Lors d’un entretien avec UN News, Mme Sato, qui a pris ses fonctions en août, a souligné ses principales préoccupations : l’augmentation des exécutions, l’aggravation du traitement des femmes et le manque de transparence des opérations du gouvernement iranien. Ces problèmes pèsent lourdement sur le bilan déjà fragile de l’État en matière de droits humains.
Un paysage sombre en matière de droits humains
Revenant sur les 3 premiers mois de son mandat, Mme Sato a souligné les principaux sujets de préoccupation :
- Rétrécissement de l’espace civique : Les violations des libertés d’expression et de réunion se sont intensifiées, les militants de la société civile, les journalistes et les défenseurs étant pris pour cible en raison de leur travail. Nombre d’entre eux sont détenus et se voient refuser tout traitement médical après leur incarcération.
- Escalade des exécutions : Ces derniers mois ont été marqués par une recrudescence des exécutions, avec au moins 93 en août et plus de 140 en octobre. Une part importante de ces exécutions est liée à la drogue, malgré la réforme de la législation sur les stupéfiants de 2017 qui a permis de réduire le nombre d’exécutions.
- Détérioration des droits des femmes : Le « projet de loi sur la chasteté et le hijab » adopté par le Conseil des gardiens prévoit des sanctions plus sévères en cas de non-respect du hijab, limitant encore davantage les libertés des femmes à la suite du mouvement « Femmes, vie, liberté ».
Les défis de la transparence et de l’engagement
Le manque de transparence du gouvernement iranien constitue un obstacle majeur au travail de Mme Sato. Bien que Téhéran ait fait preuve d’une certaine volonté d’engagement, l’absence de données officielles complique toute évaluation significative des progrès réalisés en matière de droits humains.
Mme Sato a souligné le rôle essentiel des organisations de la société civile iranienne, qui ont de bonnes relations et contribuent à fournir des données crédibles. « Elles sont essentielles pour permettre aux victimes de s’exprimer et de dire la vérité au pouvoir », a-t-elle déclaré, ajoutant que leurs contributions seront au cœur de ses rapports.
L’augmentation du recours à la peine de mort
Mme Sato s’est déclarée profondément préoccupée par la récente augmentation des exécutions, en particulier pour des délits liés à la drogue. Malgré les réformes de 2017 qui ont temporairement réduit le nombre d’exécutions liées à la drogue, les chiffres sont repartis à la hausse. « Sans données officielles sur les condamnations à mort prononcées, il est difficile de comprendre les causes sous-jacentes de cette augmentation », a-t-elle noté.
Les droits des femmes menacés
L’adoption par l’Iran du projet de loi sur la chasteté et le hijab intensifie les restrictions imposées aux femmes. Cette loi impose le port obligatoire du hijab et prévoit des sanctions plus sévères en cas de violation. Mme Sato a fait part de son inquiétude, indiquant que ce projet de loi constituait un pas en arrière pour les droits des femmes. Elle s’est engagée à suivre de près sa mise en œuvre et son impact sur la société.
Équilibrer l’espoir et le réalisme
Pour Mme Sato, le succès de sa mission dépend en grande partie de la coopération du gouvernement iranien et de la société civile. Historiquement, l’Iran a refusé l’accès aux rapporteurs de l’ONU depuis que le mandat a été rétabli en 2007, ce qui représente un défi de taille.
« Je suis convaincue de pouvoir comprendre et refléter les points de vue de la société civile iranienne », a-t-elle fait remarquer. Toutefois, elle reste prudente quant au niveau d’engagement qu’elle peut attendre de l’État.
Un appel à la justice
Alors que Mme Sato poursuit son mandat, son travail met en lumière le besoin urgent d’une attention mondiale à la crise des droits de l’homme en Iran. Avec la répression croissante, l’augmentation des exécutions et le recul des libertés civiques, la situation exige non seulement une surveillance internationale, mais aussi une action décisive pour que Téhéran rende des comptes.
Source : INU/CSDHI
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