vendredi 19 octobre 2018

Iran : Des iraniennes assistent à un match de football masculin, adoptant une position ferme contre l’interdiction officielle et les menaces incessantes


entrée femmes stades iran Après des décennies d’activités militantes pacifiques contre l’interdiction officielle iranienne de la présence des femmes dans les stades sportifs, des dizaines de femmes ont été autorisées à assister à un match de football masculin entre l’équipe nationale et la Bolivie, le 16 octobre à Téhéran.

Immédiatement après l’accès d’un nombre limité de femmes au stade Azadi à Téhéran, pour assister à un match masculin à domicile pour la première fois en 35 ans, le procureur général de l’Iran a menacé d’« attaquer » à quiconque permettrait à la « tendance » de se poursuivre.
« Les autorités iraniennes tentent d'empêcher que les femmes et les hommes soient traités sur un pied d'égalité, mais les femmes iraniennes restent fermes et réduisent graduellement l'interdiction de leur présence dans les stades », a déclaré Hadi Ghaemi, directeur exécutif du Centre pour les droits de l'homme en Iran (CDHI).
« Assouplir temporairement l'interdiction ne suffit pas », a déclaré Ghamei. « Le président Rohani, qui a défendu les droits des femmes, devrait faire pression, avec force et publiquement, pour que soit officiellement levée cette fameuse interdiction ».
L’Iran est le seul pays au monde à interdire aux femmes d’entrer dans les stades. La politique non officielle est soutenue par des conservateurs religieux en Iran depuis 1980, un an après la création de la République islamique d’Iran.
Des activistes à l'intérieur et à l'extérieur du pays ont protesté contre l'interdiction en adoptant diverses mesures pacifiques, notamment en entrant dans des stades, déguisées en hommes, et en appelant la Fédération Internationale de football (FIFA) à demander à l'Iran de lever l'interdiction.
L’interdiction est une violation des propres règles de la FIFA pour les équipes participant à la Coupe du Monde. L’article 4 des statuts de la FIFA dispose que toute forme de discrimination à l’encontre d’un groupe de personnes est « strictement interdite et passible de suspension ou d’expulsion ».
La dernière campagne du CDHI contre l’interdiction comprenait une vidéo de l’orchestre en langue iranienne, Abjeez, lancée avant la Coupe du monde 2018. « Stadium », qui a été publiée avec des sous-titres anglais, a été visionnée plus de 500 000 fois sur plusieurs réseaux de médias sociaux.
« Je vais me battre jusqu'à ce qu'ils soient complètement ouverts ».
Malgré des appels répétés cette année au président iranien Hassan Rohani pour que l'interdiction soit levée, cette dernière a été temporairement assouplie lors du match du 16 octobre 2018. On estime à 100 le nombre de femmes qui ont été autorisées à entrer dans le stade Azadi de Téhéran pour assister à un « match amical », contre l’équipe nationale bolivienne - avec beaucoup d’autres fans féminins attendant à l’extérieur.
Les femmes admises étaient principalement des footballeuses nationales ou des membres de la famille des joueurs de l’équipe de football. Un certain nombre de femmes journalistes, de responsables sportives et d’actrices ont également applaudi le jeu depuis une section consacrée du stade, interdite aux spectateurs masculins.
« Pendant des années, les chefs religieux iraniens se sont opposés à ce que les femmes regardent le corps des athlètes masculins. Mais maintenant que les femmes sont autorisées à entrer dans le stade, nous pouvons en conclure qu’ils sont d’accord avec cela », a déclaré au CDHI, un des principaux activistes.
« Le voyage d'un groupe de femmes législatrices à Qom en décembre 2017 pour parler aux dirigeants religieux de cette question a apparemment fait une différence », a ajouté l’activiste qui a requis l'anonymat pour des raisons de sécurité.
Les autorités et les religieux iraniens ont tenté de justifier l’interdiction discriminatoire lors de diverses déclarations au fil des années, notamment en affirmant que « l’infrastructure du stade ne permettait pas d’accepter les femmes ».
Le procureur général iranien a déclaré cette semaine que les femmes ne devraient pas être autorisées à regarder des hommes en short dans une déclaration violente contre la levée officielle de l'interdiction.
« C’est problématique lorsque les femmes regardent les corps à moitié nus des hommes », a déclaré Mohammad Jafar Montazeri. « Cela mine les normes islamiques du pays ».
« Les médias qui soutiennent la présence des femmes dans les stades devraient apporter une réponse convaincante à ce problème », a-t-il ajouté. « Je préviens les responsables que si cette tendance se maintient, nous nous y opposerons car nous ne devrions pas promouvoir le péché et l'immoralité ».
Mais de nombreux utilisateurs iraniens ont eu recours aux médias sociaux pour exprimer un point de vue opposé, notamment des célébrités censées éviter de faire des déclarations contre la politique officielle de l’Etat.
« Dans l'espoir du jour où la moitié d'Azadi (stade de Téhéran) sera le vôtre », a tweeté le footballeur Hossein Mahini, membre de l'équipe nationale, Melli.
D'autres commentateurs iraniens ont mis en garde contre le fait d’être induits en erreur par des assouplissements temporaires - y compris au début de cette année, lorsque les femmes ont été autorisées à regarder des matches de la FIFA retransmis sur grand écran, à l'intérieur du stade - craignant que ces assouplissements aboutissent à la levée officielle et permanente de l’interdiction.
« On m’a laissé derrière la porte du stade ce soir », a tweeté la journaliste Niloufar Hamedi. « Je n’ai aucun problème avec les femmes qui sont entrées et en fait je suis ravie pour elles ».
« Je crois que le desserrage des serrures des portes indique que les messieurs se sont retirés », a-t-elle ajouté. « Je vais me battre jusqu'à ce qu'elles soient grandes ouvertes ».
En Iran, des femmes ont été harcelées et arrêtées pour avoir manifesté pacifiquement contre cette interdiction. En mars 2018, 35 femmes ont été arrêtées pour avoir tenté d'assister à un match entre deux équipes iraniennes masculines auquel participait le président de la FIFA, Gianni Infantino.
« Les femmes en Iran ont manifesté pacifiquement contre cette interdiction discriminatoire en dépit du fait qu'elles ont été harcelées et arrêtées depuis sa mise en place », a déclaré Ghaemi.
« Il est temps que le gouvernement iranien écoute les organisations sportives internationales et les défenseurs des droits des femmes du monde entier et mettent fin à cette interdiction injustifiable une fois pour toutes », a-t-il ajouté.
Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran

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