lundi 15 décembre 2025

La mauvaise gestion de l'eau par le régime iranien menace de faire s'effondrer près de la moitié du pays.

 Les autorités reconnaissent que l'affaissement des sols à l'échelle nationale menace les villes, les infrastructures et le patrimoine ancien, conséquences de décennies de négligence du régime.

De hauts responsables du régime iranien reconnaissent désormais ouvertement une crise d'affaissement des sols à l'échelle nationale, crise que les experts attribuent directement à une mauvaise gestion chronique des ressources en eau, à une extraction effrénée et à des années d'échecs politiques. Pourtant, ces aveux interviennent alors qu'une grande partie des dégâts est déjà irréversible.

Le 14 décembre, le directeur de l'Organisation nationale de cartographie iranienne a déclaré à l'agence de presse ILNA, proche du régime, que la quasi-totalité du pays était touchée. « Presque toutes les régions, à l'exception des provinces bordant la mer Caspienne comme le Gilan, subissent des affaissements de terrain à des degrés divers », a admis Eskandar Seydaii.

Seydaii attribue ce phénomène à des sécheresses répétées et à un prélèvement excessif d'eau. Cependant, des voix critiques soulignent que la sécheresse à elle seule ne suffit pas à expliquer l'ampleur de la crise. Le facteur déterminant réside dans l'incapacité persistante du régime iranien à réglementer l'utilisation des eaux souterraines, à faire respecter les normes environnementales et à moderniser ses pratiques de gestion de l'eau.

Dans cette même interview, un député de l'Organisation de la planification et du budget du régime a décrit la situation en termes alarmants, exigeant un arrêt immédiat des prélèvements d'eau dans les zones déjà sinistrées. Il a averti que même les villes seraient bientôt soumises à des restrictions strictes, voire à des interdictions pures et simples, en matière de prélèvement d'eau. Ces déclarations soulignent la gravité d'une crise qui a largement dépassé le cadre des zones rurales pour toucher les grands centres urbains.

Des avertissements antérieurs émanant de responsables environnementaux proches du régime dressent un tableau encore plus alarmant. Un conseiller de haut rang de l'Organisation iranienne de protection de l'environnement a révélé que l'affaissement des sols atteignait jusqu'à 40 centimètres par an dans certaines régions. À titre de comparaison, à l'échelle mondiale, seulement 5 % environ des zones d'affaissement connues dépassent 10 centimètres par an, ce qui souligne la gravité de la situation en Iran.

Ali Beitollahi, s'exprimant auprès de l'agence de presse officielle IRNA le 12 décembre, a reconnu que l'Iran avait prélevé de l'eau bien au-delà des limites durables ces dernières années, surpassant de nombreux autres pays en matière de surexploitation.

D'après son évaluation, l'Iran se classe troisième au niveau mondial, après la Chine et les États-Unis, en matière d'épuisement des eaux souterraines, et troisième après la Chine et l'Indonésie pour la superficie totale des zones d'affaissement. Surtout, il a souligné que l'Iran détient le triste record du plus grand nombre de zones d'affaissement rapide au monde.

Les cas les plus graves concernent la région de Bahreman, près de Rafsanjan, où l'affaissement atteint 40 centimètres par an. La province d'Alborz méridional suit avec 35 centimètres par an, tandis que le sud-ouest de Téhéran enregistre environ 30 centimètres. Des provinces comme Qom, Golestan et Khorasan Razavi subissent des taux d'affaissement annuels de 20 à 22 centimètres.

Beitollahi a averti que, qu'elle soit soudaine ou progressive, la subsidence aurait des conséquences dévastatrices. « Toutes les infrastructures de surface sont touchées », a-t-il déclaré, notamment les bâtiments résidentiels, les sites historiques, les lignes de transport d'énergie et de carburant, les réseaux d'eau et d'assainissement, les voies ferrées, les routes et les aéroports. Il ne s'agit pas seulement d'un problème environnemental, mais d'une menace directe pour la sécurité publique et la stabilité économique.

S'intéressant plus particulièrement au 18e arrondissement de Téhéran, Beitollahi, qui dirige également le département d'évaluation des risques au Centre de recherche sur les routes, le logement et le développement urbain du régime, a confirmé que les autorités avaient déjà mis en garde contre les risques d'affaissement dans la zone du canton de Valiasr.

Il a déclaré que le prélèvement d'eau souterraine pour approvisionner Téhéran en eau potable avait triplé le taux d'affaissement ces deux dernières années par rapport aux périodes précédentes. Bien que le processus ait été globalement progressif, un effondrement soudain a également été enregistré jeudi soir, soulignant le caractère imprévisible et dangereux de la crise.

L'exploitation intensive de sable et de gravier dans la région aggrave encore les risques, créant d'immenses excavations, dont certaines atteignent 40 mètres de profondeur et sont comparables en superficie à des stades de football. Beitollahi a également mis en garde contre la ligne ferroviaire Téhéran-Tabriz traversant la zone, soulignant que les alertes répétées adressées aux autorités ferroviaires n'ont pas entraîné de surveillance adéquate ni de mesures préventives.

Les experts estiment que 18,5 millions d'hectares, soit environ 11 % de la superficie totale de l'Iran, sont actuellement touchés par l'affaissement des sols. Près de 39 millions de personnes, soit la moitié de la population iranienne, vivent dans ces zones vulnérables. Cette crise menace également des sites du patrimoine culturel irremplaçables, tels que Persépolis, Naqsh-e Rostam et Naqsh-e Jahan, mettant ainsi en péril des siècles d'histoire.

Prises ensemble, ces révélations dressent un constat alarmant : la mauvaise gestion environnementale du régime iranien a plongé le pays dans l’une des crises d’affaissement de terrain les plus graves au monde. Si les autorités émettent désormais des avertissements et des recommandations, des années de négligence, de corruption et de politiques à court terme ont laissé des millions de vies, des infrastructures essentielles et le patrimoine national menacés par l’effondrement du sol.

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