mercredi 9 octobre 2019

Abolition de la peine de mort – L’Iran, premier bourreau de femmes

CNRI Femmes – Le 10 octobre est la Journée mondiale contre la peine de mort et nous rappelle qu’il est de notre responsabilité de faire pression sur les régimes répressifs pour qu’ils mettent fin à leurs pires pratiques.

En 2002, Amnesty International et la Coalition mondiale contre la peine de mort ont déclaré le 10 octobre Journée mondiale contre la peine de mort. C’est une journée qui nous interpelle sur la douleur atroce de condamné.e.s qui attendent leur mort. Cela inclut des milliers de personnes détenues dans le couloir de la mort en Iran, utilisées par le régime comme pions pour réprimer 80 millions d’Iraniens.
Le taux élevé d’exécutions en Iran n’a pas échappé à l’attention des organismes internationaux, notamment le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies qui s’est réuni dans sa 42e session du 9 au 27 septembre à Genève.
Dans son dernier rapport, le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran, Javai Rehman, a regretté que la République islamique d’Iran soit un des principaux bourreaux de mineurs.
Au moins six mineurs, âgés de 14 à 17 ans, ont été exécutés en Iran en 2018, ce qui a conduit le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, à exprimer son profond regret concernant ces exécutions.

L’Iran, premier bourreau des femmes
Le plus grand nombre d’exécutions par habitant dans le monde revient au régime clérical en Iran. Au cours des six années de présidence d’Hassan Rohani, près de 4000 personnes ont été exécutées en Iran, le nombre réel étant probablement plus élevé.
Le régime iranien utilise ouvertement la peine de mort comme une forme de punition. Dans de nombreux cas et de manière discriminatoire, cette sanction est appliquée à l’encontre des minorités religieuses et ethniques, des opposants politiques et des femmes.
Au mépris des lois internationales qui recommandent d’autres formes de châtiment que l’emprisonnement pour les femmes en raison de leur rôle de mères et de gardiennes, les femmes en Iran sont non seulement emprisonnées mais exécutées. Durant le seul mandat de Rohani, au moins 97 femmes ont été exécutées. Neuf de ces femmes ont été exécutées en seulement 3,5 mois cette année depuis la mi-juin jusqu’à fin septembre. La commission des Femmes du Conseil national de la Résistance iranienne a compilé les noms de ces femmes dans une liste. Dans sa lettre publiée le 27 juillet 2019, l’ancienne détenue politique Golrokh Ebrahimi Iraee aborde la question des femmes accusées de meurtre et de leur exécution.
« En rencontrant des femmes reconnues coupables de meurtre, j’ai appris qu’un grand pourcentage d’entre elles avaient assassiné leur mari – instantanément ou selon un plan prémédité – après avoir été humiliées, insultées, battues et même torturées par elles pendant des années et parce qu’elles étaient privées de leur droit au divorce. Bien qu’elles se considèrent elles-mêmes comme des criminelles, elles sont convaincues que si l’une de leurs demandes répétées de divorce avait été accordée, elles n’auraient pas commis un tel crime « , écrit Golrokh Iraee.
Ces exécutions sont cruellement injustes. Comme la commission des femmes du CNRI l’a déjà fait remarquer, la majorité des femmes exécutées sont elles-mêmes victimes de violence familiale et de lois familiales discriminatoires. Nombre d’entre elles ont recours à l’homicide comme seul moyen de se défendre contre les mauvais traitements infligés par leur mari et à un système qui ne parvient pas à les protéger.

Un meurtrier de masse nommé juge en chef
Misogynie et exécutions incessantes de jeunes sont les caractéristiques de 40 ans de régime des mollahs en Iran. La répression croissante et les exécutions sont des outils du régime contre la montée du mécontentement social.
L’année dernière, le Guide suprême du régime Ali Khamenei a nommé Ebrahim Raissi, un élément clé du massacre de 1988, à la tête du pouvoir judiciaire du pays. Le nombre de condamnations à mort et d’exécutions n’a cessé d’augmenter depuis.
Le 5 mars 2019, le porte-parole adjoint du département d’État des États-Unis, Robert Palladino, a dénoncé la nomination de Raissi à la tête du tout puissant pouvoir judiciaire iranien, le qualifiant de  » déshonneur  » et de  » procédure juridique ridicule  » puisque Raissi est responsable de la mort de milliers de prisonniers politiques dans les années 1980, notamment lors du massacre de 1988.
Palladino a tweeté (en persan et en anglais) : « Ebrahim Raeesi (Raissi), impliqué dans des exécutions massives de prisonniers politiques, a été choisi pour diriger la justice iranienne. Quelle honte ! Le régime se moque du processus judiciaire en permettant des procès inéquitables et des conditions de détention inhumaines. Les Iraniens méritent mieux ! »

Appel à l’abolition de la peine de mort
Maryam Radjavi, présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne, a expliqué l’objectif du taux élevé d’exécutions en Iran dans son discours lors d’une conférence à la Journée mondiale contre la peine de mort le 10 octobre 2015.
« Oui, l’existence et le pouvoir de ce régime dépendent des exécutions, car s’il n’y a plus d’exécutions, rien n’empêchera l’éruption de la colère publique et des soulèvements de la population.
« En l’absence d’exécutions, comment et par quels moyens les mollahs pourraient-ils priver les gens de leurs libertés et intensifier la répression, l’intimidation et toutes sortes de restrictions dans les aspects les plus privés de la vie des gens ?
Sans les exécutions, comment les mollahs pourraient-ils augmenter les prix de plusieurs fois par jour, gaspiller la richesse et les revenus du public dans les guerres régionales et les piller pour mener une vie de luxe ? »
« La Résistance iranienne a déclaré il y a des années qu’elle demande l’abolition de la peine de mort et la fin de la torture et de toutes les formes de violation des droits en Iran.
« Notre plan est de ranimer l’amitié, la conciliation et la tolérance.
« Notre plan pour l’avenir est de mettre fin aux décrets religieux des mollahs. Nous rejetons le code pénal inhumain et les autres lois abusives de ce régime. Nous croyons que la loi de rétribution (qui correspond au Talion) est inhumaine.
« Nous prônons des lois basées sur le pardon, la compassion et l’humanité. »
À l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, la commission des Femmes du CNRI lance un appel à la communauté internationale pour qu’elle fasse pression sur le régime iranien afin qu’il cesse d’appliquer la peine de mort, en particulier aux femmes, et annule tous les décrets connexes. Elle appelle en outre l’attention de la communauté internationale sur la situation déplorable des femmes condamnées à mort en Iran.

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