Le système de l’éducation iranienne est aux prises avec une crise profonde, comme le révèlent les récentes déclarations et rapports de responsables et d’experts. Selon Rezvan Hakimzadeh, adjoint à l’enseignement primaire au ministère de l’Éducation, 40 % des élèves iraniens sont confrontés à des difficultés d’apprentissage qui réduisent considérablement leurs chances de réussite scolaire et professionnelle. Cette statistique alarmante, affirme Hakimzadeh, est en contradiction avec les principes de justice éducative et de distribution équitable des opportunités d’apprentissage.
La pauvreté éducative : Un obstacle fondamental
Dans une interview accordée à l’agence de presse Tasnim, Mme Hakimzadeh a décrit la « pauvreté éducative » comme une situation dans laquelle les élèves, bien que scolarisés, ne parviennent pas à acquérir les compétences essentielles en matière d’alphabétisation, telles que la lecture, l’écriture, l’arithmétique et la communication efficace. Elle a souligné que l’enseignement primaire jette les bases de la réussite scolaire future, notant que les élèves qui maîtrisent l’alphabétisation de base au cours des trois premières années obtiennent de meilleurs résultats scolaires par la suite. Cependant, de nombreux élèves, en particulier ceux des régions défavorisées et bilingues, ont du mal à acquérir ces compétences fondamentales, ce qui freine leur progression scolaire.
Une tendance plus large au déclin de l’éducation
Ce n’est pas la première fois que l’on met en garde contre la baisse des résultats scolaires en Iran. Gholamali Afrooz, professeur à l’université de Téhéran, a récemment indiqué que seuls 70 % des élèves qui entrent à l’école primaire parviennent à obtenir leur diplôme de fin d’études secondaires. Les 30 % restants n’obtiennent pas de diplôme et sont contraints d’entrer prématurément sur le marché du travail.
En outre, le journal Ham Mihan a souligné les conditions particulièrement difficiles dans des provinces comme le Sistan-Balouchistan, où jusqu’à 25 % des élèves de sixième et de septième année sont analphabètes. Mohsen Zarei, directeur du Centre de mesure et d’évaluation de la qualité de l’éducation, a révélé que la moyenne des notes obtenues par les élèves du secondaire dans les matières principales telles que les mathématiques, la physique et les sciences humaines est de 10,89 sur 20.
Des infrastructures déficientes et des classes surchargées
La crise de l’éducation est exacerbée par l’insuffisance des infrastructures. Le ministre de l’éducation, Alireza Kazemi, a récemment reconnu que les écoles publiques iraniennes étaient confrontées à des contraintes de capacité, la taille des classes atteignant 35 ou 40 élèves en raison du développement insuffisant des installations scolaires. Cette surpopulation a un impact direct sur la qualité de l’enseignement.
M. Kazemi a également révélé que 4 000 écoles sont hébergées dans des chalets de fortune en pierre et que 1 700 fonctionnent dans des caravanes. Dans certaines régions, l’espace éducatif par élève est inférieur à trois mètres carrés, bien en deçà de la norme mondiale de cinq mètres carrés. Par ailleurs, plus de 70 000 salles de classe doivent être rénovées d’urgence et 30 000 doivent être entièrement reconstruites.
Le rôle oublié de l’urbanisme
La mauvaise planification urbaine a aggravé la crise. Dans les provinces densément peuplées comme Téhéran, Alborz et Razavi Khorasan, la construction rapide et non réglementée a ignoré les besoins en matière d’éducation. Par exemple, l’article 18 de la loi sur le conseil de l’éducation impose la création d’une école de 12 classes pour 200 unités résidentielles, mais cette loi n’a pas été respectée dans de nombreux projets immobiliers de Mehr.
La province de Semnan offre un exemple frappant : malgré la construction de 20 000 unités résidentielles, le manque d’écoles est palpable, 30 % des écoles existantes étant jugées impropres à l’utilisation.
L’augmentation du coût de l’éducation
La charge financière qui pèse sur les familles a également augmenté de façon spectaculaire. Alors que le coût moyen des fournitures scolaires (à l’exclusion des livres et des uniformes) était auparavant d’environ 2 millions de tomans par enfant, l’inflation galopante a rendu ces coûts intenables. Aujourd’hui, l’achat de 10 cahiers peut coûter 1 million de tomans. De nombreuses familles n’ont même plus les moyens d’acheter un mois de fournitures scolaires, sans parler d’une année entière.
Un contraste saisissant avec les pays développés
Les lacunes de l’Iran en matière d’éducation contrastent fortement avec les normes mondiales. Dans des pays comme la Finlande, l’espace éducatif par habitant atteint 12 mètres carrés par élève, et les écoles sont équipées de technologies modernes telles que des tableaux intelligents, des tablettes éducatives et l’internet à haut débit. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), 90 % des écoles de ces pays bénéficient de ressources numériques et d’un accès fiable à l’internet.
En Iran, cependant, plus de 40 % des élèves des zones rurales ne disposent pas d’équipements de base tels que des ordinateurs ou un accès à l’internet. Les bibliothèques et les laboratoires scientifiques sont rares et souvent sous-utilisés, ce qui compromet encore plus la capacité des étudiants à être compétitifs dans un monde globalisé.
Services de psychologie et de conseil : Une autre lacune
Au-delà des infrastructures et des ressources, les écoles iraniennes ne disposent pas de services psychologiques et de conseil suffisants pour s’occuper de la santé mentale et du bien-être émotionnel des élèves. Cette négligence est le reflet d’une incapacité systémique plus large à investir dans l’avenir et à répondre aux besoins globaux des élèves.
Un appel à l’action
La crise actuelle de l’éducation en Iran exige une action immédiate et soutenue. Qu’il s’agisse de remédier aux insuffisances des infrastructures, d’appliquer les lois sur l’urbanisme, d’améliorer la qualité de l’enseignement ou de fournir un accès équitable aux ressources, il est urgent de procéder à des réformes. En l’absence d’investissements significatifs et de changements politiques, l’avenir de millions d’étudiants iraniens – et du pays lui-même – reste menacé.
Source : INU/CSDHI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire