mercredi 29 août 2018

Anatomie de la répression en Iran


iran pasdaran Le système qui combat les manifestations en Iran ne se compose pas seulement de la police et des forces de l'ordre officielles.
Elle englobe les forces paramilitaires, les organes du renseignement, les unités opérationnelles, les organes judiciaires, les médias, les mécanismes de propagande et même les structures financières.

Premier niveau : Les renseignements
La République islamique reconnaît officiellement l'existence de 16 organisations différentes du renseignement, chacune ayant un rôle différent dans la répression de la dissidence.
Quatre d'entre elles ont été particulièrement actives au cours de la dernière décennie. Le ministère du renseignement, l'unité du renseignement de la police de la République islamique, le service de contre-espionnage du département de la justice et l'organisation du renseignement des pasdarans. Le rôle réel de ces acteurs principaux dépend, à n’importe quel moment, de la synchronisation interne des forces du régime et de la relation entre le pouvoir exécutif, dirigé par le président et le bureau du Guide suprême et son allié, les pasdarans.
L'unité du renseignement des pasdarans a pris de l’importance au cours de la dernière décennie, alors que son statut est passé d’une direction à celui d’une organisation. En conséquence, la répression des opposants au régime s’est intensifiée. Dans de nombreux cas, il est évident que l'organisation du renseignement des pasdarans a plus de pouvoir que le ministère du renseignement.
Deuxième niveau : Les opérations
Les quatre groupes suivants jouent un rôle opérationnel clé dans la répression des mouvements de protestation :
• La police régulière
• Les forces spéciales de la police
• Les forces bassij sous le commandement des pasdarans
• Les pasdarans eux-mêmes, en particulier les unités de sécurité de l’Imam Ali.
Selon l'estimation de la menace du régime à partir d'une manifestation donnée, la composition des forces opérationnelles change toujours. Dans certains cas, des forces de police régulières sont déployées, alors que dans d’autres, les forces Bassij ou les unités lourdement armées des pasdarans entrent en scène.
Troisième niveau : Le pouvoir judiciaire
Les organes judiciaires, composés d’interrogateurs, de procureurs, de juges et d’autorités pénitentiaires, sont chargés d’établir des procédures judiciaires contre les opposants et de rendre des verdicts allant de l’amende à l’emprisonnement en exil.
Les opposants au régime disent que de nombreux responsables judiciaires sont en fait sous le contrôle des organes du renseignement. Les interrogateurs sont tous des officiers du renseignement et les juges doivent souvent suivre leurs désirs vis-à-vis des dissidents.
Quatrième niveau : Les médias
Une multitude de médias contrôlés par les pasdarans, les forces Basij, le pouvoir judiciaire et la télévision officielle contrôlée par le Guide suprême s'unissent pour contribuer à réprimer la dissidence.
Les opposants au régime maintiennent que ces organes travaillent en étroite coopération avec les services du renseignement et d’autres organisations pour créer une atmosphère propice à une action contre les manifestants. Par exemple, la télévision d’État diffuse régulièrement des « aveux » de militants dans une tentative de retourner l’opinion publique contre eux.
Les critiques du régime iranien disent également que les médias ont récemment, considérablement développé leurs activités de propagande, produisant des films et des documentaires avec des budgets considérables.
Cinquième niveau : Les forces fidèles en civil
Au cours des cinq grandes vagues de protestation, des individus en civil fidèles au régime ont joué un rôle majeur dans le contrôle des manifestations.
Ces personnes, formées en groupes organisés, sont généralement vues en première ligne avec les manifestants et sont généralement plus actives et motivées que le personnel en uniforme.
En près de trois décennies, depuis l’apparition de ces partisans du régime dans les affrontements de rue, leurs tactiques, leurs systèmes de commandement et de contrôle, leur organisation, ainsi que leurs tactiques d’attaque physique ont évolué et se sont sophistiquées.
Sixième niveau : Les moyens financiers et logistiques
Le régime finance sa suppression de la dissidence de deux manières.
La première concerne les dépenses de budget ordinaire du gouvernement sous la forme de postes en chaîne pour les forces de police spéciales, le Bassij, les organes du renseignement, les pasdarans et les médias officiels.
La comparaison des budgets gouvernementaux au fil des ans montre que les crédits alloués à ces agences ont régulièrement augmenté. Chaque fois qu'ils se voyaient confier une tâche supplémentaire en matière de contrôle des opposants et de dissidence, leur budget augmentait proportionnellement.
Par exemple, le service du renseignement de l’IRGC étant passée du statut d’ « unité» au statut d' « organisation » et assumant un rôle central dans la répression, un budget distinct lui a été alloué. Il en va de même pour l’extension de l’organisation du Bassij et des médias.
Le second est le financement non officiel des groupes des partisans du régime, sans uniformes. Leur budget reste caché dans les crédits budgétaires pour les organes officiels, tels que les organismes de renseignement et les pasdarans.
L'État fournit également divers mécanismes de soutien financier à des groupes fidèles, certains provenant d'institutions religieuses et de mosquées. 
Source : Radio Farda - 09 août 2018

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