vendredi 5 décembre 2025

Promesses oubliées : les droits des personnes handicapées en Iran restent lettre morte sous les mollahs

 Malgré une décennie de promesses légales, la communauté iranienne des personnes handicapées demeure prisonnière de la pauvreté, de l’insécurité médicale et d’un abandon systémique de la part du régime.

Les autorités iraniennes affirment depuis longtemps défendre les droits des personnes handicapées, mettant en avant un dispositif légal censé garantir bien-être, soins de santé et autonomie. Pourtant, près de huit ans après l’annonce de la version révisée de la Loi de protection des droits des personnes handicapées, en 2018, ces engagements restent largement théoriques. Seules quelques dispositions ont été appliquées — et elles n’ont guère amélioré le quotidien de millions d’Iraniens en situation de handicap.

Les militants du domaine soulignent que cet échec n’est pas dû à de simples lenteurs administratives, mais à une négligence structurelle. Depuis décembre 2018, manifestations massives et appels répétés du public ont mis en lumière l’ampleur de la crise.

Pourtant, aucune amélioration significative des conditions de vie n’a été observée. Le régime annonce chaque année une hausse de 20 à 30 % des allocations de handicap, sans jamais préciser les montants de base ni leur pouvoir d’achat réel.

Cette année, par exemple, l’allocation mensuelle est passée d’un million à 1,4 million de tomans — soit l’équivalent d’environ un kilo et demi de viande. Même en ajoutant les subventions gouvernementales de 300 000 à 400 000 tomans, l’aide totale ne dépasse guère trois millions de tomans.

Pendant ce temps, le seuil de pauvreté en Iran atteindrait, selon des experts, près de 30 millions de tomans. Un gouffre qui rend la survie quotidienne extrêmement précaire : plus de 95 % des personnes handicapées vivent sous le seuil de pauvreté absolue.

L’accès aux soins, lui aussi, devient chaque jour plus difficile. À mesure que les médicaments essentiels se raréfient, la sécurité sanitaire du pays se dégrade. Selon un membre de la Commission parlementaire de la santé, la vie de nombreux Iraniens est aujourd’hui menacée en raison du manque de médicaments vitaux.

La suppression par le régime de la monnaie subventionnée a aggravé la situation. Certains responsables plaident pour l’élimination totale des taux préférentiels restants et le transfert de leur valeur aux organismes d’assurance — une stratégie qui a déjà livré des résultats catastrophiques.

Lorsque le taux de change subventionné de 4 200 tomans a été remplacé par celui de 28 500 tomans, les décideurs assurèrent que l’écart serait versé aux assurances et compenserait les patients. Cette promesse ne s’est jamais concrétisée. Les assurances demeurent incapables de fournir des médicaments en quantité suffisante, et les patients — en particulier les plus vulnérables — font face à une hausse vertigineuse des coûts et à des pénuries parfois mortelles.

L’inflation galopante a encore accentué la crise. Les produits de base, comme le riz, ont atteint des prix sans précédent — jusqu’à 400 000 tomans le kilo, contre 70 000 à 80 000 tomans trois ans plus tôt. Pourtant, les tarifs médicaux et les remboursements n’ont pas suivi, laissant patients et soignants piégés dans un système exsangue.

Le résultat est une situation où les personnes handicapées subissent plus que quiconque les effets de la mauvaise gestion économique, de la corruption et de la négligence du régime iranien.

Des protections légales existent, certes, mais les conditions d’une vie digne — revenu suffisant, soins accessibles, inclusion sociale — restent hors de portée. Pour des millions d’Iraniens, les droits que le régime prétend garantir ne sont plus que des promesses oubliées.

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