lundi 2 septembre 2024

Le déclin alarmant de l’éducation en Iran

 – Le 1er septembre, le journal officiel Ham Mihan a publié un rapport intitulé « Le désastre de l’analphabétisme », mettant en lumière la hausse alarmante des taux d’analphabétisme chez les étudiants en Iran. L’article se concentre spécifiquement sur la situation désastreuse de l’éducation dans les provinces du Sistan-Baloutchistan, du sud du Khorasan et du Khouzistan. Cette enquête a révélé que la crise de l’éducation n’est pas limitée à ces seules régions, mais qu’il s’agit d’un problème omniprésent dans l’ensemble du pays.

Un recul des normes de l’éducation à l’échelle nationale

L’article commence par faire référence à un document officiel qui présente les notes finales moyennes dans les différentes provinces, brossant ainsi un tableau sombre du niveau d’éducation du pays. Les données révèlent une baisse significative des résultats scolaires à l’échelle nationale, plusieurs provinces, telles que le Sistan-Baloutchistan, Kerman, Hormozgan, Fars, Bushehr, Kohgilouyeh-et-Boyer-Ahmad, Chaharmahal et Bakhtiari, Lorestan, Ilam, Kermanshah, Kurdistan, l’Azerbaïdjan occidental, Gilan, Golestan, le nord du Khorasan et le Khouzistan, enregistrant des notes moyennes inférieures à 10 dans toutes les matières théoriques lors de l’examen final.

Parmi ces provinces, le Sistan-Baloutchistan se distinguent par les conditions d’enseignement les plus critiques. Un enseignant de cette région a indiqué que sur 20 élèves passant de la sixième à la septième année, au moins quatre ou cinq sont complètement analphabètes.

Causes profondes de la crise de l’éducation

Le rapport attribue ce déclin de l’éducation à plusieurs facteurs clés, en particulier au Sistan-Baloutchistan. Les enseignants de cette province pointent du doigt le manque cruel d’infrastructures éducatives, l’extrême pauvreté des élèves et de leurs familles, ainsi que la discrimination et l’inégalité systémiques en matière d’éducation, qui sont les principaux responsables de l’état lamentable de l’enseignement.

Danesh Dadollah Zehi, professeur de collège à Iranshahr, au Sistan-Baloutchistan, a souligné les immenses défis auxquels sont confrontés les élèves. Il note que les élèves du primaire doivent souvent marcher 10 à 12 kilomètres pour atteindre leur école, et que les élèves du secondaire doivent parfois parcourir 20 à 30 kilomètres. Compte tenu de ces difficultés, de nombreux étudiants choisissent de travailler comme apprentis, maçons, charpentiers ou pêcheurs, gagnant un maigre revenu de 400 000 à 500 000 tomans au lieu de poursuivre leurs études.

L’activiste sociale Mina Kamran a également souligné la mauvaise qualité de l’éducation dans les zones rurales du Sistan et du Baloutchistan, où même les élèves du secondaire ont des difficultés avec l’arithmétique de base, comme la table de multiplication, et manquent de connaissances fondamentales en matière d’addition et de soustraction.

Le sort des élèves du sud du Khorasan et du Khouzistan

Le rapport explore plus avant les défis éducatifs dans le sud du Khorasan et le Khouzistan. Le directeur d’une école primaire du Khorasan méridional, qui a requis l’anonymat par crainte de répercussions sur la sécurité, a révélé que de nombreux élèves ne vont pas à l’école en raison de difficultés économiques. Pour les filles, la situation est encore plus désastreuse ; elles abandonnent souvent l’école lorsqu’elles atteignent le niveau secondaire parce que leurs familles ne peuvent pas payer le coût du transport vers des écoles situées dans d’autres villes. De nombreuses filles sont contraintes à des mariages précoces ou restent à la maison.

Au Khouzistan, une province riche en pétrole mais en proie à de graves problèmes d’éducation, la situation est tout aussi préoccupante. Pirooz Nami, enseignant au Khouzistan, a indiqué que la province est confrontée à une pénurie de ressources éducatives, à des enseignants mal payés et à une économie en difficulté. Il a raconté qu’au début de l’année scolaire, sa classe d’informatique comptait 32 élèves, mais qu’à la fin de l’année, il n’en restait plus que 17 ou 18.

Les difficultés économiques sont exacerbées par le coût élevé de l’éducation. Une école du Khouzistan a demandé aux familles de payer 600 000 tomans pour une année scolaire, ce qui a conduit 15 familles à retirer leurs enfants de l’école.

Une crise généralisée et croissante de l’éducation

Le rapport cite également des statistiques du Centre de mesure et d’évaluation de la qualité de l’éducation, qui révèlent que lors des examens finaux de l’année académique précédente, la moyenne des notes obtenues dans les trois grands domaines que sont les sciences humaines, les sciences expérimentales, les mathématiques et la physique n’était que de 10,89 sur 20. En mathématiques et en physique, la moyenne était légèrement plus élevée (11,82), mais en sciences humaines, elle n’était que de 9,13.

Pour aggraver encore la crise, Babak Neghadari, directeur du Centre de recherche du Parlement, a déclaré en juillet qu’il manquait 176 000 enseignants pour l’année scolaire à venir, dont 72 000 devraient partir à la retraite d’ici octobre, ce qui aggrave la pénurie d’éducateurs qualifiés déjà criante.

Les dernières données du centre de statistiques du régime indiquent une augmentation de 26 % des abandons scolaires, passant de 777 000 étudiants pour l’année scolaire 2015-2016 à 930 000 en 2022-2023. La majorité de ces décrocheurs sont des élèves du deuxième cycle du secondaire (15-17 ans), suivis par les élèves du premier cycle du secondaire (12-14 ans), et un nombre important d’enfants âgés de 6 à 11 ans.

Une nation riche, mais une crise de l’éducation

Bien que l’Iran soit l’un des pays les plus riches du monde en termes de ressources naturelles et souterraines, il est confronté à une grave crise de l’éducation. Les experts estiment que le régime iranien, au cours de ses quatre décennies et demie de règne, n’a pas investi dans les vastes ressources humaines du pays. Au lieu d’utiliser les richesses de l’Iran pour une croissance et un développement durables, des dizaines de milliards de dollars ont été gaspillés dans des politiques destructrices et dans l’exportation d’une idéologie médiévale, ce qui a conduit à des crises économiques, politiques, sociales et environnementales généralisées.

Le rapport « Le désastre de l’analphabétisme » rappelle brutalement l’urgence d’une réforme de l’enseignement en Iran. Sans une intervention immédiate et significative, les générations futures du pays continueront à souffrir des conséquences de cette crise croissante de l’analphabétisme.

Source : INU/CSDHI

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