du mois de mars, Ebrahim Raissi, accusé de violation flagrante des droits humains, a été nommé chef du pouvoir judiciaire et quelques jours plus tard, il a été élu chef suppléant de l’Assemblée des experts, composée de 88 membres, qui est chargée de choisir le Guide suprême.
Human Rights Watch (HRW) et le département d’État des États-Unis ont critiqué sa nomination à la tête du pouvoir judiciaire, affirmant qu'il était impliqué dans les « exécutions massives » de prisonniers politiques dans les années 1980.
La nomination « reflète la détérioration de la situation des droits humains » en Iran, a déclaré Human Rights Watch dans un communiqué, ajoutant que Raissi « avait siégé » dans un comité de la mort composé de quatre personnes ayant ordonné l'exécution de plusieurs milliers de prisonniers politiques en 1988.
Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, a déclaré : « C’est inquiétant et franchement effrayant que Raissi supervise la justice et la responsabilité en Iran ».
Il « devrait faire l'objet d'une enquête pour crimes graves, plutôt que d'enquêter sur les autres », a-t-elle déclaré.
Ebrahim Raissi, « impliqué dans des exécutions massives de prisonniers politiques, a été choisi pour diriger le système judiciaire iranien. Quelle honte ! », a déclaré, le 5 mars, Robert Palladino, porte-parole du département d'État américain, sur Twitter, avant sa nomination officielle.
L’Iran n’a jamais pleinement reconnu les exécutions qui ont eu lieu sur ordre de Khomeiny, bien que d’autres hauts responsables aient effectivement été responsables au cours des mois qui ont précédé sa mort en 1989. Ebrahim Raissi aurait siégé dans un groupe appelé « comité de la mort » impliqué dans la condamnation à mort des prisonniers.

Source : Les droits de l’homme en Iran

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