Maryam Radjavi : Le retard dans l’achat et l’importation de vaccins est la poursuite de la politique criminelle du régime des mollahs, qui va faire encore plus de victimes parmi les couches défavorisées et opprimées
C’est un nouveau coup dur pour les Iraniens, qui voient leurs chances d’une vaccination rapide s’éloigner un peu plus. Après que le ministre de la Santé a refusé au mois de mars la construction d’un hôpital de campagne par Médecins sans frontières à Ispahan, deuxième province iranienne la plus touchée par le Covid-19, le guide suprême a annoncé le 8 janvier qu’il n’importera ni les vaccins américains Pfizer/BioNTech et Moderna, ni le vaccin britannique AstraZeneca/Oxford.
« Il est interdit d’importer des vaccins faits aux États-Unis ou au Royaume-Uni. On ne peut absolument pas leur faire confiance », a tweeté en anglais l’ayatollah Ali Khamenei. « Si les Américains avaient réussi à produire un vaccin (efficace), cette catastrophe liée au coronavirus n’aurait pas eu lieu dans leur pays où 4 000 personnes sont mortes en une journée », a-t-il ajouté, reprenant des extraits de son discours retransmis en direct à la télévision iranienne un peu plus tôt.
« Il n’est pas impossible qu’ils veuillent contaminer d’autres nations », a poursuivi ce dernier, avant de voir ses déclarations supprimées par le réseau social, qui a jugé que le tweet enfreignait « spécifiquement la politique (de Twitter) sur les informations trompeuses sur le Covid-19 ». Le guide suprême a également remis en question la fiabilité des vaccins français en rappelant l’affaire du sang contaminé il y a près de 30 ans. « Vu notre expérience avec le sang français contaminé au VIH, les vaccins français ne sont pas dignes de confiance non plus », a déclaré Ali Khamenei.
La décision du guide suprême paraît sans appel, alors même que le pays accuse un bilan sanitaire catastrophique. La pandémie a provoqué la mort de 56 000 personnes, sur 1,2 million de contaminés selon les chiffres officiels, faisant de la République islamique le pays le plus touché au Moyen-Orient. Peu de temps après l’annonce de l’interdiction, le Croissant-Rouge iranien, organisation non gouvernementale à but non lucratif, a annoncé qu’il renonçait à l’importation de 150 000 doses de vaccins fournies gratuitement par des donateurs iraniens basés aux États-Unis et qui devaient être envoyées dans les semaines à venir. Face à la décision de l’ayatollah, des réactions hostiles aussi bien que favorables au régime ont été observées. « Comment savez-vous que le principal vaccin américain sera envoyé ? » interroge un internaute iranien sur Twitter. « Le retard dans l’achat et l’importation de vaccins est la poursuite de la politique criminelle du régime des mollahs, qui va faire encore plus de victimes parmi les couches défavorisées et opprimées », s’est pour sa part indignée Maryam Radjavi, opposante iranienne et présidente du Conseil national de la résistance iranienne. Le conseil médical d’Iran, un ordre des professionnels de santé, a même écrit, dimanche dernier, au président iranien Hassan Rohani une lettre ouverte pour lui demander de ne prendre « en considération que les questions scientifiques et les intérêts nationaux, et en mettant de côté les questions politiques ». Un avis partagé par l’Organisation mondiale de la santé qui a exhorté le pays à « ne pas politiser le vaccin ».
Ces dernières semaines, Téhéran a indiqué qu’il ne pouvait pas acheter de vaccins étrangers à cause des sanctions américaines qui provoqueraient un blocage des transactions. Si le gouvernement a largement usé de cet argument pour attiser la colère de sa population, l’Iran aurait effectivement subi l’impact des sanctions américaines dans ses efforts pour lutter contre le Covid-19. Rétablies en 2018 par le président américain Donald Trump, qui n’a cessé depuis le début de son mandat de mettre en place sa politique de « pression maximale » contre son ennemi iranien, Téhéran aurait eu des difficultés à se fournir « auprès de différents donateurs des équipements médicaux », selon l’antenne iranienne de l’OMS. Des restrictions davantage financières alors que Washington a, conformément à une mesure prise par la Cour de justice internationale en 2018, interdiction d’appliquer des sanctions sur le secteur médical. La récente annonce du guide suprême ne fait qu’accroître la défiance de la population à l’égard du régime, qui a provoqué de nombreuses polémiques dans sa gestion de la pandémie. En mars dernier, Ali Khamenei avait déclaré son intention de prélever un milliard d’euros du Fonds national de développement de l’Iran (FNDI) pour la lutte contre le coronavirus. L’engagement n’aurait pas été respecté selon le média iranien IranWire, qui rapporte que le ministère de la Santé n’aurait reçu que 27 % de la somme prévue intialement, préférant consacrer cette dernière en priorité aux forces de sécurité plutôt qu’aux salaires des travailleurs de santé.
https://www.lorientlejour.com/article/1248378/en-iran-la-guerre-des-vaccins-fait-rage.html
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