Une forte hausse des prix des denrées alimentaires a illustré la crise. Le 16 novembre, l’agence de presse officielle iranienne a confirmé une augmentation de 25 % des prix du pain dans la province de Semnan. Le pain Lavash subventionné coûte désormais 6 250 rials, contre 2 500 rials en 2021, tandis que le pain Barabari est passé de 7 500 rials à 18 750 rials au cours de la même période, soit une augmentation stupéfiante de plus de 100 % en trois ans. De même, à Mashhad, le prix des tomates a bondi de 400 % en seulement trois semaines, atteignant 18 000 tomans le kilo.
Face à ces hausses de prix, les familles se tournent de plus en plus vers les achats à tempérament pour répondre à leurs besoins de base. Un rapport du 17 novembre de Ham-Mihan a souligné une augmentation du recours aux plateformes de crédit, avec une augmentation de 200 % des petits prêts pour les achats de nourriture. Les familles achètent des produits de première nécessité comme la viande, les produits laitiers et la volaille à crédit, tandis que les plans de paiement échelonnés s’étendent désormais à des services tels que les procédures esthétiques et dentaires, annoncés avec des options de remboursement sur 12 mois. La sociologue Somayeh Tohidloo a prévenu que cette tendance « ronge l’avenir », enferme les familles dans un cycle d’endettement perpétuel et aggrave la pauvreté systémique.
La dépendance croissante au crédit reflète les pressions insoutenables qui pèsent sur les ménages. Le salaire mensuel minimum d’un travailleur avec une famille est de 11 millions de tomans, bien en deçà des 37 millions de tomans estimés nécessaires aux dépenses de base. L’économiste affilié à l’État Farshad Momeni a averti que les politiques budgétaires actuelles du gouvernement rendraient la situation « encore plus dangereuse et inquiétante » l’année prochaine.
Un rapport récent du Centre de recherche du Parlement iranien a décrit l’inflation comme un « cancer » qui érode l’économie et alimente l’activité spéculative, la fuite des capitaux et le chômage. Les données du centre ont révélé que le nombre d’Iraniens vivant sous le seuil de pauvreté alimentaire est passé de 18 millions en 2016 à plus de 32 millions en 2021. Les experts suggèrent que le chiffre réel aujourd’hui pourrait être nettement plus élevé. Ces chocs inflationnistes ont poussé de nombreuses familles à réduire leur consommation ou à recourir à des prêts pour couvrir leurs besoins de base, mettant encore plus à rude épreuve leur stabilité économique déjà fragile.
Alors que des millions d’Iraniens sont confrontés à ces difficultés, le régime a canalisé des milliards de dollars pour financer des groupes militants régionaux et des guerres par procuration. Au cours des deux dernières décennies, des ressources massives ont été allouées à des organisations comme le Hezbollah au Liban et diverses milices en Syrie et en Irak, laissant l’économie nationale iranienne en ruine. Un rapport récent a détaillé que, pendant la seule guerre civile syrienne, le guide suprême Ali Khamenei a dépensé plus de 50 milliards de dollars pour soutenir le régime de Bachar al-Assad, privilégiant les ambitions géopolitiques au détriment du bien-être des citoyens iraniens.
Les graves conséquences économiques et sociales de l’inflation deviennent de plus en plus visibles. Alors que la crise de la pauvreté s’aggrave et que le niveau de vie se détériore, l’accent mis par le régime sur les jeux de pouvoir régionaux continue d’aggraver le mécontentement national. Les familles iraniennes, accablées par la hausse des coûts et les inégalités systémiques, se retrouvent dans une situation de plus en plus intenable, prises entre les feux croisés de politiques ratées et de priorités malavisées.
Source: CNRI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire