Défi à l’Université
À l’Université Allameh Tabataba’i de Téhéran, les étudiants ont organisé une tribune libre indépendante pour marquer l’événement. Afin de perturber le rassemblement, les autorités universitaires ont diffusé des chants religieux par haut-parleurs. Cependant, les étudiants ont ignoré le bruit, poursuivant leurs discours et scandant : « Liberté étudiante, liberté de la société ! »
Simultanément, la Faculté des Lettres a publié un communiqué condamnant la récente vague de condamnations à mort et de lourdes peines de prison infligées à leurs camarades. Le communiqué affirmait que l’université demeure « le lieu du questionnement », promettant que la voix des étudiants emprisonnés ne serait pas étouffée derrière les murs des prisons.
« L’ennemi est parmi nous »
Parallèlement aux manifestations étudiantes, les retraités de la Sécurité sociale et de la sidérurgie ont tenu leur quatrième jour consécutif de rassemblements dans des villes comme Téhéran, Ahvaz, Rasht, Kerman et Shush.
À Ispahan, les retraités de la sidérurgie ont marché jusqu’au bureau du gouverneur. Leurs slogans contestaient frontalement le discours officiel du régime en matière de politique étrangère. « Notre ennemi est ici ; ils mentent en disant que c’est l’Amérique », scandait la foule, accompagnée de cris de « À bas l’esclavage ! ».
À Shush, des manifestants se sont rassemblés devant le bureau local de la Sécurité sociale, déclarant : « Ni le Parlement ni le gouvernement ne se soucient de nous. » Ils ont averti qu’avec des tables vides, ils ne cesseraient pas leurs manifestations tant que leurs droits ne seraient pas respectés.
Pillage environnemental à Esfarayen
Le mécontentement s’est étendu aux communautés rurales qui luttent pour leur survie face à l’exploitation cautionnée par l’État. Dans le village de Ruyin, à Esfarayen, les habitants se sont rassemblés pour protester contre l’accaparement de 3,5 hectares de ressources naturelles et de flancs de montagne par un investisseur proche du régime.
Les villageois ont averti que le projet menaçait leur approvisionnement en eau et leurs moyens de subsistance agricoles. « La montagne, c’est l’eau, l’eau, c’est la vie », ont-ils scandé, qualifiant l’accaparement des terres de « crime silencieux contre l’Iran » et de massacre de la nature perpétré par ceux qui prétendent développer le pays.
Une économie en chute libre
Le moteur de ces protestations diverses est une situation économique qui plonge 70 à 80 % de la population – principalement les travailleurs et les retraités – dans une lutte pour la survie. L’inflation est devenue incontrôlable, rendant vaines les récentes négociations salariales.
Selon certaines sources, un salaire de 20 millions de tomans, avantages compris, ne couvre plus que dix jours de dépenses courantes. Les prix des produits de première nécessité comme le pain, les œufs et les tomates ont flambé de manière incontrôlée. Cette crise a de profondes répercussions sociales : les statistiques montrent que 13 millions d’Iraniens de plus de 35 ans sont célibataires, principalement faute de moyens pour fonder une famille.
Les événements du 7 décembre démontrent que le fossé entre le peuple iranien et le régime en place est infranchissable. Qu’il s’agisse d’étudiants refusant de se laisser réduire au silence par la propagande d’État, de retraités rejetant les prétextes « anti-américains » du régime pour justifier leur pauvreté, ou de villageois défendant leurs terres contre des investisseurs corrompus, le peuple iranien a identifié la cause profonde de ses souffrances. À mesure que la crise économique s’aggrave, ces mouvements de protestation isolés fusionnent de plus en plus en une revendication nationale unique de changement de régime.

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