Les témoins sont d’anciens prisonniers politiques, membres de l’organisation d’opposition les Moudjahidine du peuple (OMPI/MEK) qui résident dans la cité d’Achaf-3, en Albanie.
Six juges, deux procureurs, les traducteurs et l’avocat de Noury ont fait le voyage. Les audiences sont programmées du 10 au 19 novembre 2021.
La cour a commencé ses travaux le 10 novembre 2021, avec le témoignage de Mohammad Zand, membre de l’OMPI et prisonnier politique pendant onze ans, de 1980 à 1991. Son frère fait partie des victimes du massacre de l’été 1988.
Conférence de presse
Simultanément à la première audience du tribunal de Durrës, plusieurs plaignants et anciens prisonniers politiques de l’OMPI ont tenu une conférence de presse à l’extérieur du tribunal.
Parmi eux figuraient Mmes Mehri Hajinejad, Khadijeh Ashtiani, Mahnaz Maymanat, Farideh Goudarzi, Khadijeh Borhani, et Parvine Firouzan. Damona Taavoni, dont le père figure parmi les victimes du massacre de 1988, était également présente. Des médias albanais et internationaux ont couvert la conférence.
Le témoignage de Mohammad Zand
Dans son témoignage devant la cour, Mohammad Zand a déclaré : “Mon frère (Reza Zand) avait 21 ans et étudiait la technologie. Lui et son ami, Parviz Sharifi, ont été arrêtés en septembre 1981. Parviz a été condamné à la prison à vie, et Reza à dix ans, mais ils ont tous les deux été exécutés en 1988.
« Avant son exécution, explique le témoin, nous avons eu un parloir avec ma mère. Il lui a dit : ‘‘Tu ne me reverras plus. Le régime ne nous laissera pas sortir.’’ Le 30 juillet, un gardien est entré dans la grande cellule commune et a appelé les noms de huit personnes, dont celui de Reza.
Plusieurs jours plus tard, ils ont appelé mon père et lui ont dit de venir à la prison d’Evine avec l’acte de naissance de Reza. Il n’a pas pris l’acte de naissance avec lui. Là, ils lui ont donné un sac, une chemise et une montre. Reza avait écrasé sa montre pour qu’elle s’arrête à 2 heures, indiquant l’heure de son exécution.
Mon père a demandé : “Pourquoi avez-vous exécuté mon fils ? Je ne vous donnerai pas son acte de naissance !”. Pour avoir dit cela, ils lui ont bandé les yeux et l’ont emmené à l’intérieur. Pour l’effrayer, ils ont fait subir à mon père trois fausses exécutions. Mon père leur a dit : “Tuez-moi. J’irai rejoindre mon fils.”
Qui est Hamid Noury ?
Hamid Noury, 60 ans, est jugé par le tribunal de Stockholm depuis le 10 août 2021. Ses différents chefs d’accusation incluent meurtre, crime contre l’humanité et crime de guerre. Il a été assistant du procureur adjoint de la prison de Gohardacht à Karadj, dans la banlieue ouest de Téhéran.
La justice suédoise l’a arrêté en novembre 2019, alors qu’il arrivait dans ce pays pour rendre visite à sa famille.
Appel à la justice pour les victimes du massacre de 1988
Le régime clérical a exécuté plus de 30.000 prisonniers politiques à l’été 1988 lors d’un massacre, qui a commencé fin juillet et s’est poursuivi pendant plusieurs mois dans les prisons du pays. Les prisonniers ont été exécutés après des procès minutes. La plupart des victimes ont été enterrées secrètement dans des fosses communes. Plus de 90 % d’entre elles étaient des membres ou sympathisants de la principale opposition démocratique, l’organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK).
Le régime clérical n’a jamais reconnu le massacre, et les auteurs sont restés au pouvoir en toute impunité.
Le procès de Hamid Noury est très important, principalement parce que le président en exercice du régime, Ebrahim Raïssi, était l’un des quatre membres de la commission de la mort de Téhéran. Il a ordonné l’exécution de milliers de prisonniers. Tous les dirigeants et responsables du régime clérical sont impliqués dans le massacre de 1988.
D’éminents juristes ont qualifié le massacre de 1988 de “génocide”. Le massacre est également reconnu comme le pire crime contre l’humanité depuis la Seconde Guerre mondiale.
Lors de sa première conférence de presse après son entrée en fonction, Ebrahim Raïssi a défendu son rôle dans le massacre de 1988.
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