Keyomars Marzban, un satiriste de 26 ans, a été détenu au secret à la prison d’Evine à Téhéran, en Iran et n’a pas eu accès à un avocat depuis que les pasdarans l’ont arrêté, le 26 août 2018.
« Lorsqu'il a quitté l'Iran en 2009, il a vécu quelques années en Malaisie et quelques mois en Géorgie. Il n’a jamais voyagé aux États-Unis », a déclaré le 19 septembre 2018 au Centre pour les droits de la personne en Iran (CHRI), une source connaissant l’affaire de Marzban.
Les sources ayant témoigné de ce rapport ont requis l'anonymat pour des raisons de sécurité.
« Vous ne pouviez pas trouver une personne plus inoffensive et plus douce que Keyomars à harceler ? », a tweeté le 17 septembre un autre satiriste iranien, Sharagim Zand.
« Le président Hassan Rohani et ses partisans disent que les expatriés iraniens devraient revenir au pays et travailler ici, mais ce qu’ils veulent, c’est une cible facile pour attaquer et fabriquer des charges contre eux, dans un autre spectacle putride des institutions de la sécurité du régime », a ajouté Zand.
Marzban n'est pas un binational. Il n’a eu aucun problème lors de son premier retour en Iran, il y a environ un an lorsqu’il a rendu visite à sa grand-mère malade.
Le 12 septembre, un site Web affilié aux pasdarans, Edalatkhahan (chercheurs de justice), a affirmé que Marzban s'était rendu aux États-Unis avec l'intention de lancer un média anti-iranien « visant à enflammer la population et à créer des divisions sociales ».
Edalatkhahan a accusé Marzban de travailler avec Freedom House, une organisation de défense des droits humains basée à Washington, afin d’attirer des artistes et des célébrités iraniens vers des causes d’opposition.
Le 26 août, les pasdarans ont arrêté Marzban à son domicile et ont confisqué son ordinateur portable, son téléphone portable et d’autres effets personnels. Depuis lors, il n'a passé qu'un bref appel téléphonique à sa famille sans mentionner son arrestation, selon la source.
« Keyomars aime écrire et, bien qu’il soit très jeune, il a beaucoup évolué ces dernières années », a déclaré un de ses amis au CHRI. « Il n'a aucune sympathie politique envers les individus ou les groupes politiques et sa principale passion est d'écrire et d'être impliqué dans des activités littéraires ».
« Nous sommes choqués qu’il ait été arrêté », a ajouté son ami.
Le 17 avril, Marzban a accordé une interview à l’Agence de presse des étudiants iraniens (ISNA), financée par l’État, au sujet de ses leçons privées d’écriture et de ses expériences à l’étranger.
« Les Iraniens ont des espoirs et des rêves très limités », a-t-il déclaré. « Leur plus grand rêve c’est que les problèmes économiques se résolvent et tout ce à quoi ils pensent, ce sont leurs affaires quotidiennes. Mais lorsque j'ai interrogé des gens dans d'autres pays à ce sujet, j'ai réalisé que l'imagination et réaliser ses rêves étaient une chose très importante ».
Marzban a commencé sa carrière artistique en réalisant des courts métrages. Alors qu'il vivait en Malaisie, il a animé un podcast de comédie intitulé « Radio Sangetab » et en 2014, il a publié un livre de nouvelles intitulé Kham Bodam Pokhteh Shodam Balkeh Pasandideh Shodam (J'étais grossier, je suis devenu fin et agréable).
Le satiriste, Mahmoud Farjami, qui vit en exil en Europe, a tweeté : « Ils ont arrêté Keyomars Marzban ? Pour quel crime exactement ? Célébrités « mensongères » ? Ceux qui l'accusent de choses aussi ridicules sont-ils retardés ? Je ne demanderai pas s'ils ont une conscience… (Au fait, Keyomars n'a jamais voyagé aux États-Unis et il n'a que vingt ans) ».
Les forces de sécurité iraniennes ont accusé de nombreux citoyens ayant des liens avec des pays étrangers, d'espionnage, avec peu de preuves, et en fin de compte ont réussi à les enfermer pendant des années sur des accusations de sécurité nationale inventées de toutes pièces.
En mars 2018, des agents du ministère du renseignement iranien ont arrêté une iranienne, qui est employée par le British Council, Aras Amiri, et l’ont détenue pendant deux mois sans accès à son avocat.
Selon une étude du CHRI, au moins 12 ressortissants étrangers et binationaux, ainsi que des résidents permanents étrangers, ont été emprisonnés en Iran en septembre 2018.
Source : CHRI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire