L'Orient-le-Jour - Pour la seconde fois depuis mai dernier, le Maroc accuse, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita, l’Iran, par le biais du Hezbollah, de soutenir militairement le Polisario, ce mouvement indépendantiste au Sahara occidental.
Le chef de la diplomatie marocaine indique par ailleurs que la relocalisation de l’ambassade du royaume au Liban visait spécifiquement à sortir la représentation diplomatique de la banlieue sud, dominée par le Hezbollah, pour l’installer dans « un quartier sunnite ». « Le Maroc a rapatrié une partie de son personnel diplomatique », précise-t-il. Le ministre s’étend aussi sur l’influence grandissante de l’Iran en Afrique du Nord, en Afrique de l’Ouest et auprès des Marocains en Europe, via le parti libanais. Une source du Hezbollah interrogée par L’Orient-Le Jour nie toutes ces accusations en bloc, les qualifiant de « sans fondement ».
M. Bourita, dont le pays a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran, a tenu ces propos dans une longue interview accordée au média américain ultraconservateur Breitbart News, connu pour être proche de l’administration Trump et qui avait été dirigé dans le passé par Steve Bannon, ancien conseiller stratégique du président américain, limogé en août 2017. Le ministre y déclare d’ailleurs sans ambages le soutien de son pays à la politique américaine sur l’Iran et « espère coopérer avec l’administration Trump pour bloquer la montée en puissance de l’Iran dans la région ».
M. Bourita, dont le pays a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran, a tenu ces propos dans une longue interview accordée au média américain ultraconservateur Breitbart News, connu pour être proche de l’administration Trump et qui avait été dirigé dans le passé par Steve Bannon, ancien conseiller stratégique du président américain, limogé en août 2017. Le ministre y déclare d’ailleurs sans ambages le soutien de son pays à la politique américaine sur l’Iran et « espère coopérer avec l’administration Trump pour bloquer la montée en puissance de l’Iran dans la région ».
Cette interview, accordée à Bucarest, au cours d’une tournée du ministre, et publiée le 16 septembre, est intervenue juste avant un déplacement de M. Bourita à Washington, où il a rencontré lundi son homologue américain Mike Pompeo. Et son message a visiblement été entendu. Les deux responsables « ont examiné les opportunités visant à élargir la forte coopération sécuritaire entre les deux pays, y compris les efforts communs visant à mettre fin au soutien de l’Iran au terrorisme et contrer son influence néfaste dans la région », selon un communiqué officiel publié à l’issue de l’entretien. Qui plus est, l’interview a été accordée à Caroline Glick, journaliste et lobbyiste israélo-américaine. Pour le média marocain Le Desk, cette interview relève de l’exercice de communication, alors qu’elle intervient aussi à la veille de la 73e Assemblée générale des Nations unies où le ministre marocain devrait intervenir sur ce sujet précis, mais aussi à quelques semaines de l’examen du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l’organisation dun référendum au Sahara occidental) par le Conseil de sécurité. Le prochain rapport du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, est attendu pour le 28 septembre.
« Menace militaire ou menace économique »
Dans l’interview-fleuve, Nasser Bourita donne des détails sur la rupture des relations avec l’Iran depuis mai 2018. En mai, le chef de la diplomatie marocaine accusait déjà le Hezbollah d’approvisionner le Polisario en armes iraniennes par le biais d’un membre du corps diplomatique iranien basé en Algérie (voir L’OLJ du 3 mai 2018). Il avait soutenu que les éléments du Hezbollah se rendaient régulièrement dans les camps de Tindouf, au sud-ouest de l’Algérie, à quelques kilomètres du Sahara occidental, pour former des combattants du Polisario. Des relations qui auraient commencé en 2016, selon lui.
Le ministre marocain rappelle qu’en mars 2017, le Maroc a arrêté Kassem Tajeddine, considéré comme un pivot financier du Hezbollah, suite à un mandat d’Interpol, avant de l’extrader vers les États-Unis. Tajeddine blanchissait de l’argent en Afrique. Il insiste sur le fait que « le Hezbollah dirige des opérations financières majeures en Afrique du Nord et de l’Ouest pour le compte de l’Iran ». « Vous considérez le Hezbollah comme une menace militaire, en Afrique nous le voyons aussi comme une menace économique », martèle-t-il. Le média précise d’ailleurs que le ministre marocain lui a fourni « un document détaillant les vastes contacts établis entre le Hezbollah et les dirigeants du Polisario à Beyrouth et en Algérie ».
Ce serait suite à l’arrestation de Tajeddine que l’Iran et le Hezbollah auraient intensifié leur soutien au Polisario, selon M. Bourita qui affirme qu’ils ont livré des missiles SAM-9 et SAM-11 sol-air aux camps d’entraînement du Polisario. Il raconte qu’ayant confronté les Iraniens avec ces preuves au cours d’une visite à Téhéran, il a constaté le manque de coopération de son interlocuteur, et Rabat a choisi de rompre ses relations avec ce pays. Il ajoute que, suite à ces révélations en mai, « il a été recommandé aux personnes concernées de ne pas parler avec l’accent libanais et d’être plus discrètes lorsqu’elles se rendent à Tindouf, des recommandations émanant principalement d’Algérie », accusée par le Maroc de soutenir le Polisario.
Toujours selon le ministre marocain, c’est à cette même époque que l’ambassade du Maroc au Liban s’est sentie menacée, ce qui a poussé Rabat, selon lui, à décider une relocalisation. « Nous déménageons notre ambassade dans un quartier sunnite de Beyrouth et avons sollicité une coordination avec des amis pour assurer sa protection », ajoute-t-il.
Source : L'Orient-le-Jour
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire