L’emprisonnement de Maryam en 2009 a fait suite à sa participation à des manifestations de masse après les élections présidentielles contestées de 2009, connues sous le nom de manifestations de l’Achoura. Cinq mois plus tard, elle a été condamnée à 15 ans de prison par le tribunal révolutionnaire de Téhéran, présidé par le célèbre juge Abolqasem Salavati. Elle a été accusée d’« inimitié contre Dieu » (Moharebeh) en raison de ses liens présumés avec l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK). Son véritable « crime » a été d’exiger justice pour sa famille : quatre de ses frères et sœurs ont été exécutés dans les années 1980 lors de la répression brutale du régime contre les dissidents politiques.
Pendant son séjour en prison, Maryam a enduré d’énormes difficultés. Elle s’est vu refuser des permissions de sortie pendant plus de 15 ans, et n’a même pas eu droit à une seule heure de permission pour des soins médicaux essentiels ou pour voir ses trois filles.
En 2016, Maryam a pris une mesure audacieuse en déposant une plainte officielle depuis la prison, demandant une enquête sur les exécutions illégales de ses frères et sœurs. En juillet 2017, Maryam Akbari Monfared a écrit une lettre poignante aux ambassadeurs étrangers en visite à la prison d’Evin, exposant les dures réalités et les conditions inhumaines que les autorités iraniennes leur cachent. Dans sa lettre, elle décrit avec vivacité la brutalité à laquelle sont confrontés les prisonniers, notamment la dévalorisation de la dignité humaine, les violences physiques généralisées et la manipulation de l’image de la prison lors de leur visite.
Ces actes de défi n’ont fait qu’accroître la pression sur elle. Elle a été transférée dans une prison isolée à Semnan en 2021, loin de sa famille, et a fait face à de nombreuses accusations fabriquées visant à prolonger son incarcération.
Malgré ces conditions difficiles, Maryam est restée un symbole inébranlable de résistance. Ses lettres de prison révèlent une femme d’un immense courage et d’une grande force. Dans l’une de ses lettres les plus poignantes, elle a demandé à ses interrogateurs : « Dois-je m’excuser du fait que vous m’avez éloignée de mes trois filles pendant près de huit ans ? Dois-je m’excuser pour l’exécution de mes frères et sœurs par vous ? »
Ses mots continuent d’inspirer à l’intérieur comme à l’extérieur de l’Iran. Maryam ne se bat pas seulement pour sa famille, mais aussi pour les innombrables victimes du régime iranien, en particulier les 30 000 prisonniers politiques exécutés lors du massacre de 1988. Son refus de se soumettre aux exigences du régime, même lorsqu’on lui promet la liberté en échange d’aveux forcés, met en évidence sa détermination inébranlable à obtenir justice.
Javaid Rehman, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en Iran, a mentionné ce cas dans son rapport final, « Atrocité criminelle », en déclarant :
« Un exemple poignant illustrant ce modèle de harcèlement et de persécution est le cas de Maryam Akbari-Monfared, une prisonnière politique dans le pays. Mme Akbari-Monfared a fait preuve d’un immense courage en déposant une plainte officielle depuis la prison le 15 octobre 2016, auprès de la justice iranienne concernant l’exécution de ses frères et sœurs lors du massacre de 1988. En réponse à sa quête de responsabilité, elle a dû faire face à une pression accrue pendant son incarcération, notamment le refus de visites et son exil forcé dans un endroit isolé, loin de ses enfants. Les autorités ont informé Mme Akbari-Monfared que sa libération était conditionnée à la rétractation de sa demande de responsabilité concernant le meurtre de ses frères et sœurs. Bien qu’elle ait enduré une peine de 15 ans sans un seul jour de permission de sortir, y compris pendant la pandémie de COVID-19, le calvaire de Mme Akbari-Monfared continue. Le 1er juillet 2023, elle a été convoquée au tribunal de la prison d’Evin et inculpée de cinq nouveaux chefs d’accusation, ce qui lui a valu une peine supplémentaire de deux ans. Des informations provenant de sources au sein de la prison suggèrent que son maintien en détention vise à la contraindre à renoncer à sa quête de responsabilité.
Ces derniers mois, le régime iranien a intensifié sa répression contre les partisans de l’OMPI, recourant à la torture, à l’emprisonnement arbitraire et à une augmentation inquiétante des exécutions. Des cas très médiatisés, comme celui du champion de boxe Mohammad Javad Vafaie Sani, condamné à mort pour la troisième fois en septembre 2024, mettent en évidence la persécution systématique des partisans de l’OMPI par le régime. Malgré les graves tortures physiques et psychologiques qu’il a subies, Vafaie est resté résilient, tout comme d’autres prisonniers politiques tels que Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, qui ont également été condamnés à mort.
Source: NCRI
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