Leurs familles et plusieurs défenseurs des droits humains ont exprimé à plusieurs reprises leurs inquiétudes, mais les autorités judiciaires, sécuritaires et pénitentiaires n’ont apporté aucune réponse.
Malgré un passé marqué par plusieurs arrestations, interrogatoires prolongés et condamnations sévères, le refus persistant d’accès aux soins essentiels et aux médicaments nécessaires a accru les craintes de dommages physiques et psychologiques irréversibles. Leurs cas illustrent un schéma général et systématique de privation médicale et de pression punitive exercée contre les prisonniers politiques sous le régime du Velayat-e Faqih.
Récit Factuel
Marzieh Farsi
Marzieh Farsi, âgée de 58 ans et mère de plusieurs enfants, souffre depuis longtemps d’un cancer et de maladies cardiaques. Son transfert de la prison de Qarchak à Evine n’a rien amélioré ; au contraire, son état s’est aggravé. Elle souffre de fortes migraines, d’étourdissements sévères, d’une fatigue chronique et de symptômes croissants liés au cancer.
Malgré les prescriptions d’un spécialiste visant à contrôler la progression des cellules cancéreuses et à stabiliser sa condition cardiaque, les autorités pénitentiaires refusent d’autoriser l’entrée de ces médicaments, invoquant des prétextes administratifs ou sécuritaires.
L’humidité élevée, l’absence de ventilation, la pression psychologique et l’incertitude permanente aggravent encore ses symptômes.
Forough Taghipour
La situation de Forough Taghipour est également préoccupante. Arrêtée initialement en mars 2020 puis libérée en février 2023, elle a été de nouveau arrêtée le 21 août 2023, lors de la répression entourant l’anniversaire des manifestations nationales. Malgré sa faiblesse physique et son besoin urgent d’examens médicaux, elle est détenue dans un environnement dépourvu de conditions minimales.
La Salle 6 souffre d’un manque chronique d’articles d’hygiène, d’eau chaude, de surpopulation et de longs retards dans les examens médicaux. Le comportement humiliant des gardiens, les menaces répétées et la pression psychologique l’épuisent mentalement et physiquement.
Un exemple clair de privation médicale : son transfert à l’hôpital a été annulé parce qu’elle refusait d’être entravée et menottée — une pratique coercitive imposée régulièrement aux prisonniers politiques.
Contexte des Affaires
Les arrestations de Marzieh Farsi et Forough Taghipour le 21 août 2023 faisaient partie d’une vague nationale de détentions marquant le premier anniversaire du soulèvement populaire. Après l’arrestation, elles ont été transférées à la Salle 209 d’Evine, où elles ont subi de longs interrogatoires.
Le juge Iman Afshari les a condamnées à 15 ans de prison pour baghi (« rébellion armée ») et « liens avec l’OMPI ». En appel, la peine a été réduite à cinq ans, faute d’éléments crédibles.
Marzieh Farsi
Arrêtée précédemment le 18 février 2020, elle avait été condamnée à cinq ans de prison après des mois d’interrogatoires. Libérée en mars 2023, elle a de nouveau été arrêtée moins d’un an plus tard, en plein regain de la répression. Sa santé fragile nécessitait pourtant un suivi médical constant.
Forough Taghipour
Née en 1994, diplômée en comptabilité, elle a été arrêtée avec sa mère le 24 février 2020. Poursuivie pour « rassemblement et collusion » et « appartenance à l’OMPI », elle a même été menacée d’une accusation de moharebeh (« guerre contre Dieu »). Après avoir purgé cinq ans, elle a été libérée en février 2023 avant d’être arrêtée à nouveau.
Privation Médicale comme Forme de Torture Blanche
Le comportement des services de sécurité et des autorités pénitentiaires montre clairement que la privation médicale n’est pas due à un manque de ressources, mais à une stratégie délibérée de coercition.
Pour Marzieh Farsi, le refus de médicaments essentiels contre le cancer représente une menace directe pour sa vie.
Pour Forough Taghipour, les transferts annulés, l’imposition de chaînes, les humiliations et l’absence de soins sont des formes évidentes de torture psychologique et physique.
Cette stratégie vise à briser la résistance des prisonniers à travers un processus lent, invisible et destructeur.
Conditions Dégradantes du Quartier des Femmes d’Evine
La Salle 6 du quartier féminin d’Evine est depuis longtemps l’une des zones les plus éprouvantes de la prison :
humidité excessive
mauvaise ventilation
manque d’articles d’hygiène
eau chaude insuffisante
surpopulation
accès restreint aux médecins et aux médicaments
Ces conditions aggravent directement les problèmes de santé des prisonnières politiques, notamment dans les cas graves comme ceux de Farsi et Taghipour.
Analyse des Droits Humains et Violations Légales
Les privations médicales infligées à ces deux femmes violent plusieurs normes internationales :
Article 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) : droit à la vie et à la sécurité.
Article 5 de la DUDH & Article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques : interdiction de la torture et des traitements inhumains.
Règles Nelson Mandela (22, 24, 25) : obligation de fournir des soins adéquats et des conditions sanitaires acceptables.
Le traitement réservé à ces femmes viole ces normes de manière systématique.
Conclusion : Risque Immédiat
Avec l’aggravation de leurs problèmes médicaux, l’absence totale de soins, la pression sécuritaire constante et l’indifférence judiciaire, la situation de Marzieh Farsi et Forough Taghipour est plus critique que jamais.
Si cette politique continue, les conséquences pourraient être irréversibles, voire fatales.
Leurs familles et les défenseurs des droits humains appellent à :
un transfert médical urgent,
des soins immédiats,
et la fin des pratiques illégales et inhumaines dans le quartier des femmes d’Evine.
Leurs cas reflètent un schéma plus large de privation médicale utilisée comme outil de répression contre les prisonniers politiques en Iran.


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