mardi 16 octobre 2018

Iran : Dissimulation d’informations sur huit détenus soufis au pénitencier du Grand Téhéran


derviches gran pénitencier téhéran dissimulation informations iran  Cela fait plus d’un mois que la femme d’un soufi de la communauté des Derviches Gonabadi, détenu dans le pénitencier du Grand Téhéran en Iran, n’a pas de nouvelles de son mari depuis son transfert en isolement avec sept autres détenus soufis.
Faezeh Abdipour a déclaré que les autorités judiciaires avaient refusé de fournir des informations sur son mari, Mohammad Sharifi Moghaddam et ses co-détenus, Reza Entessari, Kasra Nouri, Morteza Kangarlou Bilchi, Sina Entessari, Mehdi Eskandari, Amir Nouri et Hessam Mo'ini.
La censure des informations a commencé après le transfert des détenus en isolement pour avoir participé à un sit-in à l'intérieur du bâtiment, le 29 août 2018, pour exiger la libération des femmes soufies de la prison de Gharchak, dans le sud de Téhéran.
« Ils ont été sévèrement battus lorsqu'ils ont été conduits en isolement et n'ont reçu aucun traitement médical, vêtement ou couverture », a déclaré Abdipour. « Les familles ont essayé de leur apporter ces choses mais les autorités ne les y ont pas autorisées et ont déclaré que les prisonniers devaient acheter ce dont ils avaient besoin au magasin de la prison qui est hors de prix.»
« Au lieu de se préoccuper de la vie des gens, ils ne pensent qu'à se faire de l'argent », a-t-elle ajouté.
« Les autorités judiciaires donnent aux familles des réponses évasives », a déclaré Abdipour. « Rostami, le superviseur judiciaire de la prison, a déclaré que les prisonniers étaient libres de recevoir des visites et de passer des appels téléphoniques. Mais quand nous sommes allés voir Farzadi, le directeur du pénitencier du Grand Téhéran, il a déclaré que de hauts responsables, dont Rostami, avaient ordonné que ces prisonniers restent en isolement, sans visite ni contact téléphonique ».
« Ensuite, le directeur adjoint a déclaré qu'il n'y avait aucune interdiction de visites ou d'appels téléphoniques ; les prisonniers n’en ont tout simplement pas envie, ce qui est évidemment complètement faux », a-t-elle ajouté.
« Le 6 octobre, les familles se sont rendues à la prison et ont été informées qu'il n'y aurait pas de visites avant le 22 novembre et que les prisonniers étaient toujours en isolement cellulaire », a-t-elle déclaré.
Abdipour a également déclaré que les détenus pourraient faire face à de nouvelles accusations mais qu'officiellement, elle n'avait été informée de rien.
Les 19 et 20 février 2018, près de 300 soufis Gonabadi avaient été arrêtés lors d'une manifestation près de la maison de leur chef spirituel. Les manifestations ont entraîné la mort d’au moins un derviche et trois policiers.
Au moins 20 des manifestants ont ensuite été condamnés à de lourdes peines de prison. Huit ont été condamnés par contumace après avoir refusé de comparaître car ils protestaient contre le déni de leurs droits à une procédure régulière.
Les soufis de l’ordre Gonabadi en Iran croient en une interprétation de l’islam différente de celle du pouvoir. Les mollahs considèrent tout système de croyance religieuse alternatif, en particulier ceux qui cherchent à convertir, comme une menace à leur pouvoir et ont déjà emprisonné des derviches dans le cadre de l'actuelle campagne de persécution.
Depuis que les gardiens de  prison ont attaqué les détenus le 29 août, 18 d'entre eux ont entamé une grève de la faim.
Plusieurs anciens détenus ont souligné les conditions de vie inhumaines dans le pénitencier du Grand Téhéran, le plus grand centre de détention du pays. Un journaliste l’a récemment décrit comme un lieu « au-delà des limites de la tolérance humaine ».
Situé dans le district de Fachafouyeh, à 20 km au sud-est de la Téhéran et construit en 2015 principalement pour détenir des condamnés pour des infractions liées à la drogue, le pouvoir judiciaire iranien a également utilisé le pénitencier du Grand Téhéran pour incarcérer des dissidents et des manifestants anti-régime, reconnus coupables d'infractions à caractère politique.
Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran

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