samedi 23 janvier 2021

La réponse de l’Iran à la nouvelle critique occidentale masque une stratégie sournoise


 Le ministère des Affaires étrangères des mollahs a donné une réponse brutale aux critiques européennes après que Téhéran a pris ses dernières mesures provocatrices au sujet de l’accord nucléaire de 2015. Cela fait déjà un an que le régime iranien a annoncé qu’il ne respecterait plus aucune des restrictions qu’il avait adoptées en vertu du Plan d’action global commun sur le nucléaire. Mais depuis lors, les violations ont continué de s’accumuler alors que les installations nucléaires ont redoublé d’activités.

Bien que les préoccupations occidentales concernant cette tendance soient à la fois prévisibles et bien justifiées, cela n’a pas empêché les mollahs Iraniens à rejeter les préoccupations européennes comme « absurdes ». Ce sont les mots que le ministre des Affaires étrangères du régime, Javad Zarif, a utilisés sur Twitter tout en lançant des accusations sans rapport avec les signataires européens de l’accord. Zarif s’est particulièrement attaché au soutien traditionnel de l’Occident aux adversaires régionaux de Téhéran, qui ont également profité des dernières provocations iraniennes pour attirer l’attention sur leurs préoccupations concernant les activités nucléaires.

Les commentaires de Zarif sur Twitter étaient spécifiquement dirigés contre les «dirigeants de l’E3» et le ministre français des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian. Ce dernier est apparu samedi dans des entretiens avec les médias pour dire que la récente décision de l’Iran de commencer à travailler sur la production d’uranium métal constituait une avancée délibérée de sa capacité d’armes nucléaires. Le trio – la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne – annonçaient la même conclusion dans un communiqué publié le même jour. Pour eux, « l’Iran n’a aucune utilisation civile crédible pour l’uranium métal ».

La position européenne sur le JCPOA reste cependant inchangée pour le moment. Le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, a souligné lundi «de profonds regrets» et «de profondes préoccupations», mais a également réitéré son engagement de longue date à préserver l’accord nucléaire dans sa forme actuelle. Le Drian a remis en cause cette position de manière informelle en appelant à des négociations sur l’accumulation de missiles balistiques par l’Iran et la «déstabilisation de ses voisins dans la région», mais sa perspective est encore loin d’être généralement adoptée comme base de la politique européenne.

Au début du mois de décembre, le parlement iranien a adopté un projet de loi qui prépare le terrain pour l’expulsion des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique du pays. De nombreux décideurs politiques européens semblent faire pression pour envoyer à la nouvelle administration américaine des signaux précoces indiquant qu’elle devrait réintégrer le JCPOA sans modification et sans tenir l’Iran responsable des violations systématiques qu’il a commises au cours des deux dernières années.

Plus tôt ce mois-ci, le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a capturé un pétrolier sud-coréen dans le détroit d’Ormuz, puis l’a détenu pour l’utiliser comme monnaie d’échange dans les négociations sur les actifs qui restent gelés dans les banques sud-coréennes. Plus récemment, alors que les discussions sur l’uranium métal se poursuivaient, il a été révélé que le régime iranien avait arrêté un autre citoyen américain et l’avait condamné à 10 ans de prison pour une accusation non fondée d’espionnage. Et dans les jours à venir, un diplomate iranien doit être condamné par un tribunal belge, en lien avec sa tentative de mettre une bombe contre un rassemblement du CNRI près de Paris en 2018.

Ces trois incidents représentent trois catégories totalement différentes d’activités malveillantes de Téhéran, mais ils ont tous quelque chose en commun. Ils sont tous motivés, au moins en partie, par le désir du régime iranien de maintenir une pression violente sur ses adversaires, dans l’espoir d’obtenir soit de nouvelles concessions, soit une sorte de reddition.

Zarif fait pression pour une fin brutale des sanctions américaines et un retour aux mêmes conditions que l’Iran a trouvé si faciles à violer au cours des deux dernières années. C’est peut-être un vœu pieux, mais les décideurs occidentaux doivent faire attention à ne pas se rabattre sur de vieilles habitudes de conciliation, peu importe à quel point Zarif joue la carte de la démagogie.

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