Les forces de sécurité persistent impitoyablement dans leur recours généralisé à la force meurtrière illégale, affichant une intention claire de tuer ou de mutiler les manifestants dans leur volonté de réprimer à tout prix le soulèvement populaire. Depuis le 15 novembre, ils ont également intensifié leur utilisation exclusive de balles réelles pour disperser les manifestations dans les provinces peuplées de Kurdes et d’autres minorités ethniques opprimées.
« Lors de la session spéciale sur l’Iran du 24 novembre, les États membres du Conseil des droits humains des Nations unies ont l’occasion d’amplifier les appels lancés par les Iraniens qui continuent de risquer leur vie pour protester en faveur des droits humains, de la liberté et de l’obligation de rendre des comptes pour les meurtres de manifestants. Il est horrible que tant d’hommes, de femmes et d’enfants aient payé le prix ultime pour leurs cris en faveur d’un avenir plein d’espoir et respectueux des droits », a déclaré Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnesty International.
« La situation en Iran appelle une résolution solide établissant un mécanisme indépendant d’enquête et d’obligation de rendre des comptes sur l’Iran, afin de recueillir et de préserver les preuves des crimes, de lutter contre l’impunité et d’envoyer un message clair aux autorités iraniennes : leurs crimes au regard du droit international ne resteront plus impunis. »
Depuis que les manifestations ont éclaté à la mi-septembre, Amnesty a enregistré les noms et les coordonnées de 305 personnes, dont au moins 41 enfants, tuées par les forces de sécurité. Au cours de la seule semaine dernière, Amnesty International a recensé 53 hommes, 2 femmes et 5 enfants tués dans 10 provinces iraniennes, la majorité (42) dans des zones peuplées de Kurdes. Les membres des minorités ethniques opprimées en Iran, notamment les Baloutches et les Kurdes, ont été les premières victimes de la répression brutale exercée par les forces de sécurité. Les enquêtes sur l’identité des personnes tuées se poursuivent, et le nombre réel de victimes serait bien plus élevé.
Plus de deux mois après le début du soulèvement populaire, l’impunité systématique a enhardi les autorités iraniennes non seulement à continuer de déployer illégalement la force meurtrière, mais aussi à recourir à la peine de mort comme outil d’intimidation et de répression politique. Depuis la fin du mois d’octobre 2022, les autorités ont requis la peine de mort dans le cadre de procès manifestement inéquitables menés par des tribunaux révolutionnaires à l’encontre d’au moins 21 personnes, toutes inculpées en lien avec les manifestations, des appels inquiétants ayant été lancés par des responsables pour accélérer les procédures et les exécuter en public.
Dans le but d’affaiblir le soutien international en faveur de la session extraordinaire et de la mise en place d’un mécanisme d’enquête au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, les autorités iraniennes ont prétendu à tort qu’elles atténuaient leur répression et menaient des enquêtes.
Les exécutions illégales se poursuivent sans relâche
Depuis le 15 novembre 2022, les forces de sécurité iraniennes ont continué à faire un usage généralisé de la force illégale – y compris de la force meurtrière – contre les manifestants, tuant au moins 60 personnes dans les provinces de Bushehr, d’Azerbaïdjan oriental, d’Ispahan, de Fars, de Gilan, d’Hormozgan, de Kermanshah, du Khouzistan, du Kurdistan et d’Azerbaïdjan occidental. Des manifestants, des passants et des personnes assistant aux funérailles de manifestants figurent tous parmi les morts.
Le 20 novembre, les forces de sécurité ont tué au moins deux enfants, tous deux âgés de 16 ans : Baha’aldin Veisi à Javanroud, dans la province de Kermanshah, et Karwan Ghader Shokri à Piranshahr, dans la province de l’Azerbaïdjan occidental. Quelques jours auparavant, le 16 novembre, les forces de sécurité ont tué illégalement au moins trois enfants. Elles ont abattu Kian Pirfalak, 10 ans, et Artin Rahmani, 14 ans, à Izeh, dans la province du Khouzistan, tandis que Danial Pabandi, 17 ans, a été tué par les forces de sécurité lors d’une manifestation à Saqqez, dans la province du Kurdistan.
La semaine dernière, cela faisait trois ans que les forces de sécurité avaient tué des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants lors de manifestations organisées dans tout le pays en novembre 2019. Les manifestations organisées pour marquer cet anniversaire se sont heurtées à la force illégale des forces de sécurité et à de nouveaux meurtres, le tout dans un contexte de perturbations d’Internet et des réseaux mobiles.
Cette semaine, alors que les États membres du Conseil des droits humains de l’ONU se préparent à la session extraordinaire de jeudi, les forces de sécurité du pays continuent de déchaîner un barrage de balles contre des hommes, des femmes et des enfants, tout en appliquant des coupures de téléphone portable et d’Internet pour dissimuler leurs crimes au monde entier. Ces schémas consistant à tuer des centaines de manifestants sous le couvert de l’obscurité rappellent la répression des autorités iraniennes contre les manifestations de novembre 2019, montrant comment l’absence de réaction adéquate de la communauté internationale a alors permis l’effusion de sang actuelle. Il est maintenant grand temps que les États membres du Conseil des droits humains de l’ONU fassent leur part pour aider à briser ce cycle de violence », a déclaré Agnès Callamard.
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