mercredi 13 septembre 2023

Les voix silencieuses des prisonniers politiques iraniens

 – Dans la riche tapisserie de l’histoire humaine, la lutte pour la liberté et la justice se mêle souvent aux fils les plus sombres de l’oppression. C’est le cas en Iran, où la poursuite acharnée d’idéaux politiques a trop souvent conduit à l’emprisonnement, à la torture et même à la mort de prisonniers politiques. Au cours des huit derniers mois, depuis le début de l’année 2023, l’Iran a été témoin de la mort tragique d’au moins six prisonniers politiques. Ces personnes, d’origines ethniques diverses, avaient des rêves, des aspirations et des voix qui ont été réduits au silence prématurément dans les prisons iraniennes.

Sadegh Fuladiwanda : Un défenseur des droits de l’enfant

Sadegh Fuladiwanda, un jeune homme de 29 ans, militant des droits de l’enfant et cordonnier de Gachsaran, a connu une fin tragique. Le 3 février 2023, il a été arrêté par des agents de sécurité, accusés d’avoir organisé un rassemblement de protestation. Tragiquement, le 21 février, son corps sans vie a été découvert dans un canal d’eau à Gachsaran, portant des marques de torture indéniables. En raison de la gravité de ses blessures, la famille de Sadegh a eu du mal à reconnaître son corps meurtri, et l’a finalement identifié grâce aux tatouages qu’il portait sur son corps. Il est choquant de constater que le médecin légiste a déclaré l’heure de la mort de Sadegh Fuladiwanda un jour avant même que son corps sans vie ne soit retrouvé.

Ebrahim Rigi : un jeune médecin et sa rencontre fatale

Ebrahim Rigi, un médecin de 24 ans originaire de Zahedan, s’est retrouvé pris dans le collimateur de l’oppression alors qu’il venait en aide à des blessés lors de manifestations locales. Arrêté à la fin du mois d’octobre et brièvement libéré sous caution le 1er janvier 2023, Ebrahim a vu sa vie prendre un tournant tragique dans la soirée du 22 février. Enlevé par des individus non identifiés à bord d’une voiture Toyota Hilux, il a été emmené au 12e poste de police de Zahedan, où il a perdu la vie environ une heure plus tard.

Amnesty International a révélé par la suite qu’Ebrahim Rigi avait été victime de « coups et blessures » au cours de sa détention, ce qui indique des signes évidents de torture pendant sa détention. Les autorités iraniennes ont cependant affirmé qu’il était mort d’une crise cardiaque, ce qui vient s’ajouter à la liste croissante de questions concernant les circonstances de sa mort.

Shirzad Ahmadinejad : Une disparition mystérieuse

Shirzad Ahmadinejad, un citoyen de Bukan âgé de 41 ans, a connu une fin tragique un mois seulement après son arrestation, le 13 février 2023, dans les locaux du département des renseignements d’Urmia. Les organisations de défense des droits de l’homme ont depuis confirmé que sa mort était le résultat de tortures indicibles. Étrangement, sa famille a été invitée à fournir une caution pour sa libération, avant de découvrir qu’il était déjà décédé alors qu’elle était en train d’assurer sa liberté.

Musa Esmaili et Peyman Galwani : Des vies écourtées

Musa Esmaili, un citoyen de 31 ans originaire de Piranshahr, a été appréhendé par les forces de sécurité qui le soupçonnaient d’être associé à des groupes d’opposition. Sans décision de justice, il a été arrêté le 7 mai 2023 et, chose choquante, le 8 juillet, le département des renseignements d’Oroumieh a informé la famille de Musa de son décès. La famille a également été menacée et a été mise en garde contre l’organisation d’une cérémonie funéraire. La mort de Musa Esmaili a été attribuée à des actes de torture perpétrés par des agents de sécurité, bien que l’agence de presse judiciaire ait affirmé qu’il avait été tué alors qu’il était armé lors d’une bagarre avec des agents de sécurité le 22 mai.

Peyman Galwani, un citoyen de 24 ans originaire de Mahabad, arrêté le 25 juin, a subi le même sort. Il a succombé aux horreurs de la torture, les marques indéniables de son calvaire étant gravées sur son corps. Les autorités ont cherché à détourner l’attention en déclarant qu’il avait été arrêté pour fraude et qu’il était décédé à l’hôpital pour cause de maladie. Néanmoins, ses funérailles, ainsi que celles de Musa Esmaili, se sont transformées en une puissante expression de protestation contre le gouvernement.

Javad Rouhi : Une vague de réactions

Javad Rouhi, un jeune manifestant qui a trouvé la mort prématurément le 30 août, vient s’ajouter à cette liste tragique. Sa disparition a suscité une vague de réactions, poussant Amnesty International à demander la création d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les circonstances de son décès.

Ces récits déchirants, rapportés par des organisations de défense des droits de l’homme, ne font qu’effleurer la sinistre réalité à laquelle sont confrontés les prisonniers politiques en Iran. Il est choquant de constater que ces statistiques ne concernent que les prisonniers décédés dans les prisons iraniennes depuis le début de l’année 2023. De nombreux autres prisonniers politiques ont trouvé la mort lors de leur arrestation, les rapports indiquant qu’au moins 16 détenus ont perdu la vie dans des circonstances suspectes. Les causes de leur décès vont de la torture au refus d’un traitement médical adéquat, soulignant la brutalité systémique qui persiste dans les centres de détention iraniens.

Les autorités du régime iranien ont toujours fourni des comptes rendus contradictoires sur les causes de la mort de ces prisonniers politiques pendant leur période de détention, enveloppant encore davantage ces tragédies dans un brouillard inquiétant d’incertitude et d’impunité. Sous les yeux du monde entier, la situation désastreuse des prisonniers politiques en Iran reste un témoignage poignant du prix que certains doivent payer pour avoir osé s’élever contre l’injustice.

Source : INU/ CSDHI

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