Un regard sur la tendance croissante au suicide en Iran. La tendance croissante des Iraniens à se suicider parmi les différentes classes sociales, dont les suicides collectifs, commis par des personnes de tous âges, s’est transformée en une catastrophe humanitaire.
Les victimes de la plupart de ces suicides se trouvent dans les provinces défavorisées de l’ouest et du sud du pays, telles qu’Ilam, Kermanshah, Lorestan, Hamedan et Khouzistan. Les femmes et les jeunes, et même les enfants, sont devenus les victimes de ce phénomène atroce.
Selon le site Internet Khabar Online, « les taux de suicide en Iran augmentent de manière étonnante ».
« De 2011 à 2015, les taux de suicide ont augmenté de 66 % chez les femmes et de 71 % chez les hommes », a écrit Khabar Online.
« Depuis des années, les statistiques sur les taux de suicide ne sont pas diffusées sur les médias, car les organisations concernées refusent de les publier », ajoute le site.
Le rapport indique également que les taux de suicide sont également très élevés chez les jeunes.
Bien que les autorités compétentes ne publient pas de rapports précis sur les taux de suicide ou de décès, la propagation de cette catastrophe est telle que les responsables gouvernementaux appellent cela une « épidémie ».
Nos rapports indiquent que les taux de suicide actuels en Iran sont le résultat d’intenses problèmes socioéconomiques qui ont exercé une forte pression sur les Iraniens.
Selon un expert du régime iranien, le nombre croissant de tentatives de suicide chez les adolescents, les jeunes et les femmes provient du fait qu’ils veulent protester contre la situation actuelle qui a conduit la société vers la dépression, signifiant que c’est une forme de tollé général.
Il a également reconnu les nombreuses contradictions dans la société, qui ont conduit à une crise d'identité sociale.
En décembre dernier, le directeur du centre de recherche en sciences médicales de l’Université d’Iran a noté l’augmentation des auto-immolations en Iran, affirmant que « le nombre de personnes qui ont tenté de s’auto-immoler a augmenté ».
Hadi Ayazi, le sous-ministre de la santé, a quant à lui cité l’augmentation de la consommation de phosphure d’aluminium comme moyen de suicide.
« Le ministère a exhorté le pouvoir judiciaire à prendre des mesures de contrôle plus sérieuses pour l'achat de phosphure d'aluminium ».
Selon Ayazi, le ministère a également fourni un rapport sur l'épidémie des suicides, mais les détails du rapport n'ont pas été divulgués.
Ce qui a rendu ce phénomène plus catastrophique en Iran, c'est que le suicide n'est plus un problème personnel. Dans certains secteurs sociaux, en particulier parmi les couches à faible revenu, le suicide est devenu une tendance continue.
Le pont Chamran d’Ispahan s’est métamorphosé en lieu de cette tragédie, surnommé par les médias iraniens, « suicides en série ».
Le 15 août, l’agence de presse officielle ISNA a reconnu l’augmentation du suicide parmi les habitants d’Ispahan, affirmant que « plusieurs suicides ont été commis sur ce pont depuis un an ».
« Un commerçant qui possède un magasin près du pont, a déclaré à ISNA, sous couvert d’anonymat, que les habitants soupçonnent toutes les personnes qui se rendent sur le pont de vouloir se suicider », indique le rapport.
À l’occasion du 10 septembre, Journée mondiale de la prévention du suicide, Iran Human Rights Monitor a brièvement étudié les dimensions alarmantes des suicides parmi tous les secteurs sociaux en Iran.
La pauvreté et le chômage poussent les iraniens au suicide
Les principales causes de suicide en Iran sont la pauvreté et le chômage. Les rapports indiquent que 11 cas de suicide sur 15 sont dus à des raisons financières.
Les médias officiels déclarent également que les taux de suicide sont fortement affectés par les problèmes économiques.
Le 28 août, le site officiel Khabar Online a déclaré que les problèmes économiques étaient la principale raison de l'augmentation du nombre de suicides, affirmant que « les éléments qui ont aggravé le nombre de suicides ont augmenté ces dernières années, en particulier en 2017-2018 ».
« Le plus important d'entre eux est la condition de l'économie qui a laissé la société avec de graves anomalies ».
« En tant que tel, il faut s’attendre à un taux de suicide plus élevé et à des formes spéciales », a ajouté le site.
Le 12 septembre, un homme qui s’est immolé à l’extérieur de la municipalité de Téhéran, a été déclaré mort à l’hôpital Motahhari de Téhéran. C’est en effet une semaine avant sa mort que cet homme avait commis cet acte désespéré, après que son commerce ait été fermé par des agents de la municipalité du district 2 de Téhéran.
