Les infirmières iraniennes ont repris leurs manifestations à Fasa (sud de l’Iran) et à Yazd (centre de l’Iran), le samedi 2 novembre 2024, alors que le gouvernement refuse de répondre à leurs demandes d’amélioration des salaires et des conditions de travail.
Les femmes représentent 70 % de la main-d’œuvre infirmière en Iran, un groupe qui a été confronté à des sous-paiements systématiques, à la censure et même à l’intimidation.
Un tragique catalyseur de changement
En août, de vastes manifestations ont éclaté à la suite de la mort tragique de Parvaneh Mandani, une infirmière de 32 ans de la province de Fars. Son effondrement et son décès, attribués à un surmenage extrême, ont été rapportés dans les médias comme un cas de « syndrome de Karoshi » – un terme traditionnellement associé au Japon, qui trouve désormais une résonance dans la crise des soins de santé en Iran.
Le décès de Parvaneh est devenu un cri de ralliement, déclenchant des manifestations qui se sont étendues à plus de 50 hôpitaux dans 21 villes. Les infirmières iraniennes se sont mobilisées, exigeant une rémunération équitable et dénonçant les heures supplémentaires obligatoires, qui les obligent souvent à prendre en charge jusqu’à 50 patients simultanément.
Négligence systémique de la loi sur la tarification des soins infirmiers
Les revendications des infirmières iraniennes ne se limitent pas à des heures de travail équitables. Elles demandent l’application de la loi sur la tarification des services infirmiers, promulguée en 2006, qui vise à normaliser la rémunération en fonction de la charge de travail et des performances – une loi qui a été largement ignorée. En outre, les infirmières souhaitent avoir accès aux avantages professionnels généralement accordés aux fonctions à haut risque, tels que la retraite anticipée après 25 ans, mais ces droits ne sont toujours pas respectés.
Augmentation des taux de démission et d’émigration
Le manque de soutien gouvernemental a poussé de nombreuses infirmières à bout. L’année dernière, environ 1 590 infirmières iraniennes ont démissionné, un chiffre qui dépasse nettement le taux d’émigration des professionnels de la santé. En fait, on estime que les démissions sont deux à trois fois supérieures au taux d’émigration. En un mois seulement, plus de 200 infirmières iraniennes ont quitté le pays, ce qui souligne l’urgence de cette crise.
La légalité des heures supplémentaires forcées remise en question
Fin septembre, la commission parlementaire iranienne de la santé et des traitements a pris acte de l’augmentation des démissions et de l’émigration. Elle a reconnu que l’imposition d’heures supplémentaires obligatoires aux infirmières était illégale, citant une décision de la Cour de justice administrative. Malgré cette reconnaissance, aucune réforme substantielle ou mesure de compensation n’a été adoptée.
Néanmoins, les infirmières iraniennes restent déterminées dans leurs revendications. Elles continuent de réclamer un revenu minimum supérieur au seuil de pauvreté et un plafonnement des heures supplémentaires à 80 par mois. Il est alarmant de constater que les heures supplémentaires sont actuellement rémunérées à moins de 50 cents de l’heure.
Source: CNRI Femmes
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire