Lors de sa première apparition au Conseil suprême du cyberespace, Pezeshkian, le chef du conseil, n’a fait aucune référence à la réduction de la censure sur Internet. Il a plutôt donné la priorité à un rapport sur l’état actuel des restrictions sur l’internet et sur le problème croissant des ventes illégales de VPN. Pezeshkian a chargé le Centre national du cyberespace de préparer un rapport complet détaillant la situation et de formuler des stratégies pour lutter contre les ventes de VPN, soulignant qu’il s’agissait là de l’objectif principal des efforts du conseil.
Pezeshkian a souligné l’importance de la répression des ventes de VPN : « Le fait que certaines personnes gagnent des milliards en vendant des VPN n’est pas bénéfique pour notre pays. Cette question doit être traitée sérieusement afin que nous puissions prendre des décisions en connaissance de cause ». Cependant, de nombreux experts et activistes iraniens affirment que le Corps des gardiens de la révolution islamique (IRGC) est profondément impliqué dans le marché des VPN en Iran.
Les autorités iraniennes, dont Issa Zarepour, le ministre des technologies de l’information et de la communication, ont déconseillé l’utilisation de VPN étrangers, invoquant des problèmes de cybersécurité. Au lieu de cela, les utilisateurs sont encouragés à utiliser des VPN payants approuvés par l’État. Cette politique a permis au régime de surveiller plus efficacement l’activité des utilisateurs tout en générant des profits importants, estimés à environ trois mille milliards de tomans par mois, qui profitent aux institutions liées au régime.
Lors d’un débat télévisé, Pezeshkian a déclaré que « l’internet n’est pas illimité partout dans le monde » et qu’il pouvait être restreint pour des raisons de sécurité. Néanmoins, au cours de sa campagne, il s’est prononcé contre la censure et le filtrage de l’internet, promettant d’œuvrer au déblocage des réseaux sociaux s’il était élu. Ses récentes actions s’inscrivent toutefois dans la longue tradition de promesses non tenues du régime, ce qui a conduit de nombreuses personnes à considérer sa rhétorique de campagne comme une simple manipulation visant à augmenter le taux de participation des électeurs.
À la suite de la récente attaque de missiles lancée le 1er octobre par le régime iranien contre le territoire israélien, les utilisateurs de médias sociaux en Iran ont constaté une forte baisse de la vitesse et de la qualité de l’internet. Cette situation n’est pas sans précédent : lors de précédentes manifestations, comme celles de novembre 2019 et de l’automne 2022, le régime a réagi en limitant fortement l’accès à Internet, allant même jusqu’à bloquer des plateformes comme Instagram et WhatsApp, qui faisaient partie des rares outils de communication non filtrés restants.
À mesure que les tensions entre l’Iran et Israël s’intensifient, de nombreux experts prévoient que le régime restreindra davantage l’accès à Internet afin d’étouffer la dissidence et de contrôler le récit. En cas d’intensification du conflit militaire, une fermeture complète de l’internet mondial ou des réductions significatives de la vitesse et de l’accès semblent probables, ce qui permettrait au régime de diffuser sa propre version des événements tout en supprimant les rapports et les critiques indépendants.
Cette emprise autoritaire croissante sur le cyberespace est le signe d’une érosion continue de la liberté en ligne en Iran, avec peu d’espoir de changement dans un avenir proche. Malgré les promesses faites lors des campagnes électorales, la réalité pour les citoyens iraniens reste celle de restrictions croissantes et d’un accès de plus en plus restreint à l’internet mondial.
Source : INU/CSDHI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire