Le 20 décembre, un citoyen autrichien d’origine tchétchène, qui avait été découvert en train d’espionner la chaîne londonienne Iran International en février, a été reconnu coupable d’avoir recueilli des informations « susceptibles d’être utiles à une personne commettant ou préparant un acte de terrorisme ». Les procureurs ont déclaré que Magomed-Husejn Dovtaev, 31 ans, avait filmé clandestinement les bureaux de la chaîne afin d’identifier les failles de sécurité susceptibles d’être exploitées par d’autres. Il sera condamné le 22 décembre.
Par ailleurs, une enquête menée par la chaîne britannique ITV News a révélé que des espions iraniens avaient offert 200 000 dollars à un passeur de clandestins pour qu’il cible le site d’Iran International avec une voiture piégée. Lorsque ce plan s’est avéré trop difficile, ils ont décidé de viser deux présentateurs, avec l’intention de les poignarder pour que d’autres personnes travaillant pour la chaîne « apprennent une leçon ».
L’Iran a qualifié Iran International d’ennemi de la République islamique et a déclaré que toute personne liée à la chaîne serait considérée comme une menace pour la sécurité nationale. Les menaces pesant sur les journalistes basés au Royaume-Uni sont devenues si sérieuses qu’en février, la police britannique a conseillé à la chaîne de cesser d’émettre jusqu’à ce qu’elle puisse s’installer dans un lieu plus sûr. Elle n’a repris ses émissions qu’en septembre.
« Les informations révélées au tribunal et par ITV confirment ce que nous savons déjà à RSF : l’Iran ne recule devant rien pour intimider les journalistes, à l’étranger comme dans le pays. C’est une bonne nouvelle que ces complots aient été déjoués, mais ils ne seront pas les derniers. Le gouvernement britannique doit redoubler d’efforts pour mettre un terme aux attaques effrontées de l’Iran et veiller à ce que des garanties adéquates soient mises en place pour protéger les journalistes.
Fiona O’Brien
Directrice du bureau britannique de RSF
L’Iran s’en prend depuis longtemps aux journalistes à l’étranger, en utilisant une série de tactiques en ligne et hors ligne, y compris des attaques physiques directes, des sanctions économiques, des abus en ligne et le harcèlement des membres de la famille. RSF a constaté une augmentation du niveau de menace depuis 2022, lorsque la mort de Mahsa Amini et les manifestations qui ont suivi ont placé l’Iran – et les médias qui le couvrent – sous les feux de la rampe internationale.
Londres est un point chaud pour l’intimidation, car c’est là que se trouvent plusieurs grands radiodiffuseurs en langue persane. Des journalistes d’Iran International, de BBC Persian et de Manoto TV, ainsi que des Iraniens exilés travaillant pour de plus petites publications, ont tous fait l’objet d’abus et d’intimidations inacceptables.
Le recours à des tiers, souvent des bandes criminelles sans lien évident avec Téhéran, est une tactique connue de l’Iran. L’enquête d’ITV News a toutefois permis de remonter le fil du complot contre Iran International jusqu’au Corps des gardiens de la révolution islamique d’Iran (les pasdarans) et d’affirmer qu’il avait été commandité par Damas. Le complot a finalement été déjoué parce que le passeur de clandestins transmettait des informations à une agence de sécurité occidentale dont le nom n’a pas été révélé.
Iran International a déclaré que la condamnation de Dovtaev envoyait un message clair selon lequel les menaces contre les journalistes ne seraient pas tolérées. « Nos journalistes continueront à fournir les informations indépendantes et non censurées que le peuple iranien mérite », a déclaré Adam Baillie, porte-parole d’Iran International. « Nous sommes reconnaissants à la police métropolitaine pour tout ce qu’elle fait pour assurer notre sécurité.
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