Démissions de travailleurs et amendes
Selon un journal de Téhéran, environ 700 des 2 000 employés de la mine de Madanjo ont démissionné depuis l’accident. Les travailleurs du bloc B qui ont refusé de reprendre le travail le 23 septembre auraient été condamnés à une amende, ce qui souligne la priorité accordée par la mine à la production plutôt qu’à la sécurité. Les promesses d’une modeste augmentation de salaire de trois millions de toman par mois n’ont toujours pas été tenues, ce qui pèse encore plus sur le moral de la main-d’œuvre.
Dans une interview accordée au journal Ham Mihan, un ancien ouvrier a décrit les changements brutaux survenus dans les opérations de la mine : « Les grands ateliers qui comptaient autrefois 200 personnes n’en comptent plus que six ou sept. Ceux qui restent se demandent tous les jours s’ils doivent rester ou partir ».
Détérioration des conditions de travail
Un travailleur démissionnaire a évoqué le risque constant auquel sont confrontés les mineurs, expliquant qu’ils priaient souvent avant chaque quart de travail, craignant de ne pas revenir. Avant la catastrophe, deux mineurs creusaient cinq mètres toutes les six heures. Aujourd’hui, même avec une équipe de 12 heures, les mineurs survivants luttent pour maintenir le même rythme en raison de l’épuisement physique et émotionnel.
Les promesses des propriétaires de mines et des autorités d’améliorer la sécurité et l’équipement n’ont pas été tenues. Un mineur a fait remarquer : « Rien n’a changé en termes de sécurité, mais on nous donne maintenant un masque par équipe, ce qui n’était pas le cas auparavant. »
Un témoin de la nuit tragique a décrit comment le contremaître avait prévenu que l’équipe était dangereuse et avait déconseillé d’y entrer. Malgré ces inquiétudes, le contremaître s’est senti obligé de montrer l’exemple en déclarant : « Si moi, en tant que contremaître, je n’y vais pas, comment puis-je demander aux autres d’y aller ? Tragiquement, sa détermination à soutenir son équipe les a conduits tous ensemble au danger.
Aucune amélioration de la sécurité
Le 25 octobre, l’agence de presse ILNA a indiqué que les opérations minières avaient repris sans que les mesures de sécurité n’aient été modifiées de manière significative. Les capteurs centraux, les systèmes de surveillance et la ventilation adéquate ne fonctionnent toujours pas, ce qui laisse planer le risque d’un nouvel accident mortel.
Conséquences pour la santé des survivants
Les effets à long terme sur la santé des survivants sont désastreux. Le journal Shargh a rapporté le 31 octobre que les mineurs touchés par la catastrophe de Tabas souffrent désormais de graves problèmes respiratoires et pulmonaires. De nombreux jeunes survivants souffrent de maux de tête fréquents et sont incapables d’effectuer des tâches élémentaires telles que la conduite. Après plus d’un mois, certains d’entre eux sont toujours inconscients et souffrent de troubles de la mémoire.
Impact sur les familles des victimes
Cette tragédie a plongé les familles dans le deuil et les difficultés financières, car beaucoup ont perdu leur principal soutien de famille. Cependant, les responsables de la mine ont fait preuve de peu d’empathie et de responsabilité. Plutôt que de s’attaquer aux causes profondes de la catastrophe, ils ont exhorté les travailleurs à reprendre leurs activités. Lorsque les employés ont fait part de leurs inquiétudes, les autorités ont brièvement fermé la mine et ont conseillé aux travailleurs de chercher à obtenir une pension par le biais de l’assurance du travail.
Cette soi-disant « solution » a placé les mineurs dans une situation difficile, les obligeant à choisir entre un travail dangereux et la ruine financière. Même si l’assurance chômage était accordée, elle couvrirait moins de la moitié du salaire antérieur des mineurs, ce qui est bien inférieur au seuil de pauvreté.
Propriété et responsabilité des entreprises
La mine de Madanjo est une filiale de la Gol Gohar Mining and Industrial Company, un holding économique affilié à la Sepah Bank. La banque elle-même appartient à la Fondation Mostazafan, une entité majeure gérée sous le contrôle du guide suprême du régime, Ali Khamenei, et principalement dirigée par des responsables du Corps des gardiens de la révolution islamique (les pasdarans).
Selon des sources au sein du régime, plusieurs autres mines en Iran fonctionnent dans des conditions « des centaines de fois pires » que la mine de Tabas. Entre 2017 et 2021, près de 8 000 accidents miniers ont été signalés, soulignant l’absence de surveillance efficace et de mesures de sécurité pour les travailleurs dans l’ensemble de l’industrie.
Un appel à la réforme
La catastrophe de la mine de Tabas nous rappelle brutalement les dangers auxquels les mineurs iraniens sont confrontés quotidiennement. Si les promesses de changement sont fréquentes, les mesures concrètes visant à protéger les mineurs restent difficiles à mettre en œuvre. La prise en compte des risques liés à ces lieux de travail et la garantie d’un soutien adéquat aux victimes et à leurs familles doivent constituer une priorité pour toutes les parties concernées. Seule une véritable réforme permettra d’éviter de nouvelles tragédies et de préserver la dignité des mineurs iraniens qui travaillent dur.
Source : INU/CSDHI
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