mardi 21 juin 2022

La nécessité d’un dialogue sur la transition de l’autoritarisme en Iran : garantir les droits humains

 CSDHI – Les événements de ces dernières années ont rendu l’avenir de la République islamique (et notamment la problématique des droits humains) plus incertain que jamais. La crise économique a plongé une grande partie de la société dans la pauvreté. Et elle a mis en évidence la corruption systématique et l’incompétence des autorités à résoudre les problèmes quotidiens de la population. Face au mécontentement, le seul recours de la République islamique a été de réprimer violemment les protestations populaires. La question n’est plus de savoir « quand » mais « comment » l’Iran sortira du régime autoritaire. Une question non résolue qui nécessite une exploration des modèles alternatifs susceptibles de combler le vide du pouvoir après l’effondrement de la République islamique.

En créant « L’Iran en transition », Iran Human Rights vise à fournir une plateforme pour lancer la discussion sur les options pratiques pour la période de transition. Nous invitons des experts et des universitaires iraniens et internationaux à discuter et à débattre du sujet, de l’histoire de l’Iran et des leçons que nous pouvons tirer des expériences d’autres pays.

Iran Human Rights se concentrera spécifiquement sur la justice transitionnelle et les modèles constitutionnels, l’économie et le contexte culturel pour construire une société inclusive. Elle fait également appel à la participation de la société civile iranienne, des groupes d’opposition et du public. Les contributions écrites seront examinées et discutées dans le cadre de débats audio et vidéo. Le résultat est un recueil d’essais sur des scénarios et des modèles comparatifs, et des solutions possibles pour la période de transition qui soit adaptée à la société iranienne tout en garantissant les droits humains, l’État de droit et les valeurs démocratiques.

La crise économique, la hausse du chômage et la pauvreté ont entraîné de nouveaux troubles en Iran. Les autorités ont fait preuve d’incompétence pour améliorer la situation économique et, au lieu de répondre aux demandes de la population, elles ont eu recours à davantage de violence et de répression. Les violations flagrantes des droits humains et l’absence d’État de droit, d’une part, et la corruption économique généralisée, d’autre part, ont suscité la colère croissante de la population.

Le fait que les manifestations se soient poursuivies malgré les violentes répressions montre que les gens ne craignent plus le gouvernement. Instiller la peur était l’outil le plus essentiel des autorités pour se maintenir au pouvoir.

43 ans après sa création, la République islamique manque de légitimité, tant parmi les Iraniens que sur la scène internationale. Ses dirigeants n’ont pas été choisis par le peuple lors d’élections libres et équitables. Comme les autorités ne sont ni transparentes, ni responsables, ni compétentes, nous sommes confrontés, d’une part, à un niveau élevé de corruption et de violations des droits de l’homme et, d’autre part, à un système qui ne peut assurer le strict minimum à sa population. Sur le plan international, la République islamique est considérée comme une menace pour la stabilité régionale et la paix mondiale, et ses dirigeants sont confrontés à un isolement croissant dans la pratique.

Les défis de la transition post-autoritaire

L’incompétence et le manque de légitimité des autorités, combinés au désespoir de la population, rendent l’avenir de la République islamique imprévisible. La question n’est pas seulement de savoir quand la République islamique doit changer, mais aussi quel modèle de transition peut combler le vide du pouvoir pendant la période de transition.

La société iranienne est une mosaïque d’orientations politiques et d’ethnies différentes. De récents sondages anonymes ont montré que les Iraniens ont des préférences différentes pour un type de gouvernement (république ou monarchie constitutionnelle), une forme de gouvernement exécutif (parlement ou présidence), une structure politique (centralisée ou décentralisée) et des modèles de démocratie. Cependant, étant donné qu’il n’y a pas eu suffisamment de discussions d’experts sur la période de transition parmi les groupes d’opposition ou la société en général, ces préférences ne sont pas ancrées dans une compréhension profonde des différents modèles.

En outre, les expériences de transition dans d’autres pays ont prouvé qu’il s’agit d’une phase considérablement plus difficile et qu’elle est cruciale pour l’avenir du pays. Un échec dans la phase de transition conduira à un nouveau régime autoritaire (ex : Egypte) ou à un système politique instable (ex : Irak et Liban). Par ailleurs, les pays qui ont réussi la phase de transition ont réussi à établir des bases relativement stables de démocratie.

Il est donc crucial d’entamer le débat sur la transition de l’autoritarisme et d’envisager des modèles appropriés pour l’Iran. La question clé à examiner est la suivante : « Quelles structures politiques et institutionnelles seraient les plus compatibles et les plus pratiques pour l’Iran après la République islamique ? »

La Révolution de 1979 démontre que le futur système judiciaire sera basé sur la justice transitionnelle. Par exemple, les tribunaux révolutionnaires établis en 1979 pour juger et exécuter arbitrairement d’anciens responsables, sont toujours en activité et sont responsables de la grande majorité des cas de peine de mort au cours des 43 dernières années. 

Ainsi, il sera également important de discuter de la justice transitionnelle et de ses résultats qui incluent l’établissement de la vérité, la justice pour les victimes d’atrocités, la responsabilisation des auteurs de violations des droits humains et l’établissement de l’état de droit. Les défis environnementaux, la crise de l’eau et l’économie dépendante du pétrole doivent également être pris en compte dans la période de transition.

Source : IHR

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire