vendredi 19 décembre 2025

Effondrement du système de santé en Iran : quand la maladie devient un chemin vers la pauvreté

 L'inflation médicale galopante, les systèmes d'assurance inefficaces et les priorités du régime poussent les retraités et les patients vers la ruine financière.

Alors que le dirigeant du régime iranien continue de se vanter des « progrès » et de la « résilience de la nation pour l'honneur islamique », la réalité vécue par des millions de travailleurs, d'employés, de retraités et de patients raconte une histoire tout autre.

Partout au pays, le système de santé se désagrège, les coûts des traitements sont directement répercutés sur les ménages et la maladie est devenue un facteur déclencheur de pauvreté, de liquidation de biens et même d'éclatement familial.

Le lundi 15 décembre 2025, alors que des dizaines de manifestations de retraités éclataient à travers le pays pour protester contre leurs conditions de vie et leurs prestations, les médias nationaux ont rapporté que les retraités de la Sécurité sociale étaient désormais confrontés à ce qui a été décrit comme un « tsunami d'inflation médicale ». Cette crise n'est plus abstraite ni progressive ; elle est immédiate, mesurable et dévastatrice.

Les données officielles du Centre statistique iranien indiquent une inflation des dépenses de santé atteignant 48,2 %. Le septième plan de développement du régime prévoyait pourtant une baisse des dépenses médicales à la charge des patients à 35 %.

Ce sont désormais les retraités qui supportent près de 70 % des coûts de traitement. Cela représente un triplement du fardeau financier pour une population qui survit généralement grâce à des pensions mensuelles de 10 à 15 millions de tomans, des montants déjà fortement érodés par l'inflation chronique.

Ces flambées des coûts ont transformé le traitement des maladies graves en un véritable cauchemar économique. Selon l'ILNA, lorsqu'un traitement complet contre le cancer atteint 900 millions de tomans, même une participation forfaitaire de 30 % représente 270 millions de tomans à la charge directe du patient.

Pour un retraité au revenu minimum, cela n'est possible qu'en vendant sa maison ou en épuisant toutes ses économies, ce qui contraint souvent les patients à abandonner tout traitement. En pratique, le prétendu « droit aux soins de santé » est devenu un privilège de classe.

Parallèlement, des entreprises affiliées à l'Organisation de la sécurité sociale font la promotion de programmes tels que « l'assurance complémentaire » ou « l'assurance complémentaire dorée », en vantant une « couverture illimitée ».

En réalité, ces plans imposent des cotisations encore plus élevées aux retraités. Les militants syndicaux et les défenseurs des retraites affirment que ces initiatives ne constituent pas des solutions, mais des tentatives de légitimer le prélèvement de contributions supplémentaires auprès de citoyens dont les soins devraient, de par la loi, être intégralement pris en charge.

Parviz Ahmad Panjaki, membre du Conseil supérieur des retraités de la sécurité sociale, affirme que l'assurance maladie de base a pratiquement perdu toute sa raison d'être. Les hôpitaux publics, vétustes et sous-financés, ne sont plus en mesure d'assurer des services adéquats.

Il souligne que les retraités qui recherchent une couverture complémentaire pour eux-mêmes et leurs familles pourraient être contraints de payer jusqu'à six millions de tomans par mois en primes, un montant totalement incompatible avec les revenus d'une pension.

La crise des retraités n'est pourtant qu'un aspect d'un effondrement plus vaste du système de santé. Ces dernières semaines, l'Association iranienne de la thalassémie a alerté sur le fait que la suppression des subventions pour les médicaments et le matériel médical a fait exploser le prix des médicaments essentiels, le multipliant par quatre à douze.

Certaines familles, désespérées de poursuivre le traitement de leurs enfants, auraient eu recours à la vente de reins ou de cornées – un témoignage effroyable de la dégradation morale et économique d’un système qui prétend encore défendre la « justice sociale ».

Dans le même temps, des sources internes à l'industrie pharmaceutique font état de rayons de pharmacies vides, de dettes accumulées envers le gouvernement et les assurances dépassant 150 billions de tomans et de la faillite de milliers de pharmacies.

Mohammad Abdehzadeh, président de la Commission de l'économie de la santé à la Chambre de commerce de Téhéran, a averti que les trois derniers mois de l'année 1404 (année persane) pourraient constituer la période la plus critique pour le secteur pharmaceutique iranien depuis des décennies. Il souligne surtout que les racines de cette crise ne résident pas uniquement dans les sanctions, mais aussi dans l'inefficacité structurelle et les priorités fondamentalement erronées du régime.

Ce qui aggrave encore la situation, c'est la chute libre de la monnaie nationale. Un dollar qui s'échange à 131 000 tomans et une pièce d'or qui vaut 144 millions de tomans montrent clairement que, même lorsque les médicaments sont disponibles, de larges pans de la société ne peuvent se les procurer.

Un salaire minimum mensuel de 83 dollars, combiné à une inflation galopante des prix des produits alimentaires et des soins de santé, a plongé des millions de personnes dans une lutte quotidienne pour la survie, ce qui se traduit par une augmentation des vols, des suicides et l'érosion de la sécurité sociale.

Malgré cela, le régime iranien continue d'invoquer des « contraintes financières » pour justifier ses agissements. Cet argument paraît fallacieux au vu des récentes déclarations du Trésor américain indiquant que Téhéran a versé au moins un milliard de dollars au Hezbollah au Liban au cours de l'année écoulée.

Pour les Iraniens ordinaires, la question est inévitable : s'il n'y a pas d'argent pour les patients âgés, les personnes atteintes de thalassémie ou le traitement du cancer, comment de telles ressources considérables sont-elles trouvées — et priorisées — pour des agendas extérieurs ?

Les militants des secteurs des retraités, des travailleurs et de la santé insistent sur le fait que la crise sanitaire en Iran n'est plus un problème passager. La vente forcée des biens par les retraités, le choix cruel imposé aux patients entre traitement et mort, et la désintégration des familles sont le résultat cumulatif d'années durant lesquelles les ambitions idéologiques, sécuritaires et régionales ont primé sur le bien-être public.

Dans ce contexte, les coûteux régimes d'assurance complémentaire ne sont pas des signes de soutien, mais la preuve tangible du désengagement du régime face à ses responsabilités les plus fondamentales envers le peuple qu'il gouverne.

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