vendredi 5 juillet 2024

L’Iran face à une grave pénurie d’enseignants et à des problèmes d’infrastructures éducatives

– Le système éducatif iranien est aux prises avec une grave pénurie d’enseignants et des infrastructures inadéquates, selon les récentes déclarations de Babak Negahdari, chef du Centre de recherche du Parlement iranien.

Le pays est confronté à un déficit d’au moins 176 000 enseignants dans ses écoles, auxquels s’ajoutent 72 000 éducateurs qui devraient prendre leur retraite d’ici septembre 2024.

M. Negahdari attribue cette crise à deux décennies de pratiques irrégulières en matière de recrutement et d’emploi dans le secteur de l’éducation. Il a cité la négligence du développement des capacités des éducateurs universitaires, l’affaiblissement des centres de formation des enseignants et l’incohérence des réglementations en matière d’emploi entre 2009 et 2021 comme des facteurs clés contribuant à la crise des ressources humaines au sein du ministère de l’éducation.

Les problèmes d’infrastructure sont tout aussi préoccupants. L’espace éducatif moyen par habitant en Iran n’est que de 5,28 mètres carrés, ce qui est nettement inférieur à la norme de 8,5 mètres carrés. Fait alarmant, 11 provinces disposent d’encore moins d’espace que la moyenne nationale.

En outre, 104 000 salles de classe dans tout le pays sont dans un état de délabrement avancé, posant des risques de sécurité pour les élèves et nécessitant une démolition, une reconstruction ou une mise à niveau urgente.

Les provinces présentant le pourcentage le plus élevé de salles de classe dangereuses sont le Kurdistan (38,7 %), l’Azerbaïdjan oriental (38,6 %) et Téhéran (28,1 %). En outre, 79 000 salles de classe sont dépourvues d’équipements de chauffage ou de refroidissement adéquats.

Les besoins financiers pour résoudre ces problèmes sont considérables. Negahdari estime que 160 billions de tomans sont nécessaires pour augmenter les espaces éducatifs, 150 billions de tomans pour reconstruire les salles de classe dangereuses, et 7,7 billions de tomans pour fournir ou réparer les appareils de refroidissement et de chauffage.

Cependant, le budget actuel de l’éducation n’alloue pas suffisamment de fonds pour résoudre ces problèmes.

Les critiques ont souligné la disparité entre les budgets alloués aux institutions gouvernementales, militaires et idéologiques par rapport aux ministères vitaux tels que l’éducation, l’environnement et les sports.

Ce déséquilibre est considéré comme l’une des principales causes de l’escalade des crises éducatives, sociales et culturelles en Iran.

La pénurie d’enseignants devrait s’aggraver au cours de l’année scolaire 2024-2025, malgré la mise en œuvre de politiques strictes en matière d’affectation du personnel d’encadrement et d’utilisation des enseignants retraités et à temps plein.

M. Negahdari suggère d’accélérer le processus de sélection des enseignants afin que les nouveaux éducateurs soient en place avant le début de l’année scolaire en septembre.

La situation actuelle a conduit à des affectations précipitées, certains enseignants entrant dans les classes sans avoir reçu de formation adéquate. En 2023, les résultats définitifs du concours de recrutement des enseignants ont été annoncés une semaine seulement avant le début de l’année scolaire, ce qui n’a pas laissé le temps de se préparer.

Les bas salaires, le coût élevé du logement dans les grandes villes et le paiement irrégulier des heures supplémentaires et des frais d’enseignement dissuadent les éducateurs potentiels d’entrer dans la profession. Il en résulte une pénurie de recrutement, en particulier dans les zones urbaines comme Téhéran.

M. Negahdari a également souligné le paradoxe du « phénomène simultané de pénurie et d’excédent de ressources humaines » dans différentes régions. Certaines provinces sont confrontées à de graves pénuries tandis que d’autres ont des excédents, une situation qui peut varier même entre les villes d’une même province ou entre les différents quartiers d’une même ville.

Alors que le système éducatif iranien est confronté à ces défis multiformes, la nécessité de réformes globales et d’investissements accrus dans les ressources humaines et les infrastructures devient de plus en plus évidente.

L’avenir de la qualité de l’éducation en Iran et, par extension, son développement économique et social, dépendent de la résolution rapide et efficace de ces questions cruciales.

Source : INU/ CSDHI 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire