mercredi 27 novembre 2024

La violence à l’égard des femmes dans le système juridique iranien

 À l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes : La situation catastrophique des femmes en Iran

 Alors que le monde entier célèbre la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, l’attention se tourne vers l’Iran, où la violence systémique et étatique à l’égard des femmes met en évidence une crise profondément enracinée. L’exécution de Fariba Maleki Shiravand, une femme de 36 ans pendue le dimanche 24 novembre 2024 à la prison de Parsilon, à Khorramabad, illustre parfaitement cette réalité. Arrêtée il y a quatre ans, son histoire est l’une des nombreuses qui n’ont pas été rapportées par les médias d’État iraniens. Tragiquement, pour la seule année 2024, 20 femmes ont été exécutées en Iran, leurs vies et leurs aspirations ayant été anéanties sans préavis.

Violence à l’égard des femmes, systémique et institutionnalisée

La violence à l’égard des femmes en Iran est à la fois institutionnalisée et profondément ancrée dans le cadre juridique du pays. La constitution et d’autres lois subordonnées font des femmes des citoyennes de seconde zone, accordant aux hommes une autorité considérable sur leur vie. Les femmes sont systématiquement exclues de nombreuses professions et fonctions publiques, tandis que le système juridique consacre leur statut de propriété des hommes de leur famille, qu’il s’agisse de leur père, de leur mari ou, en leur absence, de leur frère.

L’application de « codes moraux » par le régime exacerbe encore cette violence. Des gardiens de la morale autoproclamés, habilités par l’État, s’immiscent dans la vie personnelle et sociale des femmes. Ils contrôlent les codes vestimentaires, émettent des avertissements et, dans des cas extrêmes, livrent les femmes aux forces de sécurité pour des infractions mineures, telles qu’un « hijab inapproprié ». Ce pouvoir incontrôlé n’a pas d’équivalent dans d’autres parties du monde.

Racines historiques de l’oppression

Dès sa création, le régime iranien a imposé des contrôles stricts aux femmes, cherchant à dominer tous les aspects de leur vie. Le hijab obligatoire, introduit peu après la révolution de 1979, est devenu un symbole du contrôle de l’État sur l’autonomie des femmes. Cette politique a ouvert la voie à des pratiques brutales telles que les attaques à l’acide, les agressions physiques et les meurtres de femmes accusées d’« immodestie ».

L’oppression et la violence à l’égard des femmes par le régime va toutefois bien au-delà de l’application de codes vestimentaires. Les femmes iraniennes subissent un large éventail de violences – psychologiques, économiques, sexuelles et physiques – toutes légitimées par des doctrines religieuses et culturelles. Ces formes de violence dépassent toutes les frontières sociales, économiques et éducatives, garantissant qu’aucun groupe de femmes n’est épargné.

En Iran, les femmes subissent un large éventail de violences – psychologiques, économiques, sexuelles et physiques – toutes légitimées par des doctrines religieuses et culturelles.

Les exécutions massives de femmes dans les années 1980 constituent l’un des chapitres les plus sombres de cette oppression systémique. Des milliers de femmes, dont beaucoup étaient membres ou sympathisantes de l’Organisation des moudjahidines du peuple iranien (OMPI), ont été emprisonnées, torturées et finalement exécutées en raison de leurs convictions politiques. L’été 1988 a été marqué par un massacre particulièrement horrible, au cours duquel des milliers de prisonniers politiques, dont de nombreuses femmes, ont été systématiquement assassinés. Les partisanes de l’OMPI ont été particulièrement visées, et seules quelques-unes ont survécu à ce génocide.

Ces femmes ont enduré des souffrances inimaginables avant leur exécution. Nombre d’entre elles ont été soumises à des tortures physiques et psychologiques brutales visant à briser leur moral et à les contraindre à renoncer à leurs convictions. Malgré cela, d’innombrables femmes ont tenu bon, préférant la mort à la soumission. Leur courage témoigne de leur engagement inébranlable en faveur de la liberté et de la justice.

Cette violence à l’égard des femmes persiste aujourd’hui, le régime poursuivant sa campagne de répression. Les femmes sont harcelées, emprisonnées, voire tuées pour avoir revendiqué des droits fondamentaux ou défié des lois oppressives. L’oppression systématique des femmes en Iran n’est pas simplement une série d’incidents isolés, mais une guerre menée par l’État contre la moitié de sa population. Du hijab obligatoire aux exécutions de masse en passant par la violence permanente, le régime iranien a cherché à effacer l’action et l’indépendance des femmes, ce qui rend leur résistance d’autant plus remarquable.

