Citant des statistiques de l’Organisation pénitentiaire des mollahs, Mostafa Nasseri, un responsable du ministère de l’Enseignement a fait état de quelque 1000 enseignants incarcérés en Iran (agence officielle Fars, 12 aout 2015). Avec l’étendue des manifestations enseignantes ces derniers mois en Iran, on peut estimer que le nombre de personnes emprisonnées pour raisons politiques est bien plus élevé. Le mouvement des enseignants qui a pris des dimensions nationales, a plusieurs revendications en tête desquelles la libération de leurs collègues.
Ces derniers avaient protesté contre les discriminations et les conditions de vie qui place leur salaire sous le seuil de pauvreté. Les personnes arrêtées ont été accusées de «propagande contre l’État » et d’« activités contre la sécurité nationale ».
Au lendemain des manifestations massives des enseignants en mai dernier, Esmaïl Abdi, Secrétaire général de l’Association des enseignants iraniens, avait été menacé d’arrestation par les services de renseignement (le Vevak) et sommé, en vain, de faire cesser le mouvement. Le syndicaliste iranien a été arrêté le 27 juin alors qu’il s’apprêtait à quitter le territoire pour un congrès international de l’enseignement au Canada. Son avocat a été empêché de communiquer avec lui.
Rassoul Bedaghati, emprisonné depuis 2009, n’a toujours pas été libéré bien qu’il ait terminé sa peine le 6 août et le Vevak a trouvé de nouveaux prétextes pour le maintenir en prison. D’autres enseignants coupables d’avoir milité pour leurs droits et la fin des injustices, sont derrière les barreaux depuis des années en Iran, notamment Ali-Akbar Baghani, Mahmoud Bagheri, Alireza Hachemi ou Abdolreza Ghanbari. Plusieurs enseignants engagés ont également été condamnés à l’exil, au licenciement ou à la réduction de salaire.
Alors que le pillage des richesses du peuple iranien et la corruption des dirigeants font chaque jour scandale et alimentent la guerre intestine des factions du régime, le salaire des enseignants n’est que d’un million de tomans, alors que le seuil de pauvreté est estimé à 3,7 millions de tomans.
Le 22 juillet, lors de nouveaux rassemblements devant le Majlis, les enseignants avaient réitéré leurs revendications sur des pancartes: « Non à la prison, non aux menaces, non au licenciement », « Libérez les enseignants emprisonnés », « La place de l’enseignant n’est pas en prison », « Il faut garantir la sécurité des enseignants », « La dignité et la subsistance sont nos droits légitimes », « du pain, un logement et la dignité », « Il faut assurer l’avenir des enseignants », « Libérez les prisonniers politiques», « nous exigeons des salaires supérieurs au seuil de la pauvreté », « M. Rohani, il faut douter de ta justice ! », « La faim jusqu’à quand ? », « L’humiliation sociale et économique des enseignants jusqu’à quand ? », « Nos salaires ne sont pas compatible avec l’inflation accablante », « Nous exigeons la fin des discriminations à l’éducation nationale », « L’enseignant est debout et récuse les discriminations », « Mieux vaut mourir debout que d’accepter les discriminations ».
Mme Soheila Sadegh, présidente de la Commission de l’Education du CNRI, a appelé les organisations internationales de défense des droits humains et des enseignants à exiger la libération immédiate de tous les enseignants emprisonnés. La privation de liberté pour ces éléments les plus précieux de la société est inacceptable. Il faut agir avec vigueur pour qu’ils puissent regagner leur classe au lieu de croupir dans les geôles de la dictature intégriste en Iran.
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