dimanche 7 novembre 2021

Pourquoi le régime iranien a-t-il saisi un navire qui transportait son propre pétrole?

 Le 4 novembre, la chaine de télévision officielle des mollahs a affirmé que la marine des Gardiens de la révolution (pasdaran) avait empêché les États-Unis de « voler » un pétrolier iranien en mer d’Oman. « Grâce à l’action opportune et ferme des forces navales des pasdaran, l’opération de la marine terroriste américaine visant à voler du pétrole iranien en mer d’Oman a échoué », peut-on lire dans la déclaration des forces spéciales des pasdaran, comme le rapporte la télévision officielle.

Cette affirmation a été rejetée par le Pentagone, qui l’a qualifiée de « revendication bidon ». « J’ai vu les revendications iraniennes. Elles sont absolument fausses et mensongères. C’est une affirmation bidon », a déclaré aux journalistes John Kirby, porte-parole du Pentagone.

Le régime avait, en effet, saisi un pétrolier battant pavillon vietnamien en octobre. Deux navires de la marine américaine, appuyés par un soutien aérien, avaient surveillé la situation, mais n’avaient pas tenté d’empêcher le navire. Le navire est identifié comme étant le « Southys ».

Selon le site Tanker Trackers, le Southys « a tenté d’effectuer une livraison de 700 000 barils de pétrole brut iranien à la Chine, mais a été rejeté. Le SOUTHYS est ensuite retourné en Iran et a jeté l’ancre à Bandar Abbas. Hier, il a été déplacé vers le détroit d’Ormuz. »

Pourquoi les forces des pasdaran attaqueraient-elles, aborderaient-elles et saisiraient-elles un navire transportant leur propre pétrole pour l’exporter clandestinement vers l’Asie ? Cette démonstration visant à « donner une leçon à l’arrogance mondiale » intervient avant le nouveau cycle de négociations nucléaires à Vienne. Téhéran entend poursuivre sa campagne d’extorsion, soit en violant ses engagements au titre de l’accord nucléaire de 2015, soit par des actes manifestes de belligérance et de terrorisme.

Comme le régime n’a pas payé le prix de son aventurisme régional et de son extorsion nucléaire, il poursuit ses activités malignes. Pourquoi Téhéran prend-il le risque de créer un fiasco international qui pourrait conduire à une impasse plutôt que de tenter de rétablir l’accord nucléaire de 2015, officiellement connu sous le nom de plan d’action global conjoint (JCPOA) ?

Le 2 novembre, le quotidien officiel Aftab-e Yazd a reconnu que si Téhéran « revient au JCPOA, les États-Unis et les autres signataires ne seraient pas limités au JCPOA et à ses conditions. Si Téhéran quitte le JCPOA, il doit entamer des négociations avec les pays qui veulent accélérer les négociations et étendre les négociations nucléaires à d’autres questions. »

« Si l’Iran accepte cela, ajoute Aftab-e Yazd, et même s’il veut gagner du temps, cela aboutira à une impasse. Ainsi, nous sommes dans une situation où une ‘grande décision’ devient inévitable. »

Il convient de souligner que la télévision officielle iranienne a diffusé l’intégralité de l’attaque du pétrolier pour, en quelque sorte, remonter le moral des forces du régime.

L’Iran traverse sa pire période depuis le siècle dernier. L’économie du régime est en ruine. La Covid-19 fait des milliers de victimes chaque jour en raison de l’inaction du régime, Téhéran est confronté à un isolement régional et international croissant et, surtout, le régime doit faire face à une société rétive. Des dizaines de manifestations ont lieu chaque jour dans le pays. La situation a atteint un point tel que les médias officiel mettent en garde les responsables contre un nouveau soulèvement.

« Le système politique iranien est confronté aux crises de la légitimité politique, de l’efficacité économique et de la corruption structurelle depuis de nombreuses années », écrivait le 30 octobre le quotidien officiel Mostaghel.

« Lorsque les citoyens ne sont pas en mesure de satisfaire leurs besoins fondamentaux, ils rejoignent les classes sociales appauvries. Lorsque ces classes appauvries deviennent trop importantes, des millions de personnes n’ont plus rien à perdre et recourent à la violence. Cela mettrait certainement en danger la sécurité de l’État », a averti le quotidien Aftab-e Yazd le 31 octobre.

Les puissances occidentales ne doivent pas céder à la campagne d’extorsion du régime. De telles actions provocatrices, qui déstabilisent la paix et la sécurité internationales, ne doivent pas rester sans réaction. Le régime doit être tenu pour responsable, et c’est le seul moyen de mettre un terme à ses activités malveillantes.

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