Le 4 septembre, les parents de deux enfants, Reza Sahrayi et Vida Rostami, se sont suicidés ensemble à cause du chômage et des difficultés financières à Ilam, dans l'ouest de l'Iran. Un de leurs enfants souffre notamment de diabète.
Le 7 septembre, un travailleur d'Oroumieh, au nord-ouest de l'Iran, s'est suicidé tôt le matin avant que ses enfants ne se réveillent.
Le matin du 27 février, le cadavre d'Ali Naghadi, un jeune employé de la compagnie de canne à sucre Haft Tappeh, a été retrouvé flottant sur un canal. On dit que Naghadi s'est suicidé à cause de ses dettes, l'entreprise ayant refusé de lui verser son salaire.
Les suicides des femmes montent en flèche
Selon des rapports officiels, plus de 3 300 femmes se seraient suicidées en Iran l’an dernier. Les nouveaux chiffres choquants sur les suicides en Iran ont été révélés pour la première fois par l’un des adjoints du ministère iranien des sports et de la jeunesse.
Compte tenu du manque de transparence du régime iranien et de l’incapacité des agences gouvernementales à enregistrer avec précision les données, les chiffres réels sont beaucoup plus élevés.
Mohammad Mehdi Tondgooyan, adjoint chargé des affaires de la jeunesse au ministère des sports et de la jeunesse, a annoncé le 19 août que le taux de suicide en Iran était estimé à 4 992 suicides au cours de l'année perse, se terminant en mars 2018.
Concernant les suicides des femmes, Tondgooyan a déclaré que « le taux de tentatives de suicide chez les femmes était d'environ deux tiers et un tiers chez les hommes », ce qui implique que près de 3 300 femmes se sont suicidées en Iran en une année, soit 9 femmes par jour.
Les femmes se suicident deux fois plus que les hommes, selon les médias officiels. De plus, 40 % de tous les suicides impliquent une auto-immolation. Actuellement, les femmes en Iran ont le plus grand nombre d'auto-immolations au Moyen-Orient. (le quotidien Jahan-e San’at - 17 janvier 2016).
Amir Mahmoud Harirchi, expert dans ce domaine, et interviewé par l'agence de presse officielle ILNA, a déclaré que « le suicide devient féminin » (Agence de presse ILNA, 27 octobre 2017).
Fréquence du suicide chez les jeunes
« En moyenne, le pays affiche un taux de suicide élevé dans deux tranches d’âge. Entre 25 et 34 ans, ainsi que parmi les plus de 35 ans. La plupart des suicides se produisent dans ces deux tranches d’âge, mais cela fait quelques années que des enfants de moins de 17 ans se suicident », a déclaré Mohammad Mehdi Tondgooyan. (Agence de presse officielle, Etemad Online - 20 août 2018)
« Selon les derniers chiffres, 212 enfants de moins de 17 ans se sont suicidés dans le pays », a-t-il ajouté.
Dans un cas choquant, un garçon de 12 ans s'est suicidé récemment en se pendant après que sa mère ait été forcée de vendre son vélo pour payer son loyer.
Au cours des cinq derniers mois seulement, 14 filles de moins de 18 ans se sont suicidées dans la province du Kurdistan en Iran et ont mis fin à leurs jours.
Dépression, troubles mentaux et suicide
L’Iran figure parmi les 10 premiers au monde en termes de dépression.
Le directeur du Bureau de gestion du rendement de l’Organisation de protection sociale a déclaré que les gens s’étaient suicidés en raison des conditions sociales critiques en Iran, ajoutant que la société « ne faisait pas de promesses » à cet égard.
« Notre pays souffre d’un faible niveau de satisfaction sociale, de bonheur et de confiance. La tristesse et un grand nombre de troubles mentaux dans une société montrent qu’il y a un manque de bonheur social. Dans de telles conditions, il n’est pas surprenant que cela ait des conséquences sociales, et le suicide en est une », a ajouté Mousavi Chalek.
Selon le porte-parole du ministère de la santé, en moyenne, 23,4 % de la population adulte du pays a souffert d’un trouble mental au cours d’une année. À Téhéran, ce taux était de 30,2 %, ce qui signifie que trois personnes sur trois souffrent de troubles mentaux. (Eghtesad News, 17 avril 2018)
Selon nos informations, un jeune homme qui s'est récemment suicidé a publié une vidéo de lui avant son suicide, disant qu'il en avait assez de la vie.
Source : Les droits de l’homme en Iran
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