Une tactique particulièrement éprouvante, parfois qualifiée d’« assassinat biologique », consiste à administrer des drogues psychoactives et à provoquer des maladies auto-immunes. Ces méthodes entraînent un déclin physique et mental dévastateur, privant les prisonniers de leur volonté et de leur contrôle, ce qui rappelle les atrocités nazies et les expériences médicales inhumaines sur les captifs.
Torture et abus
La torture physique et psychologique fait partie intégrante de la détention et de l’emprisonnement des prisonniers politiques en Iran. Les informations recueillies font état de diverses tactiques violentes, notamment des passages à tabac, des abus sexuels et des dégradations verbales visant à détruire l’estime de soi des prisonniers.
Les abus sexistes sont particulièrement fréquents à l’encontre des femmes détenues. Les interrogateurs soumettent souvent les femmes à des propos désobligeants et à des pressions psychologiques. De nombreux témoignages font état d’incidents au cours desquels des interrogateurs masculins touchent physiquement des détenues, voire les agressent.
Un cas particulièrement pénible concerne Soada Khadirzadeh, une prisonnière politique kurde. Arrêtée à l’été 2022 alors qu’elle était enceinte, elle a été détenue à Ourmia, une ville du nord-ouest de l’Iran, et soumise à de graves tortures et à des interrogatoires menaçant de mort, ce qui l’a conduite à une tentative de suicide ratée.
On a fait pression sur elle pour qu’elle fasse de faux aveux devant la caméra ; sinon, ses interrogateurs l’ont menacée de fabriquer un rapport psychiatrique sur elle, ce qui aurait entraîné le renvoi de son nouveau-né à l’aide sociale de l’État.
Dans un enregistrement audio, Soada a courageusement décrit le harcèlement verbal et sexuel qu’elle a subi de la part des agents du ministère des renseignements, qui cherchaient à obtenir ses aveux pour avoir prétendument aidé son mari à s’échapper d’Iran.
Ce type de torture n’inflige pas seulement des blessures physiques, mais provoque également des traumatismes psychologiques intenses, conduisant les prisonniers à de graves dépressions, à l’anxiété et même à des pensées suicidaires.
Lors des manifestations nationales de 2022, le régime a constamment dénaturé les décès de manifestants en détention, les attribuant souvent à des « crises cardiaques », des « chutes » ou des « suicides » pour masquer la violence brutale infligée par les forces de l’État.
Maladies auto-immunes induites
Une méthode inquiétante utilisée pour contrôler et tourmenter les prisonniers consiste à leur administrer des médicaments spécifiques pour induire des maladies auto-immunes. Des maladies comme la sclérose en plaques (SEP), le lupus et le psoriasis – des maladies chroniques et souvent débilitantes qui attaquent le système immunitaire du corps – seraient imposées aux détenus par le biais de régimes médicamenteux manipulés. Ces maladies affaiblissent les prisonniers, les rendant incapables de résister aux pressions psychologiques et physiques épuisantes.
Les récits des victimes, étayés par des avocats, des médecins et des examens médicaux, révèlent que les prisonniers se voient administrer des médicaments psychoactifs ou des substances qui perturbent leurs défenses immunitaires. Cela peut entraîner des troubles du mouvement ou d’autres troubles auto-immuns. Sous prétexte de « traitement », certains sont même soumis à des électrochocs.
Les maladies forcées des prisonnières politiques
Yasaman Rezaei Babadi, diplômée en psychologie, a été arrêtée à deux reprises lors de manifestations et à nouveau fin juillet 2023 à Karadj, une ville proche de Téhéran. Sa deuxième arrestation a conduit à un séjour forcé de 3 mois à l’hôpital psychiatrique Imam Hossein, sanctionné par les responsables du centre de détention.
Suite à une vidéo de Roya Zakeri scandant des slogans contre « Ali Khamenei », elle a été arrêtée le 15 octobre 2023. Roya a ensuite été admise dans le service des femmes de l’hôpital psychiatrique Razi à Tabriz, dans le nord-ouest de l’Iran, et n’a reçu aucune visite.
Outre les souffrances psychologiques infligées aux prisonnières politiques, de nombreux rapports confirment que le régime leur inflige également des maladies physiques.
L’activiste Atena Daemi, qui a passé 7 ans en prison, a développé une sclérose en plaques pendant sa détention. Une autre ancienne militante étudiante, Motahareh Gouneii, souffrait d’une sclérose en plaques qui était restée en sommeil pendant 5 ans mais qui a récidivé dans les conditions d’incarcération. Zeynab Khoniabpour, une figure de l’opposition, a développé un psoriasis après sa libération, remarquant des taches sur la peau qui se sont progressivement aggravées jusqu’à ce qu’elles soient diagnostiquées comme une maladie auto-immune.
Dans de nombreux autres cas, des prisonnières politiques ont développé des maladies auto-immunes après leur détention, que les médecins ont attribuées à des interactions médicamenteuses.
Administration de médicaments psychoactifs
Des rapports indiquent également que les prisonniers politiques sont parfois contraints d’ingérer des drogues suspectes ou de recevoir des injections psychoactives. Parmi les victimes possibles de ces crimes figure Yalda Aghafazli, qui a tragiquement mis fin à ses jours dans des circonstances suspectes après sa libération.
Des codétenues suggèrent que certains de ces suicides ou morts suspectes après la libération résultent des effets de substances radioactives ou d’injections de médicaments psychoactifs pendant la détention.
Syndrome de Dress et autres maladies auto-immunes
Le syndrome DRESS ( Drogue avec éosinophilie et symptômes systémiques) est l’une des maladies auto-immunes qui aurait été induite par des drogues suspectes dans les prisons iraniennes. Cette maladie auto-immune grave, déclenchée par certains médicaments, provoque une inflammation intense et est apparue chez les prisonniers comme un outil permettant d’affaiblir, voire de tuer, les opposants au régime iranien.
Décès suspects après la libération
Outre les maladies auto-immunes, des décès suspects ont été signalés après la libération de prisonniers. Le cas tragique de l’avocate Maryam Arvin, décédée dans des circonstances suspectes peu après sa libération, en est un exemple. Sa mère a révélé que les autorités pénitentiaires lui avaient administré une perfusion sous prétexte d’un sédatif, et sa mort a ensuite été attribuée à un empoisonnement médicamenteux.
De même, l’ancienne prisonnière politique Sara Tabrizi est décédée dans des circonstances suspectes, que le médecin légiste a attribuées à une « ingestion de pilules ». Quelques semaines avant sa mort, cette jeune femme de 20 ans avait subi une pression psychologique extrême de la part des agents de sécurité.
Une réponse internationale urgente s’impose
Le régime clérical iranien emploie des mesures impitoyables, notamment des suicides forcés, des maladies provoquées et des assassinats, pour affaiblir et éliminer les dissidents politiques. Les prisonniers politiques comptent parmi les victimes les plus vulnérables de ces pratiques brutales. La communauté internationale doit agir rapidement pour condamner et isoler davantage ce régime illégitime, en reconnaissant la lutte du peuple iranien pour la liberté et en soutenant les prisonniers politiques et les manifestants.
Source: CNRI Femmes
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