Avec l’AFP: La contestation sociale contre la corruption dans la province de Bassora, la plus riche en hydrocarbures du pays et pourtant l'une des moins bien dotées en infrastructures, a pris un nouveau tour vendredi.Des centaines d’Irakiens s’en sont pris au consulat iranien.
Jeudi soir, les manifestants s’en étaient pris à des partis, groupes et milices armées, proches de l’Iran. Mais le consulat, où ils s’étaient heurtés à d’importants cordons de sécurité, n’avait pas été touché.
Vendredi soir, les manifestants en colère, une population à majorité chiite, ont brisé ce rempart et pénétré par centaines au-delà de l’imposante muraille de béton. D’immenses flammes s’échappaient du bâtiment que les employés avaient quitté avant l’arrivée des manifestants, selon le consulat. Les Affaires étrangères irakiennes ont dénoncé un « acte inacceptable portant atteinte aux intérêts de l’Irak et de ses relations internationales », et un couvre-feu a été instauré à Bassora.
Le régime iranien veut influer sur le futur gouvernement
Tandis que le Parlement ne parvient toujours pas à s’accorder sur le choix de son président, Téhéran tente depuis les législatives de mai de peser sur la formation du futur gouvernement irakien.
Le bloc pro-régime iranien au Parlement, emmené par Hadi al-Ameri, dont la plupart des quartiers généraux à Bassora ont été saccagés par les manifestants, revendique la majorité des députés nécessaire à former le cabinet. Ameri qui a la double nationalité iranienne et irakienne et le chef de la milice Badr et surtout un officier de la force Qods des Gardiens de la révolution islamique du régime iranien.
Vendredi soir, des témoins ont indiqué que les manifestants avaient incendié le domicile du ministre des Télécommunications, issu du même mouvement qu’Hadi al-Ameri.
Une crise sanitaire
Mais le Premier ministre sortant, Haider al-Abadi, allié au populiste Moqtada Sadr, assure aussi avoir la plus large coalition.
Samedi, à l’appel de Moqtada Sadr, Haider al-Abadi se présentera avec plusieurs de ses ministres devant le Parlement pour évoquer le mouvement social à Bassora, exacerbé par une crise sanitaire qui a déjà mené à plus de 30 000 hospitalisations pour intoxication par l’eau. « On a soif, on a faim, on est malades et abandonnés », résume Ali Hussein, un protestataire. « Manifester est un devoir sacré et tous les gens honnêtes devraient le suivre ».
Exaspérés d’attendre la fin des pénuries chroniques d’eau et d’électricité, et le limogeage des corrompus, les habitants de la province pétrolière ont repris il y a quelques jours les manifestations lancées début juillet. Neuf personnes sont mortes depuis mardi.
Amnesty International a dénoncé un « usage excessif de la force par les forces de sécurité, dont des balles réelles », affirmant que cela avait déjà eu lieu en juillet.
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