dimanche 24 novembre 2024

Iran : 20 000 personnes manifestent à Qazvin contre le scandale de fraude Rezayat Khodro

 Le 23 novembre, une importante manifestation a éclaté à Qazvin, attirant plus de 20 000 investisseurs escroqués de la société « Rezayat Khodro Taravat Novin ». La société, qui détiendrait des investissements de 40 000 personnes dans 13 provinces, a fait face à de nombreuses accusations de fraude, avec 28 000 plaintes officielles déposées contre elle.

Le principal accusé de la société, Mohammad Reza Ghaffari, un membre connu des pasdaran (CGRI), est accusé d’avoir détourné des fonds de clients qui avaient payé pour des véhicules qui n’ont jamais été livrés. Ghaffari a mis à profit ses relations avec des personnalités influentes, notamment des députés, des responsables judiciaires et des religieux, pour se protéger et retarder les poursuites judiciaires.

Selon le juge Abdolkarim Kalhor, qui préside l’affaire, le dossier comprend 100 volumes de preuves, avec des actifs tels que des usines, des entrepôts frigorifiques, des véhicules et des propriétés résidentielles à Qazvin, Takestan et Téhéran identifiés et saisis.

« Les actifs identifiés seront bientôt vendus aux enchères et les recettes seront distribuées aux investisseurs une fois les évaluations terminées », a déclaré Kalhor. Il a ajouté que des efforts sont en cours pour localiser d’autres propriétés à l’étranger liées à l’affaire.

La première audience publique de l’affaire a eu lieu au Département des dotations et des affaires caritatives de Qazvin. Simultanément, les investisseurs se sont rassemblés à l’extérieur, exigeant une action rapide. Leurs chants « Nos tables sont vides – plus de promesses creuses ! » ont souligné l’urgence de leur situation financière.

Les forces de sécurité, y compris des unités spéciales anti-émeutes, ont été dépêchées sur place, reflétant l’inquiétude des autorités face à l’ampleur et à l’intensité des troubles. Si la manifestation s’est déroulée dans le calme, les manifestations précédentes liées à cette affaire à Téhéran ont été entachées d’affrontements avec les forces de sécurité, qui ont entraîné des arrestations et des blessés.

L’ampleur financière du scandale est stupéfiante :

Plus de 20 785 personnes ont investi environ 30 000 milliards de tomans dans des montants inférieurs à 250 millions de tomans.
9 127 investisseurs supplémentaires ont contribué entre 250 et 500 millions de tomans, pour un total de 30 000 milliards de tomans supplémentaires.
Plus de 1 553 personnes ont investi des sommes supérieures à 1 milliard de tomans, ce qui représente un total de 40 000 milliards de tomans.
Le total des investissements s’élève à plus de 100 000 milliards de tomans, ce qui représente des économies pour de nombreuses familles.

Cette affaire est emblématique de la corruption économique généralisée en Iran, souvent liée à des fonctionnaires et des institutions de haut rang. L’affiliation de Ghaffari au CGRI et le soutien présumé de ses opérations par les organes de sécurité et judiciaires mettent en évidence des problèmes systémiques.

Les manifestations reflètent également la frustration croissante face à l’exploitation financière en Iran, où les citoyens sont confrontés à des disparités et inégalités économiques croissantes. Des incidents similaires, comme la répression des investisseurs escroqués à Téhéran, ont souligné le recours du gouvernement à la répression pour réprimer la dissidence plutôt que de s’attaquer aux causes profondes.

Au fil des ans, le système judiciaire iranien a présenté des procès pour corruption très médiatisés, mais la responsabilité systémique reste absente. La fraude de Rezayat Khodro est le dernier d’une série de scandales qui révèlent l’incapacité du régime à lutter contre les malversations financières.

Historiquement, les procès comme ceux de Babak Zanjani et Akbar Tabari ont fait les gros titres mais ont rarement donné lieu à des changements significatifs. Zanjani, reconnu coupable d’avoir détourné des milliards de dollars, a été condamné à mort, mais beaucoup soupçonnent que le procès a protégé des fonctionnaires de haut rang impliqués dans des stratagèmes similaires. De même, Tabari, autrefois une personnalité judiciaire de premier plan, a été condamné à 31 ans de prison pour corruption, mais les lanceurs d’alerte affirment que son cas était un effort isolé pour trouver un bouc émissaire.

L’affaire Rezayat Khodro est emblématique d’une crise plus vaste dans laquelle des organisations affiliées à l’État, comme le CGRI, exploitent les ressources publiques sans faire l’objet d’une surveillance suffisante. Cette corruption non seulement érode la confiance, mais a également de profondes répercussions économiques, exacerbant la pauvreté et les inégalités. Le rapport 2019 de Transparency International a classé l’Iran au 147e rang sur 180 pays, soulignant sa corruption systémique.

Akbar Tabari, ancien haut fonctionnaire du système judiciaire, a été condamné en 2020 à 31 ans de prison pour avoir dirigé un réseau de corruption. Malgré la gravité de ses crimes, il a été libéré en juin 2023 après avoir purgé moins de trois ans de prison, après avoir versé une caution de 3 000 milliards de rials (environ 6 millions de dollars).

De même, Babak Zanjani, un homme d’affaires milliardaire condamné en 2016 pour avoir détourné plus de 2,7 milliards d’euros, a été initialement condamné à mort. En avril 2024, sa peine a été commuée en 20 ans de prison après qu’il a restitué environ 2,1 milliards de dollars d’actifs.

Ces derniers mois, les médias d’État ont spéculé sur la possibilité que Babak Zanjani soit libéré grâce à une grâce spéciale du guide suprême Ali Khamenei. Cependant, l’issue de ces spéculations reste incertaine.

Source: NCRI 

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