La nouvelle date fixée pour la reprise des négociations intervient quelques jours après une session prévue du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Téhéran tente une fois de plus de manipuler la communauté internationale et d’esquiver une éventuelle résolution du Conseil des gouverneurs visant à punir Téhéran pour son non-respect du régime de sauvegarde de l’AIEA et ses avancées nucléaires provocantes.
En septembre, Téhéran a conclu un accord avec le chef de l’AIEA, Rafael Grossi, à la veille de la réunion prévue du Conseil des gouverneurs de l’AIEA, et a accepté de faciliter la surveillance des sites nucléaires iraniens par le chien de garde de l’ONU. Comme le Conseil des gouverneurs n’a pas adopté de résolution condamnant Téhéran, le régime a échappé à d’éventuelles répercussions graves de la part de la communauté internationale. Pourtant, après la réunion de l’AIEA et la session de l’Assemblée générale des Nations unies, Téhéran a empêché le personnel de l’AIEA d’effectuer la maintenance de routine des équipements de surveillance et le site nucléaire de Karaj devait rester interdit.
Mahmoud Nabaviyan, membre de la commission spéciale d’enquête sur le plan d’action global conjoint (JCPOA) et membre du conseil de la commission de l’article 90 du Majlis (Parlement des mollahs), a récemment annoncé que le réacteur d’Arak avait produit 9 kg de plutonium par an, ce qui est suffisant pour une bombe. »
Vendredi 5 novembre, Behrouz Kamalvandi, porte-parole de l’Organisation de l’énergie atomique du régime, a déclaré : « Jusqu’à présent, nous avons produit 25 kilogrammes d’uranium à 60 %, ce que, à l’exception des pays dotés d’armes nucléaires, aucun autre pays n’est en mesure de produire. »
En d’autres termes, Téhéran a réussi, par le chantage nucléaire et la tromperie, à éviter d’être tenu responsable de ses activités malignes.
Téhéran a bloqué les négociations nucléaires en juin, lorsque Ebrahim Raïssi est devenu le nouveau président du régime. Raïssi et son ministre des Affaires étrangères, Hossain Amir-Abodollahian, ont persisté sur le fait qu’ils ne sont pas intéressés à « négocier pour négocier ». Mais leur approche montre plutôt que Téhéran négocie effectivement pour tuer le temps et étendre secrètement ses capacités nucléaires.
Pour rendre la situation plus compliquée, Téhéran a proclamé trois conditions pour la reprise des négociations nucléaires qui lui permettraient en fait de poursuivre ses activités nucléaires et de se doter de l’arme nucléaire.
« Les États-Unis doivent montrer qu’ils ont la capacité et la volonté de fournir des garanties qu’ils n’abandonneront pas à nouveau l’accord si les pourparlers visant à le relancer aboutissent », a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Saeed Khatibzadeh, lors d’une conférence de presse virtuelle lundi.
Khatibzadeh a ajouté que les États-Unis devaient « reconnaître leur faute en abandonnant le pacte » et devaient « lever toutes les sanctions imposées par l’administration Trump. »
Téhéran sait que ces exigences sont irréalistes. À cet égard, le journal officiel Arman-e Meli a écrit lundi : « Ces conditions sont-elles destinés à obtenir des concessions ou à dire que l’Iran n’entrera pas dans les négociations en position de faiblesse ? Ou peut-être les responsables ont-ils exigé de telles conditions car ils savaient qu’elles ne seraient pas pleinement atteints. Ainsi, on pourrait dire que nous étions prêts à négocier, mais que l’effort a échoué parce qu’ils [les P5+1] ont décliné nos demandes ? ».
« Si nous attendons des Américains qu’ils reconnaissent leur faute et qu’ils la paient, ce n’est pas quelque chose qu’ils accepteraient », a ajouté Arman-e Meli. Le journal souligne également que le régime « doit, par tous les moyens, participer aux négociations du 29 novembre et ne pas les ajourner », car cela pourrait conduire à la formation d’un « front international » contre Téhéran.
Par ailleurs, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a déclaré mardi à son homologue iranien que les négociations du JCPOA devaient « se poursuivre là où elles se sont arrêtées en juin ». Les commentaires de Le Drian suggèrent une inquiétude croissante face aux récentes demandes de Téhéran.
Il est donc peu probable que même les signataires européens du JCPOA, qui ont fait tous les efforts possibles pour maintenir le JCPOA lacunaire, succombent aux demandes du régime. Il convient de souligner que les négociations nucléaires se sont enlisées en raison du manque de coopération du régime et de ses tentatives de chantage auprès de la communauté internationale. Téhéran a continué à manquer à ses obligations, à enrichir de l’uranium au-delà des limites fixées par le JCPOA et à poursuivre ses activités terroristes par le biais de ses groupes mandataires inféodés dans la région.
La demande de levée des sanctions formulée par le régime est une autre demande sans fondement. Si l’administration Obama a adhéré au JCPOA par une décision exécutive, la plupart des sanctions imposées à Téhéran ont été approuvées et adoptées par le Congrès américain. Par conséquent, aucune administration américaine n’a le pouvoir de les lever. En outre, nombre de ces sanctions ne sont même pas liées au programme nucléaire du régime.
Il convient de noter que la demande du régime que ni l’administration américaine actuelle ni aucune administration future ne se retire de l’accord, exige que l’accord nucléaire soit adopté comme un traité, ce qui nécessite 60 voix au Sénat.
« Notre demande que les États-Unis que les administrations futures ne se retirent pas du JCPOA, même si le Congrès le ratifie, les législateurs américains pourraient introduire une résolution et abroger la loi précédente si c’est dans leur intérêt », a écrit Arman-e Meli à cet égard.
Le régime des mollahs est conscient du caractère irréaliste de ses exigences. Pourtant, il les a présentées pour deux raisons. Premièrement, Téhéran compte sur une résurgence de la politique de complaisance. Le régime sait que la patience de la communauté internationale s’amenuise et que Téhéran pourrait subir de graves conséquences à long terme. Il entend donc obtenir le maximum de concessions possibles de la part de l’Occident. En outre, Téhéran entend gagner du temps et poursuivre son programme nucléaire pour avoir le dessus dans les négociations. Les propos tenus par le vice-ministre des Affaires étrangères du régime, Ali Bagheri Kani, en 2020, mettent en lumière la stratégie du régime pour gagner du temps.
« Lorsque nous avons commencé à négocier en 2003, l’Iran n’avait aucun moyen de pression ; nous avons donc accepté la suspension de l’enrichissement de l’uranium. Certaines personnes ne croyaient pas que le programme nucléaire était un élément de puissance, arguant que nous ne cherchons pas à obtenir des armes nucléaires », a déclaré l’actuel négociateur principal de l’Iran dans une interview en 2020. « Mais les technologies sensibles et complexes ont un double objectif. Seuls les gouvernements investissent dans ces technologies car elles ont une dimension militaire. Nous voulions que les centrifugeuses continuent de tourner pour que les roues de nos économies puissent également tourner », a-t-il ajouté.
Le 2 novembre, le quotidien officiel Aftab-e Yazd a reconnu que « si l’Iran revient dans le JCPOA, les États-Unis et les autres signataires ne seront pas limités au JCPOA et à ses conditions. Si Téhéran quitte le JCPOA, il doit entamer des négociations avec les pays qui veulent accélérer les pourparlers et étendre les négociations nucléaires à d’autres questions. »
La deuxième raison des exigences irréalistes du régime est largement due aux crises sociales actuelles en Iran. Les mollahs sont confrontés à une société rétive. Le temps n’est pas l’allié des mollahs. L’économie iranienne est en chute libre en raison de la corruption institutionalisé et du gaspillage des ressources pour le terrorisme et son programme nucléaire. Les sanctions ont paralysé la machine belliciste du régime et ont également accru le dilemme social de l’Iran. L’économie iranienne étant dépendante du pétrole, le régime est incapable de couvrir ses dépenses dans un contexte de sanctions contre son industrie pétrolière.
Téhéran a désespérément besoin d’un allègement des sanctions pour sauver son économie qui s’effondre, empêcher les soulèvements populaires et financer ses groupes terroristes mandataires inféodés qui sont devenus impopulaires dans la région. Le 22 août, l’administration de Raïssi a récemment exigé le déblocage de 10 milliards de dollars d’avoirs iraniens gelés, un autre geste supposé de bonne volonté de la part des États-Unis.
Le régime sait qu’en montrant le moindre signe de faiblesse dans ses relations avec le monde extérieur, les pourraient perdre leur fragile emprise sur la situation en Iran. En outre, toute faiblesse de l’actuel gouvernement « jeune et Hezbollahi », tel que décrit par le Guide Suprême du régime, Ali Khamenei, pourrait démoraliser davantage les forces du régime.
Conclusion
On peut conclure sans risque que les mollahs se trouvent dans une impasse. Téhéran ne peut ni accepter les conditions proposées par les puissances occidentales en échange d’un allègement des sanctions, ni continuer à jouer la montre en raison des crises sociales et économiques actuelles du pays. Les actions illogiques de l’Iran sont les caractéristiques d’un régime qui s’empêtre dans les crises qu’il a lui-même créées.
La communauté internationale devrait savoir que le régime est à son point le plus faible. Téhéran ne répond qu’à la force, et toute concession au régime ne ferait que l’enhardir. Le moment est donc venu pour la communauté internationale de mettre un frein au programme nucléaire et au terrorisme de Téhéran une fois pour toutes.
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