mercredi 17 décembre 2025

Crises orchestrées et avenir brisé : comment le régime iranien détruit le savoir et le capital humain

 Du chômage massif des jeunes diplômés à la hausse des addictions chez les étudiants, les données officielles révèlent une stratégie délibérée d'épuisement social sous le régime clérical.

Le régime iranien ne gouverne plus ; il survit, englué dans des crises qu'il a lui-même provoquées et maintenu en vie par une usure quotidienne. Rapports, statistiques et même aveux d'experts proches du régime confirment une tactique constante : plier la société sous des pressions artificielles jusqu'à ce qu'elle perde toute capacité de résistance.

Les conséquences destructrices de ces crises orchestrées vont bien au-delà des difficultés temporaires, érodant les infrastructures économiques et démantelant systématiquement le capital humain de l'Iran.

Une illustration saisissante, parue dans Jahan-e Sanat le 16 décembre 2025, documente la futilité croissante de l'éducation et de l'expertise sous le régime clérical. Ce rapport dépeint un pays où la raison, l'esprit critique et le mérite scientifique sont marginalisés dans la vie publique, tandis que l'ignorance, la recherche de rentes et la corruption institutionnalisée prospèrent sous la domination autoritaire du clergé.

Ce qui reste visible au public, ce sont des statistiques soigneusement filtrées – suffisamment édulcorées pour passer la censure tout en révélant une crise profonde. Selon les données officielles du Centre statistique iranien, environ deux millions de personnes sont au chômage dans tout le pays, dont près de 800 000 diplômés de l’université.

Autrement dit, en Iran, une personne sans emploi sur deux possède un diplôme d'études supérieures. La situation est encore plus alarmante pour les femmes : sur 681 000 femmes sans emploi, environ 430 000 – soit près de 70 % – sont titulaires d'un diplôme universitaire.

Ces chiffres révèlent le caractère creux des slogans du régime en matière d'éducation et de développement, et mettent à nu une économie incapable d'assimiler les connaissances ou de récompenser la compétence.

Jahan-e Sanat attribue cet effondrement à une « forte baisse de la croissance des investissements et à une augmentation des migrations », un diagnostic minimal qui masque en réalité la destruction des fondements économiques, sociaux et humains du pays. Les capitaux fuient, les talents émigrent et ceux qui restent voient leurs perspectives se dégrader de façon délibérée, et non accidentelle.

La dégradation ne s'arrête pas à l'emploi. Le 15 décembre 2025, la télévision publique du régime de Téhéran a diffusé les propos de Soleiman Abbasi, directeur général du traitement au quartier général de la lutte contre les stupéfiants, reconnaissant la propagation de la toxicomanie parmi les étudiants.

Abbasi a reconnu : « Cinq pour cent des étudiants universitaires sombrent dans la toxicomanie. Nous allons certainement faire face à une crise majeure à l’avenir. La toxicomanie est plus fréquente chez les femmes et les jeunes filles. Elle existe aussi chez les lycéens. La situation est préoccupante. L’âge de la toxicomanie diminue. »

Il ne s'agit pas d'échecs isolés ; ce sont les conséquences interdépendantes de politiques délibérées qui marginalisent le savoir, entravent les perspectives d'avenir et banalisent le désespoir. En poussant les jeunes diplômés vers le chômage et la marginalisation sociale, le régime neutralise de fait les forces mêmes capables de façonner un avenir différent.

Ce qui ressort de ces rapports, c'est la réalité d'une guerre asymétrique et permanente entre la société et le pouvoir en place. Alors que le régime se trouve face à des impasses politiques, économiques et internationales majeures, il maintient la société dans un état de détresse permanent – ​​accablée par les crises qu'il a lui-même engendrées – afin de retarder l'échéance et de préserver son emprise sur le pouvoir.

Un flot croissant de reportages écrits et visuels sonne désormais comme un avertissement au peuple iranien. Le message est sans équivoque : la survie et le renouveau exigent de se relever, de rejeter la paralysie imposée et de saisir une occasion historique de débarrasser l’Iran d’un système clérical qui se nourrit de la décadence.

Le choix qui se présente à la société n'est plus entre réforme et stagnation, mais entre l'érosion continue et la reconquête d'un avenir délibérément pris en otage par un régime autoritaire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire