Cibler les piliers du pillage
Le lundi 8 décembre, des retraités du secteur des télécommunications ont organisé des rassemblements simultanés dans plus d’une douzaine de provinces, dont Téhéran, Kermanshah, Hamedan, Tabriz, Ispahan, Gilan, le Kurdistan, Fars, le Lorestan, Hormozgan, Kerman et Zanjan.
Contrairement aux conflits sociaux habituels, les manifestants ont explicitement dirigé leur colère contre le comité pour « l’Exécution de l’ordre de l’Imam Khomeini » (EIKO ou Setad) et la « Fondation coopérative des Gardiens de la révolution » (Bonyad Taavon Sepah). Ces entités, qui contrôlent de vastes pans de l’économie iranienne, ont été accusées par les retraités de détourner les fonds destinés à leurs pensions.
À Téhéran, l’atmosphère était particulièrement tendue. Les retraités se sont rassemblés pour scander des slogans contre l’appareil de propagande du régime, criant : « Honte à notre télévision d’État ! », et dénonçant le silence des médias face à leur situation. Pendant ce temps, à Zanjan, malgré les fortes pluies, les retraités ont tenu bon, refusant de se disperser tant que leurs slogans contre « l’oppression et le pillage » du régime n’auraient pas été entendus. À Kermanshah, les manifestants ont exigé une enquête immédiate sur le pillage des ressources par les institutions dirigeantes.
Grèves et crise du système de santé
Le mécontentement ne se limitait pas aux retraités. À Kermanshah, le personnel de divers centres de santé et cliniques s’est rassemblé devant le bureau du gouverneur. Ce rassemblement s’inscrivait dans un mouvement national de protestation des personnels de santé contre le non-paiement de leurs salaires et la dégradation de leurs conditions de travail.
Simultanément, dans la ville portuaire stratégique de Chabahar, au sud-est de l’Iran, le secteur industriel a connu d’importantes perturbations. Les ouvriers du projet Mokran Steel ont entamé une grève après trois mois sans salaire. Un ouvrier gréviste a déclaré : « Les ouvriers de ce projet n’ont pas été payés depuis des mois, et les responsables ne font que retarder les paiements avec de vaines promesses et des mensonges sur le lendemain. »
Le choc des médicaments : une hausse de prix de 9 000 %
La manifestation la plus frappante de la crise économique s’est peut-être produite à Téhéran, où des citoyens se sont rassemblés devant les pharmacies pour protester contre la pénurie soudaine et l’explosion du prix du Cystagon, un médicament vital pour les patients atteints de certaines maladies génétiques.
Selon les manifestants, le prix du médicament est passé de 500 000 tomans à 45 millions de tomans en un seul mois, une augmentation vertigineuse qui le rend totalement inaccessible aux familles ordinaires. Des témoins rapportent que les forces de police sont intervenues pour disperser la foule en colère.
Cette crise fait suite à la suppression du taux de change préférentiel pour les médicaments importés. Le directeur général de l’Association iranienne de la thalassémie a averti que cette décision politique est à l’origine d’une « catastrophe », prévoyant que les coûts pour les patients atteints de maladies spécifiques seront multipliés par 4 à 12. « Nombreux sont ceux qui ne pourront plus se permettre d’acheter des médicaments essentiels », a-t-il averti.
Chute libre économique et déclencheur de la crise
Ces manifestations sont alimentées par une chute libre de la monnaie. Lundi, le dollar américain a franchi la barre des 126 000 tomans, tandis que la livre sterling a dépassé les 166 000 tomans. La pièce d’or « Emami » a quant à elle franchi le seuil des 134 millions de tomans.

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