Mohammad Mohaddessin, Président de la Commission des Affaires étrangères du CNRI
Les négociations nucléaires, l’accord nucléaire et les relations entre les pays européens d’une part et le régime théocratique d’autre part ont tous connu des hauts et des bas significatifs au cours de l’année dernière. Avec l’arrivée d’une nouvelle administration aux États-Unis, le régime a fait preuve d’optimisme en pensant que toutes les sanctions à son encontre seraient bientôt levées. Parallèlement, le régime a formulé des exigences que même ses alliés apparents ont jugées scandaleuses. Par exemple, le régime a exigé que toutes les sanctions soient levées immédiatement.
Lorsque Ebrahim Raïssi est devenu président, le régime a quitté les pourparlers. Toutefois, sous l’effet de l’escalade des pressions internationales, il a déclaré sa volonté de rejoindre les pourparlers de Vienne fin novembre.
La question est maintenant de savoir pourquoi le régime a recours à de telles manœuvres, et quels sont ses objectifs ?
M. Mohaddessin : En un mot, par ces manœuvres, le régime entend gagner du temps pour le développement d’armes nucléaires.
Pour un observateur extérieur, ces actions peuvent sembler sophistiquées. Mais il serait bon d’examiner la conjoncture actuelle du régime, car toutes les décisions relatives à la politique intérieure et extérieure sont directement liées à la situation dans laquelle il se trouve.
Nous pouvons commencer par nous demander pourquoi le Guide Suprême des mollahs, Ali Khamenei, a décidé de resserrer les rangs et d’investir Raïssi en tant que président, quelqu’un qui est connu internationalement comme un criminel et qui a été placé sous sanctions.
Le régime se trouve dans une impasse stratégique. Les soulèvements sociaux de 2017 et 2019 ont poussé le régime au bord du gouffre. C’est pourquoi Khamenei a été contraint de mettre un terme aux dissensions au sein du régime, pensant que resserrer les rangs l’aiderait à la fois à intensifier la répression pour empêcher de nouveaux soulèvements sociaux, mais aussi à ouvrir la voie au développement d’une arme nucléaire. L’obtention de la bombe est un instrument pour faire progresser son ingérence régionale, son terrorisme et son bellicisme. C’est dans ce contexte que depuis 2019, Khamenei cherche à consolider le pouvoir et à porter au pouvoir ce qu’il a décrit comme un « gouvernement Hezbollahi. »
Question : Quel est le message de la consolidation du pouvoir par le régime et de l’investiture de Raïssi tant au niveau national qu’international ?
M. Mohaddessin : Aux yeux de Khamenei, le peuple iranien représente la plus grande menace pour le régime. Ainsi, la sélection de Raïssi, qui est le meurtrier de militants de la principale opposition, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI) en 1988, ainsi que de manifestants en novembre 2019, est une déclaration de guerre contre le peuple iranien. D’une part, il veut répondre à tout soulèvement d’une main de fer, et d’autre part, resserrer les rangs en matière de politique étrangère afin de pouvoir obtenir une bombe atomique sans entrave et le plus rapidement possible.
Le régime considère la bombe comme la garantie de sa survie. Ainsi, Raïssi a deux mandats clés : la répression des soulèvements à l’intérieur de l’Iran et l’accélération des tentatives d’obtention d’une arme nucléaire.
Raïssi est connu internationalement comme un criminel. Mais son investiture en tant que président et la contraction des rangs du régime sont délibérées et calculées. Khamenei n’a pas le choix, il a préparé le terrain pour ce résultat au cours des deux années précédentes.
Question : Donc, quelque peu lié à notre première question, comment la politique nucléaire du régime peut-elle être articulée ? Et, quelles sont les options dont dispose la communauté internationale pour empêcher Téhéran d’obtenir la bombe ?
M. Mohaddessin : Si vous regardez les développements des 30 dernières années, vous verrez que le régime a, à chaque étape, eu recours à la tromperie et aux activités clandestines afin d’obtenir la bombe. N’oublions pas qu’au cours des 30 dernières années, le régime n’a volontairement déclaré aucun de ses sites nucléaires ou de ses activités clandestines, à moins qu’ils n’aient été exposés par la Résistance iranienne ou d’autres sources.
Ce n’est pas différent aujourd’hui. Le régime continue sur la même voie de la tromperie et n’a pas cessé une seconde son entreprise de fabrication de bombes. Malheureusement, les pays occidentaux ont toujours fait des concessions au régime, lui fournissant les ressources suffisantes – financières ou autres – pour poursuivre son programme.
Au moment où nous parlons, Khamenei n’a pas abandonné ses plans pour obtenir la bombe, et il ne le fera jamais.
Tout accord ou promesse de la part du régime concernant la réduction de ses activités nucléaires serait un mensonge éhonté. Un exemple très significatif du manque de transparence du régime est la découverte par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de particules d’uranium dans au moins trois sites nucléaires que le régime n’avait jamais déclarés à l’AIEA auparavant. De plus, le régime n’a donné l’autorisation de visiter les sites qu’après avoir eu l’occasion de détruire et de nettoyer les zones touchées.
Les déclarations de l’ancien chef de l’Organisation de l’énergie atomique du régime, Ali Akbar Salehi, le 22 janvier 2019, en sont un autre exemple. Il a essentiellement avoué qu’à la suite des affirmations du régime dans le cadre du Plan d’action global conjoint (JCPOA), Téhéran a littéralement utilisé Photoshop pour mentir sur le remplissage du cœur du réacteur à eau lourde d’Arak avec du ciment.
Aujourd’hui, le régime fait du dilatoire et, en raison de l’inaction du P5+1, il continue de violer les engagements pris dans le cadre du JCPOA afin d’accélérer son projet de fabrication de bombes. Ces mesures comprennent le lancement d’une nouvelle chaîne de centrifugeuses IR-6 et l’enrichissement de l’uranium jusqu’à une pureté de 20 %. Récemment, le nouveau directeur de l’Organisation de l’énergie atomique, Mohammad Eslami, a déclaré que le régime disposait désormais de plus de 120 kg d’uranium enrichi d’une pureté de 20 %. Il a également commencé à produire de l’uranium métal. Ce sont toutes des étapes pour le développement d’une arme nucléaire. Il est donc clair que, pour des raisons stratégiques, le régime poursuit son projet de fabrication de bombes et que les politiques passives et l’apaisement de l’Occident n’ont fait que permettre l’accélération du programme nucléaire des mollahs.
Comme l’a souligné la présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), Mme Maryam Radjavi, au lendemain de la signature du JCPOA, la seule option pour empêcher le régime théocratique d’obtenir une arme nucléaire est de réimposer les six résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et d’adopter une politique ferme et décisive contre le régime.
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