L’oppression systématique des femmes en Iran n’est pas une simple série d’incidents isolés, mais une guerre menée par l’État contre la moitié de sa population.

La violence comme outil de contrôle

Le régime iranien considère la violence à l’égard des femmes comme un moyen de maintenir son pouvoir. Par la peur et la répression, l’État cherche à étouffer la dissidence et à faire taire les voix de ceux qui prônent le changement. Des peines telles que la flagellation, la lapidation et même l’aveuglement ont été codifiées dans la loi.

L’Iran reste le seul pays où des milliers de femmes ont été exécutées ou tuées sous la torture pour s’être opposées au régime. Selon les statistiques officielles, 66 % des femmes iraniennes sont victimes de violences à un moment ou à un autre de leur vie, un chiffre deux fois supérieur à la moyenne mondiale. Ces chiffres, rapportés par les agences de presse du régime, sous-estiment la triste réalité à laquelle sont confrontées les femmes iraniennes.

Violence domestique et mariages d’enfants

Les statistiques officielles révèlent qu’en un an seulement, plus de 77500 cas de violence domestique ont été documentés, dont 96,7% de femmes. Le régime ne fait pas que retarder l’adoption de lois pour prévenir la violence à l’égard des femmes, mais il fait aussi activement obstacle à ces efforts. Par exemple, un projet de loi sur la violence à l’égard des femmes est bloqué dans le système judiciaire iranien depuis plus de huit ans, et des parties importantes de la proposition ont été supprimées ou réécrites.

Une autre forme de violence omniprésente est le mariage d’enfants forcé. En 2023 seulement, plus de 100000 cas de mariage d’enfants ont été signalés, des filles aussi jeunes que 10 ans ayant été forcées à se marier. Ces pratiques privent les jeunes filles de leur avenir et perpétuent des cycles de violence.

Le rôle des femmes dans la résistance

Depuis le début du soulèvement national, le 16 septembre 2022, le régime iranien a brutalement assassiné de nombreuses femmes et filles courageuses simplement pour leur dissidence et leur désir de liberté. Parmi ceux-ci, on compte Esra Panahi, Nasim Sedaghi, Ghazaleh Chalavi, Mahdis Hosseini, Parmis Hamnava, Marzieh Doshman-Ziyari, Roshana Ahmadi, Helen Ahmadi, Diana Mahmoudi, Nika Shakarami, Setareh Tajik, Arnika Ghaem-Maghami, Negin Salehi, Sadaf Mohaedi, Behnaz Afshari, Parisa Bahmani, Nasrin Ghaderi, Yalda Aghafazli, Mona Naghib, Elaheh Saeedi, Sarina Saeedi, Pegah Ghovasieh, Maria Ghovasieh, Samaneh Niknam, Shirin Alizadeh, Maedeh Javanfar, Hasti Narouei, Mahsa Moghui, Farzaneh Kazemi, Hadis Najafi, Sarina Esmailzadeh, Darya (Marzieh) Nazmdeh, Somayeh Mahmoudinejad, Minou Majidi, Aynaz Javaheri, Sarina Shiri, Maryam Ghovasi, Kobra Sheikh-Saqa, Fereshteh Ahmadi, Hananeh Kia, Hedieh Naeimani, Negin Abmaldolki, Nahid Mostafapour, Hanieh Moradi et bien d’autres. Beaucoup d’entre eux étaient dans la fleur de l’âge, certains enfants et certaines mères. Ils ont tous été pris par des morts violentes et injustes.

Ce n’est qu’un aperçu de la violence massive infligée aux femmes et aux filles iraniennes en seulement 70 jours pendant le soulèvement de 2022. Alors que la mort tragique de trois sœurs en République dominicaine a incité le monde à agir contre la violence faite aux femmes, en Iran, les femmes sont victimes de cette violence tous les jours. La liste des femmes et des filles martyrisées dans les prisons ou sur le champ de bataille de la résistance contre ce régime compte des dizaines de milliers de noms.

La solidarité mondiale est urgente

Alors que le monde célèbre la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, la situation critique des femmes iraniennes exige une attention urgente. Leur lutte quotidienne contre la violence systémique témoigne de leur résilience et de leur courage. La communauté internationale doit faire entendre sa voix, tenir le régime iranien responsable et pousser à l’adoption de mesures pour mettre fin aux violences perpétrées contre les femmes par l’État.

Chaque femme exécutée, agressée ou réduite au silence est un rappel de l’engagement mondial nécessaire pour parvenir à un monde sans violence contre les femmes. Les histoires des femmes iraniennes, marquées par le courage, la souffrance et l’espoir, ne doivent pas passer inaperçues.

Source : Iran HRM/CSDHI 

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