mardi 29 novembre 2022

PLAN DE MARYAM RADJAVI POUR L’ÉGALITÉ DES DROITS ET LIBERTÉS DES FEMMES

 A propos de la liberté et de l’égalité des femmes dans l’Iran de demain, je souligne les points suivants :

1. Libertés et droits fondamentaux

• Les femmes devront à égalité bénéficier de tous les droits humains et libertés fondamentales ;
• Indépendamment de leur appartenance ethnique et religieuse, de leur classe sociale de leur âge, et où qu’elles résident, à la ville ou à la campagne, les femmes devront bénéficier des mêmes droits que les hommes dans toutes les sphères économiques, sociales et politiques. La discrimination (1) à l’égard des femmes sera abolie sous toutes ses formes.
• Les femmes seront libres de choisir leur lieu de résidence, leur profession et leurs études. Elles auront le droit de choisir librement leur conjoint, de choisir librement leurs vêtements, de voyager librement, de quitter le pays, d’obtenir une nationalité étrangère, de donner leur nationalité à leurs enfants, de divorcer et d’obtenir la garde et la tutelle des enfants.
• La croyance en une foi ou religion spécifique ne devra pas être une cause d’humiliation pour aucune femme, ni être un obstacle à l’accès à l’emploi ou aux ressources éducatives et judiciaires.

2. L’égalité devant la loi

• Les femmes devront bénéficier de la protection de la loi à égalité avec les hommes.
• Les femmes devront avoir accès à des recours judiciaires garantis en cas de violences, de viol, de discrimination et de privation de liberté.
• Les femmes devront avoir des droits égaux aux hommes devant les tribunaux.
• Les tribunaux devront considérer les témoignages et déclarations écrites sous serment des femmes égaux à ceux des hommes.
• L’âge légal pour les filles sera de 18 ans. Les filles ne sont pas considérées pénalement responsables avant cet âge.

3. La liberté de choisir ses vêtements

• Les femmes seront libres de choisir leurs propres vêtements.
• La loi sur le port obligatoire du voile sera abolie.
• Les lois qui prescrivent une sanction administrative pour défaut de port du voile des ouvrières ou employées seront abolies.
• Les lois écrites ou non écrites sur le contrôle de l’habillement ou du comportement des femmes sous l’étiquette de «mal-voilées », qui violent les droits des femmes à la liberté et la sécurité seront abolies dans l’Iran de demain.

4. Participation égale à la direction politique

• Les femmes devront bénéficier du droit de participer à « la formulation de la politique gouvernementale et à son exécution, occuper des emplois publics et exercer toutes les fonctions publiques à tous les niveaux de gouvernement » .
• Les femmes devront bénéficier en particulier du droit à une participation égale à la direction politique du pays.
• Je proposerai, en vue d’éliminer l’inégalité, le gouvernement devra nommer des femmes pour au moins la moitié de ses postes. Je proposerai également que les partis politiques choisissent des femmes pour au moins la moitié de leurs candidats aux élections législatives.
• Toutes les lois causant des interdictions ou des limitations aux femmes à des postes de direction ou de hauts postes de l’appareil judiciaire devront être abolies.

5. L’égalité dans la sphère économique

• Les femmes bénéficieront des mêmes droits que les hommes en matière d’héritage, de contrats et de gestion des biens.
• Les femmes jouiront de l’égalité des chances avec les hommes sur le marché du travail.
• A travail égal, les femmes devront recevoir un salaire et des avantages égaux aux hommes. Elles devront aussi bénéficier de la sécurité de l’emploi et des avantages complets.
• Dans l’accès au logement, à une alimentation appropriée, aux services médicaux et à l’emploi, ainsi qu’aux disciplines sportives et artistiques, les femmes jouiront des mêmes possibilités que les hommes.

6. L’égalité dans la famille

• Les femmes devront avoir les droits libres et égaux de choisir, d’épouser ou de divorcer un conjoint.
• La polygamie sera interdite.
• Le mariage avant l’âge légal sera interdit. Dans la vie de famille, il sera interdit d’imposer toute obligation et contrainte aux femmes.
• Les responsabilités familiales comme le ménage, l’emploi, les soins donnés aux enfants et leur éducation seront des responsabilités à partager à égalité entre les hommes et les femmes.
• Les femmes auront le droit d’obtenir la garde de leurs enfants.
• L’emploi des jeunes filles avant l’âge légal sera interdit. Elles jouiront de privilèges spéciaux dans le domaine de l’éducation.
• L’inquisition de l’Etat et l’ingérence dans la vie privée des femmes seront interdites.

7. L’interdiction de la violence

Les diverses formes de violence à l’égard des femmes, d’intimidation ou de privation forcée de leurs libertés sont des infractions pénales.

8. L’interdiction de l’exploitation sexuelle

• Le viol sera interdit.
• La traite des femmes et la prostitution forcée seront un délit et les responsables seront poursuivis pénalement.
• Toute personne commettant des délits sexuels contre les enfants seront poursuivis.
• Toute forme d’exploitation sexuelle des femmes sous n’importe quel prétexte sera interdite et toutes les coutumes, lois et réglementations permettant aux parents, au tuteur ou à un tiers lié à une fille ou à une femme de la donner à quelqu’un d’autre pour le plaisir ou l’exploitation sexuel sous prétexte d’un mariage ou quoi que ce soit d’autre seront abolies.

9. L’abrogation des lois de la charia des mollahs

• Les lois de la charia des mollahs n’auront pas de place dans les lois de l’Iran de demain.
• L’accent sera mis sur «l’abrogation de toutes les dispositions pénales qui constituent une discrimination contre les femmes ».
• Les lois brutales et épouvantables comme la lapidation seront abolies.
• Toutes les lois autorisant les crimes contre les femmes sous des prétextes familiaux seront abolies.

10. Les prestations sociales

• Les femmes devront avoir accès aux prestations sociales, notamment en matière de retraite, chômage, vieillesse et autres formes de handicap, en plus du droit au congé de maternité pendant la grossesse et l’accouchement, et le droit à une alimentation suffisante et à des services gratuits au cours de cette période.
• Le gouvernement est tenu d’assurer les crèches et les garderies pour les femmes qui travaillent. Toutes les femmes salariées doivent avoir accès aux crèches et aux garderie pour élever leurs enfants.
• Les femmes appartenant à des minorités, les femmes réfugiées ou immigrées, les femmes vivant dans des villages ou des zones reculées, les femmes défavorisées, les femmes emprisonnées, les petites filles et les femmes handicapées, faibles ou âgées, bénéficieront du soutien financier, éducatif et médical spécial de l’Etat
• Il sera interdit de priver de prestations sociales les femmes travaillant sous des contrats temporaires.
• ll sera interdit de licencier des femmes ou de réduire leurs salaires à cause de la grossesse ou de l’accouchement, ou de les obliger à effectuer des travaux dangereux au cours de cette période.
• Les femmes devront jouir, sans discrimination, du droit à un logement convenable en tant que droit de vivre dans un lieu sûr, paisible et digne. De telle manière qu’elles seront à l’abri des expulsions forcées et de la démolition de leurs logis. Nous insistons sur la promulgation de lois qui empêchent les femmes de risquer de perdre leur maison après le décès de leur mari.
• Le gouvernement devra assumer la responsabilité de soutenir les femmes subvenant aux besoins de leurs familles.

Participation active et égale des femmes dans la direction politique

Notre expérience (dans le mouvement de la Résistance) c’est qu’il est impossible de briser l’inégalité sans une mutation. Il faut confier sans la moindre crainte les fonctions de la direction aux femmes les plus compétentes. L’hégémonie des femmes dans cette résistance, en tant que bouleversement structurel, leur a ouvert la voie aux responsabilités dans tous les domaines.

Sous l’effet de cet élan, elles ont réussi à acquérir des valeurs nouvelles et à se débarrasser de valeurs obsolètes et rétrogrades.
En premier lieu, elles ont cru en elles-mêmes et en leurs capacités. Et alors qu’elles saisissaient combien leur rôle responsable était nécessaire pour faire progresser la lutte contre la tyrannie religieuse, elles ont abandonné le monde de l’irresponsabilité et de la résignation, un monde où les femmes ne tirent leur crédibilité qu’en dépendant d’un autre, pour passer dans le monde des femmes responsables qui dirigent une lutte avec toutes ses conséquences.

Elles se sont débarrassées des contre-valeurs que sont la jalousie, la rivalité, le poids des aspects physiques comme l’apparence du visage et du corps, la jeunesse et la vieillesse qui dévorent l’énergie des femmes. Elles ont aussi réussi à transformer l’instabilité et la fragilité en aplomb et en solidité.
Elles ont repoussé la peur de l’échec et d’exposer leurs faiblesses face à l’avalanche de difficultés et au lieu de s’effondrer, elles ont appris à cultiver en elle la force de surmonter l’échec. Elles ont appris qu’à la place du désespoir, il fallait toujours garder l’espoir et déployer beaucoup d’efforts sur la voie de la victoire.

Dans notre mouvement, les relations entre femmes ont changé à la manière de sœurs de sang qui travaillent côte à côte, qui s’écoutent et se soutiennent et qui assument de cette manière les responsabilités les plus difficiles. Elles ont rejeté les rivalités négatives de telle sorte que la promotion de n’importe quelle femme est un facteur d’encouragement et de motivation pour toutes les autres. Et les efforts collectifs pour développer les responsabilités des autres femmes sont devenus une valeur.

Elles sont parvenues à cette conviction qu’en se soutenant et en coopérant avec les autres femmes, elles renforcent leurs capacités. Dans cette voie, elles ont acquis cette grande faculté de pouvoir se dévouer les unes aux autres. C’est pourquoi elles ont dirigé la cité d’Achraf dans les batailles les plus difficiles et les plus complexes durant dix années.

Pour édifier l’Iran de demain il faut se doter de cette vision pour pouvoir instaurer les institutions démocratiques de la société. Cela veut dire que notre résistance est aussi chargée de cette mission de bâtisseur et de fondateur.
Si la démocratie n’est pas fondée sur l’égalité des femmes et des hommes, la participation égale de toutes et tous, le libre choix de toutes les composantes de la société et la libre expression sans conditions, elle déviera rapidement et fera marche arrière.

Aujourd’hui, l’égalité dans notre mouvement annonce de bonnes nouvelles à la société iranienne, surtout aux femmes et à la jeunesse. Quand on prend le sexisme pour cible, on détruit la pierre angulaire du régime du guide suprême. Quand on vise la misogynie des mollahs, on vise le cœur de leur idéologie. De cette manière ni le guide, ni la charia des mollahs, ni les lois, ni la culture intégriste n’auront plus de fondement.

Cela explique clairement pourquoi les mollahs ne cessent de s’en prendre à une grande échelle et avec démagogie aux Moudjahidine du peuple. A leurs yeux, le premier crime de cette organisation, c’est son engagement sans limite au changement de régime en Iran. Mais en plus de cela, dans la charia des mollahs, les Moudjahidine du peuple sont coupables d’un péché mortel, parce que la Résistance iranienne est convaincue que les femmes méritent et doivent occuper la direction de l’Iran démocratique de demain.
Car c’est un mouvement qui s’est insurgé contre la conduite et l’idéologie en place pour déraciner ce pouvoir, l’oppression et l’inégalité.
(Discours à la conférence internationale pour la Journée des Femmes, le 9 mars 2013)

Contre le voile obligatoire

Un autre domaine de la violence et de la contrainte en Iran, est le voile obligatoire. Les femmes en Iran dès les premières semaines du pouvoir de Khomeiny ont protesté contre le voile imposé. A la même époque, les femmes du mouvement des Moudjahidine du peuple ont participé activement dans les manifestations contre le voile obligatoire.
Il existe toute une série de règlements qui restreignent les libertés individuelles et sociales des femmes en Iran. De multiples organes spéciaux ont été mis sur pied uniquement pour combattre les femmes jugées mal-voilées. En fait, ils ont fait de l’Iran une immense prison de femmes. C’est pourquoi une fois de plus nous disons : Les femmes doivent être libres en Iran ! Elles doivent elles-mêmes choisir leurs opinions, leurs vêtements et leur vie. Et nous le répétons : Non au voile obligatoire ! Non à la religion obligatoire ! Non à un gouvernement obligatoire !
(Discours à la conférence des femmes unies contre l’intégrisme pour la Journée des Femmes, le 28 février 2016)

La misogynie est l’axe autour duquel tourne toute la répression de la société et dont va dépendre la survie de la tyrannie. La raison de la misogynie de ce régime ne vient pas de la bigoterie ou des efforts pour préserver la chasteté de la société ou les fondements de la famille. En fait, sous les mollahs, la société iranienne a vu l’effondrement des valeurs et en même temps le développement de la prostitution.

La misogynie sous le prétexte de la religion, est devenue systématique car c’est un levier pour imposer le monopole du guide suprême.
Des dizaines d’organes de répression gravitent dans l’orbite de la misogynie. Elle vient justifier les contrôles permanents de la population dans les rues, les patrouilles et les organes comme « l’office de la lutte contre le vice » ou « la police de la sécurité morale », et une vingtaine d’autres du même genre. La répression des femmes sous prétexte du code vestimentaire, reste l’arme la plus efficace pour asphyxier la société et étouffer toute protestation.
En enchainant les femmes pour des raisons soi-disant religieuses, les mollahs ont repoussé toutes les frontières et dépassé toutes les bornes. Ils se sont donnés carte blanche pour s’immiscer et contrôler tous les domaines, notamment l’éducation, l’administration et la production, l’embauche et le licenciement, le contrôle permanent des allers et venues des femmes et des jeunes dans les rues, les descentes arbitraires chez l’habitant, la censure des livres, des films, du théâtre, de la musique, le filtrage d’internet, des sites, des réseaux sociaux, les casiers judiciaires montés de toutes pièces et les descentes de police dans les soirées et les fêtes.

C’est pourquoi dans le régime des mollahs, le contrôle vestimentaire prend autant d’importance dans la politique et les lois. C’est pourquoi les mollahs taxent celles qui ne respectent pas le code vestimentaire de contre-révolutionnaires. C’est pourquoi à chaque fois que le régime encaisse un échec politique et international ou à chaque fois qu’il se retrouve face à des insurrections et des protestations sociales, le nombre d’exécutions augmentent et il multiplie les opérations de lutte contre les « mal-voilées ».

Les mollahs savent que s’ils renoncent au voile obligatoire ou à une loi ou une politique misogyne, la force des femmes avancera à la vitesse Grand V pour mettre en marche toute la société.

(Discours pour la Journée des Femmes à Paris, le 8 mars 2015)

https://www.maryam-rajavi.com/fr/item/cnri-alternative-democratique-maryam-radjavi

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire